Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

Mois : mars 2010

Il faudra compter avec nous

Premières impressions d’un nouveau conseiller régional après la session d’installation d’hier à Charbonnières. C’est tout d’abord une ambiance qui a quelque chose de rentrée des classes, avec son parcours obligé et ses découvertes. Ensuite, c’est la mesure d’une assemblée de taille conséquente – 157 élus – qui reflète bien la dimension et la diversité de la région. Enfin, dès les premiers débats, c’est la confirmation de la “technicité” du fonctionnement de l’assemblée régionale (voir plus loin).

L’élection du Président du Conseil régional s’est déroulée sans surprise. Jean-Jack Queyranne a été réélu, chacun des candidats faisant le plein de ses voix. L’élection des Vice-Présidents s’est par contre traduite par l’évaporation de 3 voix pour la coalition rose-rouge-verte…

Françoise Grossetête a souligné que les élus de la droite et du centre mèneront une opposition à l’écoute des Rhônalpins, et n’agiront que dans l’intérêt de ces derniers : « s’opposer c’est avant tout être force de propositions et avoir capacité à amender ». Elle a aussi souhaité que la majorité fasse preuve d’ouverture en confiant, comme cela se fait ailleurs, la présidence de la commission des finances à notre groupe. Nous verrons bien ce qu’il en sera, de même que pour la représentation de l’opposition dans les représentations du Conseil régional au sein des organismes extérieurs (Lycées par exemple).

Dans son premier discours, Jean-Jack Queyranne a décrit une feuille de route comportant quatre chantiers : l’emploi, l’innovation, la solidarité territoriale et la démocratie. Comme ce fut le cas dans le programme électoral post-fusion des listes, les orientations restent floues. Pour l’emploi, je partage le fait d’en faire un grand chantier prioritaire tant il faut répondre à cette préoccupation première des Rhônalpins. Il reste à débattre des bonnes solutions pour développer l’emploi. En la matière, le fait de mettre en place d’une part une vice-présidence au développement économique et d’autre part une vice-présidence à l’emploi ne me semble pas la meilleure approche. Si je partage aussi la nécessité de donner la priorité à l’innovation, je m’étonne de la place accordée dans le discours à l’économie sociale et solidaire. Certes cette dernière compte mais est-ce le champ prioritaire de l’innovation ? Sans doute s’agit-il d’un premier gage donné aux partenaires de la coalition. Quant au dernier chantier, la démocratie, il débute bien mal (voir la suite) et l’appel à la résistance face à la réforme des collectivités territoriales semble marquer une nouvelle affirmation de la Région en tant que contre-pouvoir, ce qui est regrettable.

La suite des débats a été assez mouvementée. Le nouvel exécutif a voulu faire adopter une délibération déléguant à la Commission permanente un ensemble de pouvoirs, dont « la mise en œuvre et l’évolution des politiques décidées par la Région ». Sous des apparences d’aspect technique et de pragmatisme, cette délégation posait un problème sérieux puisqu’en commission permanente, il n’est pas possible d’amender les textes. Par ailleurs cette commission se tient en l’absence de public et de la presse. En clair, il était proposé de délibérer sur l’évolution des politiques, à huis clos et sans possibilité d’amendement. Sans doute était-ce un bon moyen pour brider les débats internes à la majorité sur les politiques régionales… Les élus de la droite et du centre ont dénoncé ce projet, Europe Ecologie exprimant également un « trouble ». Cette situation politique a permis une adoption uniquement temporaire de la mesure, qui sera de nouveau débattue le mois prochain. Well done !

Au service

De façon assez naturelle, je suis très partagé depuis hier. Je suis bien sûr très heureux et honoré par le mandat de conseiller régional qui vient de m’être confié. Mais je suis bien sûr aussi déçu par les résultats de la Majorité présidentielle à ces élections.

