Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

Mois : février 2009

Informer c’est bien, concerter c’est mieux

Samedi matin sur le marché, une dame de Montchat que j’apprécie beaucoup me faisait part de sa satisfaction quant au lancement du Conseil de quartier : « après la présentation des projets pour le 3e qu’a réalisée le Maire lors de la réunion de lancement, nous sommes contents de cette concertation ». Je lui faisais remarquer qu’informer, ce n’est pas concerter, ce dont elle a bien volontiers convenu.

 

Nous étions présents avec quelques amis samedi matin, sur le marché de Montchat, pour échanger avec les habitants du quartier sur la mobilisation face à la crise et l’augmentation à contre courant des impôts locaux lyonnais*. Comme toujours, ce fut un moment agréable de discussion sur les questions locales ou nationales.

 

Informer, ce n’est donc pas concerter. Je dois dire, étant plutôt quelqu’un de pragmatique, que l’information, c’est déjà une exigence, et les collectivités publiques se tromperaient à croire qu’elles font déjà assez en la matière. Le besoin des habitants-citoyens reste important, à savoir une information concrète, honnête et qui arrive dans les temps, surtout quand elle les concerne directement. L’article du Progrès de dimanche dernier, sur la question du logement social à Villette Paul Bert, apporte une illustration de ce défaut d’information. Tant mieux donc si l’installation des conseils de quartier s’accompagne d’une revue des projets pour le 3e qui figurent dans le plan de mandat 2008-2014.

 

Pour autant, force est de constater qu’il n’y a toujours pas eu de concertation sur ce plan de mandat pour le 3e arrondissement, c’est-à-dire que l’on n’a pas donné, aux élus ou aux habitants, l’occasion de discuter le choix des projets d’investissement qui a été opéré. Un CICA consacré au plan de mandat avait été annoncé, pour être rapidement oublié ! Il n’y a même pas eu de présentation du plan de mandat en Conseil d’arrondissement (cela devrait être le cas dans le prochain journal municipal du 3e). Et pourtant, il aurait été intéressant de donner son avis sur les arbitrages conduisant à abandonner tel projet ou à privilégier tel autre. En effet, s’il est nécessaire de concerter pour savoir par exemple quels aménagements réaliser dans un espace vert, il m’apparaît également intéressant de concerter sur le choix des espaces verts qui doivent faire l’objet d’un aménagement entre 2008 et 2014 (c’est-à-dire de raisonner en termes de priorité).

 

Je ne résiste pas au rappel de la mention qui figurait à chaque page « quartier » du programme de Thierry Philip, dans le style « Vu à la télé » de votre paquet de lessive. Il était inscrit « Tous les projets seront soumis à concertation avant la définition du plan de mandat ». Si quelqu’un a été concerté sur les projets qui figurent dans le projet pour Lyon, qu’il lève le doigt ! Ah, marketing politique, que ne nous fais-tu pas faire ? J’invite toutes les personnes en possession de ce document à bien le garder. Il s’agit indiscutablement d’un collector !

 

Je rappelle aussi qu’en début du dernier mandat, l’équipe de l’ancien maire avait organisé dès octobre une réunion dans chaque quartier dans le cadre de l’élaboration du plan de mandat…

 

J’avais lancé ce blog en novembre dernier, de façon temporaire, pour couvrir et alimenter une période de débat sur le plan de mandat que j’attendais, naïvement, pour les trois mois à venir. Ce débat n’a pas eu lieu. Il devra donc se tenir au fil du temps, selon l’actualité des projets. J’ai donc décidé de poursuivre ce blog, non sans plaisir. Et je veux remercier ici tous les habitants qui m’ont encouragé à le faire, et ceux qui, par leurs commentaires publics ou privés, réagissent à mes papiers, et contribuent à l’enrichissement du débat sur le devenir de notre arrondissement.

 

Pierre Bérat

 

 

* Nous avons notamment diffuser le document du groupe municipal « Ensemble pour Lyon » qui rappelle aux Lyonnais que leurs impôts locaux vont augmenter de 6 % cette année, malgré les promesses électorales du Maire de Lyon ; une augmentation rendue nécessaire du fait du dérapage des dépenses de fonctionnement ces dernières années (+ 22,3 % en 8 ans pour les frais de personnel, + 16,5 % pour les autres dépenses de fonctionnement). Ou comment on peut réclamer dans les médias du pouvoir d’achat, tout en amputant celui des Lyonnais par les impôts locaux !

Malaise

Lors d’une récente visite sur le blog de Thierry Philip, à la recherche d’éléments sur le plan de mandat du 3e arrondissemement (sait-on jamais !), j’ai découvert deux posts traitant des relations entre politique et presse. C’est avec stupéfaction et un certain malaise que j’en ai pris connaissance.

