En ces temps de fortes contraintes budgétaires, le dossier du nouveau siège de la Région semble ouvrir une voie miraculeuse.
La dernière session a été animée sur ce sujet, à l’occasion d’une communication sur le projet. Premier élément de l’affaire, le dérapage du coût de la construction : annoncé à 96 millions en 2005, la communication de jeudi dernier nous apprend que le coût final de la construction s’établira à 145,1 millions d’euros fin 2010… Je ne m’étends pas sur ce dérapage incontrôlé largement traité lors de la campagne électorale.
Je passe aussi sur les propos du Président du groupe PS de la Région ; selon lui, cet investissement majeur de la Région va fortement contribuer à l’amélioration du service rendu aux Rhônalpins. En ces temps de difficultés sociales liées à la crise, ces derniers seront attentifs au retour sur investissement dont ils bénéficieront.
Mais nous ne sommes pas au bout des surprises. La communication nous explique ainsi que le coût du projet du nouveau siège sera maintenu dans la fourchette de 20 à 30 millions d’euros annoncée au départ !!! Par quel miracle passons-nous de 145,1 millions de coût de construction à 20/30 millions ? Par un tour de passe-passe consistant à défalquer :
- le montant des travaux qui auraient pu être réalisés sur le site de Charbonnières,
- les économies réalisées sur 20 ans sur les loyers des bâtiments hébergeant aujourd’hui certains services délocalisés,
- la vente des terrains et bâtiments du site de Charbonnières.
Peut-être va-t-on nous dire demain que le départ du Conseil régional va se traduire par une baisse de stress parmi les lapins et reinettes qui peuplent le terrain de Charbonnières – qui retrouveront la quiétude après le départ des élus et fonctionnaires -, et que cette baisse de stress de la faune locale peut être valorisée x millions d’euros sur 50 ans, venant ainsi réduire d’autant le coût du nouveau siège !
Pour démonter l’argumentation, on peut déjà pointer que des loyers supplémentaires sont d’ores et déjà engagés pour localiser des services annexes qui ne peuvent trouver place dans le nouveau siège. D’autre part, ces économies de loyers seront en partie compensées par les charges de propriétaire des surfaces correspondantes dans le nouveau siège.
Quant à la vente de Charbonnières, elle reste à concrétiser. En la matière, un élément pose question. On nous dit que le bâtiment principal, estimé à 15/18 millions d’euros, pourrait trouver une nouvelle utilisation en tant que pôle des écotechnologies. La reconnaissance récente par l’Etat de l’inter-pôles de compétitivité « Efficacité énergétique » constituerait en la matière une opportunité. Mais tout ceci ne tient pas. Les pôles de compétitivité doivent viser à investir dans des projets de R&D, pour susciter de l’innovation, et non à mener des projets immobiliers, même de support. Mais en mettant en avant ce projet, l’intention est claire : sa non-réalisation, et donc l’absence de la « recette » escomptée, fournira une nouvelle occasion de faire porter le chapeau au Gouvernement… Rien que de très classique.