Je réponds avec un peu de retard à l’interpellation de Sylviane, concernant le projet de construction au Nord de la ZAC de la Buire, sur l’avenue Félix Faure, et la pétition en cours dans le quartier concernant ce projet. J’ai pris le temps de répondre car je ne voulais pas faire une réponse facile.
La ZAC de la Buire est une opération majeure ; elle va modifier grandement les caractéristiques du quartier.
Des constructions sont nécessaires en ville
Je voudrais tout d’abord dire, qu’il est effectivement opportun de construire des logements dans le centre des villes, sur des tènements tels que celui qui a été libéré à la Buire. Pas question de faire preuve de démagogie sur le sujet. La population s’accroît, l’agglomération se développe. Il faut donc des logements, et l’impératif du développement durable fait qu’il n’est pas souhaitable que les constructions se fassent toujours plus loin, en périphérie de la ville.
Soigner la réalisation des nouvelles constructions
Même s’il y a densification de l’habitat, il faut veiller à aérer la ville et limiter les effets visuels de l’urbanisation. Comme beaucoup, je suis frappé par le manque d’espace entre les immeubles de la Buire déjà construits. Et je comprends les riverains du quartier qui ne souhaitent pas la construction d’une barre continue de 7 étages+attique sur l’avenue Félix Faure. Il faut effectivement éviter l’effet couloir, comme on peut le voir sur la rue André Philip. C’est d’autant plus une nécessité que l’avenue Félix Faure doit s’affirmer comme un grand axe prestigieux du 3e, et qu’il y a effectivement à cet endroit des éléments intéressants en termes de patrimoine. Les riverains ont donc raison de se mobiliser et il faut faire en sorte que la future construction respecte les principes « d’aération » urbaine.
Le problème posé par ce projet de construction résulte en fait d’un déficit d’intégration urbanistique de la Buire dans son environnement
Ce projet est en effet une nouvelle démonstration que la Buire a trop été conçue comme une opération tournée sur elle-même, insuffisamment ouverte sur le quartier Bir Hakeim/Part Dieu Sud. Il aurait fallu plus travailler à l’intégration de cette opération majeure dans son environnement urbain.
La faute à l’ancienne équipe de la Mairie du 3e ?
On me dit que M. Corrazol, adjoint du 3e, prétend que les difficultés qui apparaissent aujourd’hui sont de la responsabilité des élus d’arrondissement du précédent mandat, notamment du fait d’un manque de concertation. Dire cela, c’est faire preuve d’une méconnaissance du fonctionnement de la ville, ou bien d’une mauvaise foi évidente.
C’est en effet bien mal connaître le dossier que de croire que la ZAC de la Buire a été ou est pilotée par la Mairie du 3e. Depuis l’origine en 2003, c’est le Grand Lyon et la Mairie centrale qui ont conduit ce projet jugé stratégique et qui ont fixé ses orientations. C’était une opération emblématique du 1er mandat Collomb, présentée au MIPIM, qui a donné lieu à des inaugurations et à une large promotion sur le thème des « nouveaux urbains ».
Pour ce qui est de la concertation de proximité, je suis bien placé pour en parler puisque je l’ai demandée au Grand Lyon en tant qu’adjoint 3e chargé du quartier. Nous avions alors dès 2003, avec mon collègue Vahé Muradian, souhaité informer le conseil de quartier sur le plan d’aménagement ; nous avions du nous débrouiller avec les moyens du bord, puisque nous n’avions pas pu obtenir l’implication du Grand Lyon. Entre 2003 et 2007, nous avons plusieurs fois demandé à ce que le conseil de quartier puisse faire des propositions sur l’intégration de l’opération au quartier : sur le plan d’ensemble, sur la cohérence entre le futur parc et les aménagements de la place Bir Hakeim, sur le devenir du Théâtre des Asphodèles, sur l’impact en termes de circulation et le plan de circulation… Le conseil de quartier s’était en effet doté d’un groupe de travail très dynamique sur le secteur Bir Hakeim (groupe ouvert à tous les habitants). A chaque fois, il avait fallu « arracher » les informations et nous n’avons eu que peu de retours. La concertation sur la ZAC s’est en fait limitée aux formalités imposées par les textes, dont on connaît les limites. Voilà quelques vérités qu’il me semblait utile de rétablir.
Pierre Bérat