Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

Mois : mai 2010 Page 1 of 2

Les miracles de Charbonnières

P5310091En ces temps de fortes contraintes budgétaires, le dossier du nouveau siège de la Région semble ouvrir une voie miraculeuse.

La dernière session a été animée sur ce sujet, à l’occasion d’une communication sur le projet. Premier élément de l’affaire, le dérapage du coût de la construction : annoncé à 96 millions en 2005, la communication de jeudi dernier nous apprend que le coût final de la construction s’établira à 145,1 millions d’euros fin 2010… Je ne m’étends pas sur ce dérapage incontrôlé largement traité lors de la campagne électorale.

Je passe aussi sur les propos du Président du groupe PS de la Région ; selon lui, cet investissement majeur de la Région va fortement contribuer à l’amélioration du service rendu aux Rhônalpins. En ces temps de difficultés sociales liées à la crise, ces derniers seront attentifs au retour sur investissement dont ils bénéficieront.

Mais nous ne sommes pas au bout des surprises. La communication nous explique ainsi que le coût du projet du nouveau siège sera maintenu dans la fourchette de 20 à 30 millions d’euros annoncée au départ !!! Par quel miracle passons-nous de 145,1 millions de coût de construction à 20/30 millions ? Par un tour de passe-passe consistant à défalquer :

  • le montant des travaux qui auraient pu être réalisés sur le site de Charbonnières,
  • les économies réalisées sur 20 ans sur les loyers des bâtiments hébergeant aujourd’hui certains services délocalisés,
  • la vente des terrains et bâtiments du site de Charbonnières.

Peut-être va-t-on nous dire demain que le départ du Conseil régional va se traduire par une baisse de stress parmi les lapins et reinettes qui peuplent le terrain de Charbonnières – qui retrouveront la quiétude après le départ des élus et fonctionnaires -, et que cette baisse de stress de la faune locale peut être valorisée x millions d’euros sur 50 ans, venant ainsi réduire d’autant le coût du nouveau siège !

Pour démonter l’argumentation, on peut déjà pointer que des loyers supplémentaires sont d’ores et déjà engagés pour localiser des services annexes qui ne peuvent trouver place dans le nouveau siège. D’autre part, ces économies de loyers seront en partie compensées par les charges de propriétaire des surfaces correspondantes dans le nouveau siège.

Quant à la vente de Charbonnières, elle reste à concrétiser. En la matière, un élément pose question. On nous dit que le bâtiment principal, estimé à 15/18 millions d’euros, pourrait trouver une nouvelle utilisation en tant que pôle des écotechnologies. La reconnaissance récente par l’Etat de l’inter-pôles de compétitivité « Efficacité énergétique » constituerait en la matière une opportunité. Mais tout ceci ne tient pas. Les pôles de compétitivité doivent viser à investir dans des projets de R&D, pour susciter de l’innovation, et non à mener des projets immobiliers, même de support. Mais en mettant en avant ce projet, l’intention est claire : sa non-réalisation, et donc l’absence de la « recette » escomptée, fournira une nouvelle occasion de faire porter le chapeau au Gouvernement… Rien que de très classique.

Mais que veulent-ils ?

Alors que Nicolas Sarkozy se démène, dans l’Union et en France, comme il l’avait fait fin 2008, pour trouver des solutions aux tensions financières et monétaires en Europe, c’est la cacophonie du côté du PS. Il est bien difficile de savoir quelle serait la politique d’un Gouvernement de gauche pour répondre aux enjeux économiques et sociaux du moment, au-delà de l’apologie du « Care ».

Nous avons d’abord assisté à l’échange d’amabilités entre Gérard Collomb et Martine Aubry sur le projet économique du PS. Le Maire de Lyon dénonce une vision trop protectionniste et déclare ainsi à propos de ce projet « on ne peut pas raconter n’importe quoi ». Réponse de la bergère au berger : « il n’a rien compris au projet » !

Même cacophonie fondamentale sur l’âge légal du départ en retraite. Aubry et Hamon refusent une solution au problème du financement des retraites consistant à repousser cet âge légal au-delà de 60 ans. On a compris, lors de son interview de jeudi soir, que Dominique Strauss-Kahn n’était pas bloqué sur cette question et qu’il était prêt à tenir compte de l’allongement de la durée de la vie.

Parenthèse : concernant DSK, on peut aussi se demander ce qu’il veut. Il s’investit dans une interview sur France 2 largement médiatisée, visant clairement l’opinion française, pour nous dire « laissez moi travailler au FMI »…

Divergences majeures donc. Et encore, nous n’en sommes qu’au débat interne au sein du PS. Qu’en sera-t-il quand ils devront s’entendre avec leurs « alliés » ?