 

Dans deux posts datés du 29 janvier et du 3 février, Thierry Philip traite ainsi de la relation entre presse et politique au niveau local, évoquant des « liaisons ambiguës ». Dans le premier, il revient sur l’épisode de l’estrade lors de la cérémonie des vœux de la Mairie du 3e, déplorant que la journaliste d’un grand quotidien local, négligeant son discours « consistant », se soit bornée à évoquer cet épisode. Dans le second, il dénonce le fait d’être qualifié de « Maire PS » dans les articles du même quotidien, une qualification « pénalisante » dont il serait seul l’objet.

 

C’est avec stupéfaction que j’ai pris connaissance de ces propos car ils me semblent déplacés. Quelques vérités méritent d’être soulignées.

 

Concernant « l’affaire de l’estrade », comme les lecteurs de ce blog l’auront compris, je dois d’abord préciser que je n’apprécie pas particulièrement un débat politique fait de ce type d’anecdotes. Pour autant, il faut bien constater que lors du mandat dernier, cette estrade était ouverte à tous les élus (je me souviens même y avoir vu des élus de gauche sans aucun lien avec l’arrondissement !). Je note aussi que dans le compte-rendu de la cérémonie des vœux, figurait aussi en bonne place une autre anecdote, tout à fait en faveur de l’équipe en place. Je suis enfin convaincu qu’il revient bien au journaliste d’apprécier la consistance des discours.

 

Stupéfaction encore concernant la qualification de « Maire PS ». Force est de reconnaître que cette qualification est très courante dans la presse. Contrairement à ce qu’écrit Thierry Philip, l’ancien maire était en général qualifié de Maire UMP. Pour ma part, je suis aussi en général qualifié de conseiller UMP dans les articles. Cette qualification par son parti politique est sans doute un peu réductrice. Mais il faut assumer son étiquette ! Visiblement, le Maire du 3e cherche à se construire un profil fédérateur large. J’aimerais lui suggérer, pour affirmer ce profil, de commencer par ne pas « gommer » systématiquement les élus d’opposition : cf. les photos sur le site de la Mairie du 3e habilement sélectionnées pour que n’apparaissent pas ces élus d’opposition, ou bien l’absence de citation de ces élus dans les comptes-rendus de manifestation, ou bien encore la non invitation de ces élus aux vœux du personnel alors que le communiqué de presse de cette cérémonie annonçait que l’ensemble du Conseil d’arrondissement allait présenter ses vœux…

 

Enfin, ma revue de presse de ces dernières semaines m’a permis de constater que les initiatives –nombreuses – de la Mairie du 3e arrondissement en matière de communication, avaient été très bien relayées par le quotidien « épinglé » par le Maire, avec photos à l’appui, même lorsque certains messages « people » avaient bien peu de rapport avec les compétences municipales.

 

Bref, rien qui ne témoigne d’un mauvais traitement par la presse. Ces prises de position, qui confirment certains échos récurrents, sont ainsi étonnantes et laissent un sentiment de malaise. Que faudrait-il pour « contenter » la Mairie PS ? Une presse aux ordres, allant chercher chaque jour auprès du cabinet du Maire la bonne parole à diffuser, et la façon de le dire ? Pas très sain tout ça !

Incontournable temps long de l’action politique

Il y a quelques jours, se tenait la 1ère conférence-débat de la 4e circonscription UMP sur un thème d’actualité, celui de la crise financière et économique ; une réunion de grande qualité qui m’inspire quelques réflexions sur le temps long de l’action politique.

 

Cette rencontre consacrée à la crise a ainsi ouvert le cycle des conférences-débats de la 4e circonscription, dans les locaux et en présence de son député, Dominique PERBEN. C’est un exposé complet et argumenté de notre ami Gilles VITALIS, qui a permis de lancer le débat ; une remarquable première pour ce cycle de débats.

 

Alors que les effets de la crise occupent logiquement le devant de l’actualité, le grand mérite de cet exposé a été de retracer les enchaînements, au plan international, qui ont conduit à cette crise financière, qui est aussi devenue économique, avec ses effets sociaux. Il a aussi ouvert les perspectives, en expliquant la logique des plans de relance des Etats, mesures qui doivent déployer leurs effets pour maîtriser cette crise et asseoir les conditions de la reprise. Tout cela nous ramène au temps long de l’action politique, qui fait toute la difficulté de cette dernière. Et cela m’inspire les réflexions suivantes :

