Début de long week-end avec un énervement certain quand je prends connaissance des déclarations du président PS du Conseil général du Pas-de-Calais. Celui-ci vient de refuser la location cet été d’une cantine de collège par une compagnie de CRS.
En tant que propriétaire des locaux, ce président de conseil général peut effectivement prendre cette décision. C’est sa responsabilité. Il rendra des comptes aux conseillers généraux qui l’élisent et ces derniers à leurs électeurs. Par contre, les déclarations de cet élu sont graves, puisqu’il motive sa décision par le fait que les CRS feraient la ” chasse aux migrants“. Comment un élu peut-il s’en prendre en ces termes à une force de sécurité de la République qui exerce sa mission ? D’après ce que je comprends, ces CRS viennent l’été à Calais pour sécuriser les plages, et leur présence permet aussi de contribuer à la politique de lutte contre l’immigration irrégulière, dans une région particulièrement concernée par cette problématique.
Bien sûr, nous sommes en campagne électorale. Pour tenter de gagner des suffrages, des élus PS n’hésitent pas à faire de la surenchère pour éviter des transferts de voix vers l’extrême gauche. Mais ce faisant, ces responsables politiques jouent avec le feu ; en s’attaquant ainsi à l’Etat, ils ouvrent la voie à d’autres remises en cause.
Puisque l’on se trouve en pleine campagne européenne, ces déclarations apportent en tous cas un éclairage intéressant de la vision que les socialistes peuvent avoir de la politique de maîtrise de l’immigration, surtout quand elles sont le fait d’un élu d’une région qui se trouve au cœur des flux européens de migrants, suscités par des filières organisées d’immigration, qui exploitent la misère humaine. Elles relativisent aussi les postures qui se veulent “responsables” d’autres notables socialistes, car je n’ai pas entendu ce week-end de regrets de ce parti sur ces paroles.
Autre déclaration pour terminer ce week-end : celle de l’impôt sur le revenu. Comme beaucoup, j’ai encore attendu le dernier week-end pour entreprendre cet exercice, heureusement effectivement plus simple avec la déclaration pré-remplie.
En le faisant, il me revient à l’esprit que, chaque année, le remboursement des seuls intérêts de la dette de la France représente une somme équivalente aux ¾ du produit de cet impôt sur le revenu ! Qu’en sera-t-il demain, quelle part de l’impôt sur le revenu de nos enfants servira à payer les intérêts de notre dette ?
Cette période de crise est bien sûr particulière, puisqu’il faut de toute urgence relancer l’activité, et donc se donner les moyens de le faire, fut-ce au prix d’un déficit budgétaire accru. Mais quand on mesure le poids de notre dette, on comprend que le Gouvernement veille à ce que cette dépense budgétaire de relance aille d’abord à l’investissement, et qu’il garde le cap de l’assainissement budgétaire pour la sortie de crise, malgré les oppositions de ceux qui font de l’anti-réforme et du corporatisme leur seule ligne politique.
Pierre Bérat