L’entrée du centre commercial de la Part Dieu, côté esplanade du « crayon », vient de faire l’objet d’un lifting, avec l’ouverture de nouveaux restaurants. Ce projet attendu est une réussite, confortant la Part Dieu comme un pôle d’animation. N’oublions pas pour autant que la Part Dieu est aussi un lieu de vie, où l’on réside ; une dimension qui me semble parfois oubliée.
En passant par l’esplanade un après-midi d’été indien de cette semaine, j’ai pu constater que ce réaménagement était réussi, avec ces terrasses orientées au Sud qui donnent immédiatement un autre visage à cet espace qui symbolisait plutôt jusqu’à maintenant l’abandon urbain. C’est une nouvelle ouverture du centre commercial sur la ville, qui confirme ce dernier comme un pôle d’animation. Mais dans ce contexte de progrès, restons vigilants sur la vision que les décideurs peuvent avoir du quartier. J’ai quelques inquiétudes quand je lis les propos récents du Maire du 3e : « Mais nous souhaitons que la Part Dieu soit aussi un lieu de vie. Un lieu où l’on prend plaisir à aller au restaurant, au cinéma, voir à un spectacle, se balader en famille ou à la sortie du bureau ».
Selon moi, la Part Dieu ne doit pas être seulement un centre d’affaires, un pôle commercial et de divertissements de niveau agglomération. C’est un lieu de vie, mais pas seulement en tant que pôle d’animation. C’est un lieu de vie parce que des gens y résident : vous êtes près de 3 000 à vivre à proximité immédiate du centre commercial. Et nous sommes plus de 25 000 à résider aux alentours à Part Dieu Sud, Villette, Lafayette… C’est un lieu d’habitat et il faut créer les conditions pour qu’il le reste ; une vigilance sans doute salutaire quand on constate combien la qualité de vie s’est par exemple dégradée le long des berges du Rhône, malgré les atouts du secteur.
Penser la Part Dieu en termes de lieu de résidence, cela veut dire notamment éviter de prendre des mesures qui vont asphyxier le secteur. Avec la réalisation d’une Tour Incity sans parking, nous avons déjà souligné que nous n’en prenions pas le chemin, tant les effets collatéraux pour les rues environnantes vont être problématiques. Je ne partage pas non plus l’avis rapporté dans le Progrès d’hier selon lequel le tronçon Lafayette-Bouchut sur Garibaldi « est le tronçon où la coupure urbaine est la plus forte » et qu’il faut donc traiter en priorité. A mon avis, en termes de lieux de vie, c’est à Part-Dieu Sud que Garibaldi crée aujourd’hui la frontière la plus préjudiciable au tissu urbain. Et penser la Part Dieu comme un lieu d’habitat, c’est aussi améliorer les possibilités de déplacement internes au quartier (la liaison Villette-Part Dieu sous la gare ou par Pompidou, des parcours piétons et 2 roues courts et continus). C’est aussi soutenir le tissu commercial de proximité des quartiers environnants.
Pierre Bérat