  • Cette crise n’est pas apparue en septembre, ni même au printemps dernier. Ses causes étaient à l’œuvre depuis plusieurs années, et c’est en partie du fait d’un déficit de régulation au plan international qu’il n’a pas été possible d’éviter sa diffusion rapide.
  • Si cette crise frappe aujourd’hui l’ensemble des Etats, avec des intensités variables, tous ces Etats ne disposent pas des mêmes cartes pour y faire face. Ceux qui ont assaini leurs finances publiques ces dernières années disposent aujourd’hui de plus de marges de manœuvre. Ceux qui ont su préserver ou restaurer la compétitivité de leur économie, sont mieux armés pour limiter la casse en cette période de faible demande. L’action déterminée du Président de la République et du Gouvernement a permis ces derniers mois de progresser de façon significative. Mais le rattrapage à effectuer est tel que notre pays reste pénalisé. Et c’est bien là que l’on retrouve le temps long de la politique ; les conséquences néfastes des politiques socialistes sont encore là. Il est ainsi particulièrement dérangeant de voir les responsables des 35H venir présenter sans aucune gêne un contre-plan de relance, qui plus est inadapté aux réalités de l’économie française. Le lien entre la mise en place des 35h et le décrochage de la compétitivité nationale est pourtant largement établi.
  • Pour revenir au niveau local, c’est un peu la même chose. L’équipe municipale nous explique que la crise oblige à revoir à la baisse le plan de mandat et les promesses de campagne. La réalité, c’est plutôt celle d’une dépense municipale non maîtrisée ces dernières années, notamment en termes de dépenses de fonctionnement, qui limite aujourd’hui les capacités d’investissement.
  • Temps long de la politique toujours : il faut aujourd’hui endiguer au plus vite les conséquences de la crise, venir en aide à ceux qui sont durement frappés par cette crise. Mais il faut le faire sans obérer l’avenir, c’est-à-dire sans porter atteinte à ce qui sera nos atouts pour rebondir et sans générer de nouveaux déséquilibres.

 

Gouverner est décidément un sacré défi. Plus que jamais, le débat politique se nourrit de l’instant, fait abstraction du passé et n’éclaire pas suffisamment l’avenir. L’opinion demande trop souvent de gouverner comme on pilote un jet-ski. C’est oublier que gouverner une collectivité tient plus de la conduite du supertanker : il faut prendre en compte le temps de la manœuvre et surtout, opérer cette manœuvre en fonction d’un cap que l’on s’est fixé.  C’est je crois ce que le Président de la République et le Gouvernement réalisent actuellement. La réaction française à la crise a été très rapide, pour endiguer les effets de la crise, mais sans jamais oublier qu’il faut aussi veiller aux conditions du rebond durable pour notre pays.

Assez de SMA ?

Lors du « jeudi noir » de la semaine dernière, le service minimum d’accueil (SMA), mis en place par la Ville de Lyon, a accueilli très peu d’élèves. Cela amène-t-il à contester l’utilité d’un SMA ? Il serait osé de répondre par l’affirmative.

 

Très peu de parents ont donc eu recours au SMA en ce jour de grève. Est-ce une surprise ? Franchement non, comment pouvait-il en être autrement ? C’est surtout le SMC, service minimum de communication, qui a été à l’œuvre. Témoignage de parent, il faut bien constater que si l’on était informé, le cas échéant, de l’absence de l’instituteur, voire de la fermeture de l’école, avec la consigne insistante de trouver sa propre solution de garde, il fallait être curieux et réactif pour connaître les modalités du SMA (c’est-à-dire les trois gymnases ouverts pour l’occasion sur l’ensemble de la ville). Il est assez étonnant de voir comment les élus de l’équipe municipale actuelle, toujours prompts à communiquer largement sur leurs faits et gestes (même lorsque ces derniers ont peu de liens avec leur mission), se font silencieux quand il s’agit de mettre en œuvre un service essentiel…

 

Ensuite, on peut comprendre que des parents, même sans solution de garde, soient plus que réticents à emmener leurs enfants dans un gymnase qu’ils ne connaissent pas, souvent loin de leur domicile. Et cela d’autant plus que les élus de gauche n’ont cessé de tenir des discours sur le manque de sécurité du SMA. Trois gymnases pour toute la ville ! Encore plus fort, pour la prochaine grève, je propose une approche intercommunale, avec la réservation d’Eurexpo pour que toutes les familles de Rhône-Alpes y amènent leurs enfants ! De qui se moque-t-on ?

 

Pour ce qui est du 3e, on peut aussi remarquer que le groupe scolaire situé à proximité du gymnase ouvert pour le SMA était relativement peu concerné par la grève.

 

Bref, une fois de plus, la Ville de Lyon a sans doute mobilisé une batterie de juristes pour voir comment faire le Minimum Minimum, tout en évitant la sanction de la justice. Le recrutement des volontaires pour assurer le SMA aura encore été purement formel, ce qui n’a pas permis d’offrir des solutions de proximité adaptées. Dans ces conditions, il est clair que ce ne pouvait pas être l’affluence. D’ici là à en déduire que les grèves à répétition dans l’enseignement ne posent pas de problèmes aux parents…

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