Oui c’est une déception, et il ne sert à rien de chercher à faire du scrutin régional une victoire. Oui il y a des messages à entendre des Français et de notre électorat, qu’ils se soient exprimés par l’abstention ou un vote alternatif. Mais pour autant, je ne crois pas que l’on puisse parler de déroute. Rappelons que ces régionales constituent un scrutin intermédiaire, traditionnellement défavorable, et que les dernières viennent d’intervenir alors que la crise fait encore sentir ses effets. Difficile dans ces conditions de tenir un discours électoral de vérité, quand nos adversaires promettent comme toujours de « raser gratis ». Rappelons aussi qu’une fois de plus, la Gauche a bénéficié des triangulaires avec le FN. Notons aussi que le PS a échoué dans sa volonté de réaliser le grand chelem. La Majorité gouvernementale a gagné deux régions et le PS doit continuer à gérer le cas de la majorité « sociale populiste » en Languedoc-Roussillon.

Quant aux résultats en Rhône-Alpes, là encore soyons clairs. Oui c’est une victoire nette de la liste « d’union » rose-rouge-verte, mais pour autant cela ne correspond pas à une grande vague d’adhésion : la liste Queyranne de 2010 rassemble ainsi 8 % de voix en moins qu’en 2004.

Dans le 3e, avec 35,5 %, notre liste réalise 1,5 point de plus que le score régional. Pour le 2e tour de la présidentielle de 2007, le score de Nicolas Sarkozy dans l’arrondissement était par contre inférieur de 1,6 point à la moyenne régionale. Nous marquons donc une bonne résistance, surtout dans un contexte où figurait sur la liste concurrente Thierry Philip, le Maire PS de l’arrondissement, Vice-Président sortant du Conseil régional, bénéficiant d’une médiatisation XXL…. Que tous ceux qui ont contribué à notre mobilisation pendant cette campagne, dans la bonne humeur, soient ici remerciés !

Je suis depuis dimanche soir au service de Rhône-Alpes en tant que conseiller régional. Comme je l’écrivais plus haut c’est un honneur et une grande satisfaction. Je sais que la tâche ne sera pas facile, qu’il nous faudra mener une opposition constructive, mais non moins vigilante, puisque les incohérences entre les différentes composantes de la nouvelle majorité sont autant de menaces pour la région. Donc au travail ! Je vous expliquerai prochainement comment je compte mener ce mandat au plan local. Un conseiller régional doit exercer son mandat en pensant à la région dans son ensemble. Mais cela n’empêche pas d’être porteur des « besoins » de son territoire d’origine. Rhône-Alpes n’est pas un concept, c’est un ensemble de territoires qui se construisent un avenir commun. C’est en tous cas ma conception.

Le 3e au coeur de la petite histoire !

PA020079Le 3e bien placé dans l’actualité pendant 36 H (35 H ?) ? C’est en effet dans son Palais de la mutualité que se sont déroulées les (âpres) négociations précédant la fusion des listes régionales rose, rouge et verte ! Je suis sûr que certains faisaient le rêve d’un nouveau Front populaire pour le 2e tour des régionales. Las, c’est surtout une ambiance IVe République qui a baigné cet agréable lieu de notre cher 3e arrondissement ! Comme dans les années cinquante, quand les journalistes attendaient de savoir si une combinaison des forces politiques allait enfin permettre de donner un Gouvernement à la France, chacun attendait aujourd’hui de savoir si nous aurions une liste rose-rouge-verte pour le 2e tour des élections.

Comme prévu, il a fallu batailler pour se partager les places sur la liste et les futurs postes de Vice-président. Assez logique, compte tenu du faible score de la liste PS : une 2e position (derrière l’UMP), avec 25 %, pour une liste conduite par le Président sortant du Conseil régional, qui a pourtant bénéficié d’une large médiatisation ! Pas terrible ! On comprend que les alliés aient fait monter les enchères. On attend maintenant de connaître l’addition, qui nous sera présentée avec le programme « patchwork » qui va résulter de la fusion : quels gages symboliques auront été donnés aux Verts et au Front de gauche, quels projets auront été sacrifiés ? Nous le saurons bientôt dans le magnifique document « arc-en-ciel » qui ne va pas manquer d’apparaître. Espérons que les Rhônalpins prendront le temps d’analyser les promesses et les non-dit.

Ce que nous connaissons par contre, c’est la composition de l’exécutif de la Région en cas de victoire de la gauche : 8 vice-présidents socialistes, 6 verts et 1 communiste. Cela promet ! Et les radicaux de gauche au juste ?

Au fil de la campagne

Marché Augagneur 2010_4

Voilà déjà quelques semaines que je suis engagé dans cette campagne des élections régionales en tant que candidat. A quinze jours du scrutin, voici quelques constats que je tire de ma présence sur le terrain dans le 3e arrondissement et ailleurs.

Premier constat, comme pour les dernières campagnes, les candidats sont saisis par des collectifs, lobbies, groupes d’intérêt, et ils sont « sommés » de répondre à des questions plutôt pointues. Je dis « sommés » car ces questionnaires ou ces invitations à des débats, sont parfois très impératifs, menaçant d’apocalypse médiatique en cas de non réponse. Je constate que les sujets évoqués sont parfois très éloignés des compétences de la Région, et parfois que l’interrogation est largement téléguidée par certains mouvements politiques… Diversion, diversion… Pour ma part, j’entends plutôt me concentrer sur le débat relatif aux politiques que peut mener la collectivité « Région ».

Alors quels sont les sujets sur lesquels un candidat aux régionales est amené à discuter dans le cadre de cette campagne ?

Ce serait mentir que de dire que toutes les questions portent sur des compétences régionales. Pas une seule présence marché ou visite de commerce, sans que ne soit évoquée la question de la propreté. C’est le reflet d’une réalité et de l’échec de la politique du Grand Lyon en la matière. Souhaitons que le Vice-président en charge de cette question se saisisse enfin du problème après sa campagne régionale !

De façon générale, on constate que nos concitoyens ont beaucoup de difficultés pour se repérer dans les compétences des collectivités territoriales. Et ne parlons pas du mode de scrutin des régionales. Ce constat que chacun peut faire en faisant campagne devrait amener ceux qui sont vent debout contre la réforme des collectivités territoriales à réfléchir encore au sujet. Pour ma part, je suis encore plus convaincu que oui, il faut clarifier les compétences, pour que chacun sache bien « qui fait quoi avec quel impôt », et oui, un conseiller territorial, bien identifié sur un territoire déterminé, serait une très bonne chose pour susciter l’adhésion des citoyens.

Parmi les sujets de compétences régionales, j’ai noté les échanges suivants lors de mes rencontres :

  • La question de l’insertion professionnelle des jeunes : comment mieux orienter les jeunes vers des métiers d’avenir, pour assurer l’emploi ? C’est le souci de nombreux jeunes et parents. C’est la raison pour laquelle notre programme propose de renforcer l’information sur les filières porteuses, en manque de candidats, de rendre plus réactif le dispositif régional de formation et d’encourager l’apprentissage par une nouvelle aide financière.
  • La question du soutien aux entreprises : de nombreux commerçants et autres responsables de TPE que j’ai rencontrés font part des mois très difficiles qu’ils ont connus ou connaissent du fait de la crise. Souvent, ils posent la question, mais que fait pour moi la Région ? C’est pourtant la collectivité première en matière de soutien à l’économie. C’est pourquoi nous proposons de simplifier le dispositif d’aides en élargissant notamment les conditions pour bénéficier de garanties d’emprunt.
  • Comment conjuguer stratégie régionale de développement économique et réponse de proximité pour les entreprises qui ont besoin d’accompagnement, tout en assurant une équité entre toutes les entreprises ? Voilà une question, évoquée avec des artisans, qui constitue un vrai chantier à mener dans la perspective de la nouvelle organisation des collectivités territoriales.

Je note aussi que nombreux sont les électeurs qui sont sensibles à la nécessité de mieux maîtriser les dépenses des collectivités territoriales. Que cela plaise ou non à ceux qui se sont positionnés comme des contre-pouvoirs locaux, la pression fiscale locale est jugée excessive et la question est souvent posée de la pertinence de certaines dépenses.

Enfin un échange que j’ai trouvé significatif. Samedi sur le marché de Montchat, une dame m’expliquait qu’elle avait rencontré le candidat Thierry PHILIP, lequel en bon candidat PS, se veut le représentant patenté de la Solidarité. La dame lui dit « mais je ne vais pas pouvoir voter ». Le Maire de répondre : mais pourquoi cela ? “Mais parce que j’habite à la Résidence pour Personnes Agées Constant, vous savez la résidence que vous faites fermer !” Il semblerait que l’échange ait tourné court…

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