Il y a au moins un axe clair, c’est celui du toujours plus de pression fiscale. Avec les propositions du PS pour financer les retraites, c’est effectivement un choc fiscal qui nous attendrait dans les années à venir si ce projet était mis en œuvre. J’entendais hier Michel Sapin, ancien Ministre PS, s’étonner que la France ait été le seul pays à baisser les impôts ces dernières années. D’abord, je ne suis pas sûr que nous soyons les seuls. Ensuite, il faut surtout avoir à l’esprit que notre pays est un de ceux qui connaît le plus haut niveau de prélèvements.

C’est avec le même réflexe de « fuite en avant fiscale » que Thierry Philip, en tant que Conseiller à la recherche et à l’enseignement supérieur de la Région, a exposé jeudi dernier en commission les orientations de la majorité régionale pour le mandat 2010-2014. Il a ouvert son exposé par une (nouvelle) dénonciation de la réforme de la taxe professionnelle, pour déplorer que les nouvelles recettes fiscales ne soient pas suffisamment « dynamiques » pour dégager des ressources nouvelles. Par dynamiques, il faut je pense comprendre qu’il ne sera plus possible d’accroître les taux d’imposition. Mais c’est oublier que l’assiette d’imposition reposant sur la valeur ajoutée des entreprises devrait elle-même croître. Mais surtout, cela dénote que la question de l’optimisation des dépenses n’est pas envisagée. Toujours la logique « fiscaliser + pour dépenser + ».

Nouvelles d’outre-Manche

Après quelques jours de suspens, David Cameron devient le nouveau Premier ministre de Grande-Bretagne, un accord de coalition ayant été trouvé avec les centristes Lib-Dem de Nick Clegg. Cette conclusion apparaît logique et salutaire : elle est conforme au vote des Britanniques. Ce changement politique n’est pas anodin. Voilà ce qu’il m’inspire.

Tout d’abord, c’est la fin du règne de 13 ans du « New Labour ». Au plan européen, ce n’est pas rien, tant le Blairisme a inspiré une « nouvelle gauche ». On avait d’ailleurs essayé de nous « vendre » un modèle similaire avec Ségolène Royal en 2007. Ce modèle a visiblement montré ses limites, comme l’ont signifié les Britanniques. On retiendra notamment l’échec du plan anti-crise de Gordon Brown reposant largement sur la relance par la consommation (baisse de la TVA) ; l’occasion de rappeler que le PS français défendait à l’époque la même approche, même s’ils sont plus discrets sur le sujet aujourd’hui… Avec le départ de Gordon Brown – qui ne manque d’ailleurs pas de dignité – c’est bien une page de la « nouvelle gauche » qui se tourne.

Le deuxième point qui retient mon attention, c’est la coalition « Tories-LibDem ». Après l’Allemagne, la Grande-Bretagne expérimente à son tour une coalition droite-centre-libérale. Dans un cas comme dans l’autre, la négociation a été dure. Gouverner dans le cadre de cette coalition ne sera sans doute pas un long fleuve tranquille, notamment sur la question européenne. Mais l’important, c’est l’accord qui a été scellé sur un programme courageux et ambitieux, centré sur le retour à la croissance et la résorption des déficits. Tout le contraire d’une union par la facilité.

Je retiens enfin la jeunesse des principaux acteurs de ce nouveau gouvernement britannique. David Cameron, le Premier ministre, Nick Clegg son vice-premier ministre, mais aussi d’autres ministres clés du gouvernement. Impressionnant !

Béton et densification urbaine (suite)

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Je reviens sur la modification du Plan Local d’Urbanisme, projet sur lequel nous – les élus Ensemble pour Lyon du 3e – avons voté non lors du dernier Conseil. En débattant avec la Majorité du 3e, je me suis demandé à propos des points posant problème s’il y avait une volonté de masquer certaines évolutions ou bien un défaut de suivi des dossiers. Les suites de ce débat renforcent mes doutes.

Ces doutes concernent notamment le changement de destination de l’îlot Créqui/Chaponnay/Edison. J’ai déjà évoqué mon étonnement lorsque j’ai constaté que Mme Panassier, l’adjointe à l’urbanisme du 3e, n’évoquait pas spontanément ce projet dans sa présentation. Elle a répondu à mon interpellation avec des arguments pour le moins « datés » relatifs à la requalification de la place Voltaire. Elle a aussi essayé la diversion en mettant en avant le désormais classique « Mieux vivre ensemble » puis en glissant sur des propos plus que limites. Passons…

Depuis, la conseillère déléguée Anne Brugnera s’est aussi exprimée sur le sujet. Elle se positionne résolument comme la « grande rectificatrice » du Conseil du 3e, dès que l’opposition joue son rôle… quitte d’ailleurs à se prendre les pieds dans le tapis comme nous l’avons vu sur le dossier « Citrouille et Potiron » et comme nous le voyons encore sur cette question d’urbanisme. Mme Brugnera nous dit « L’opposition s’est émue du projet visant à lever une réserve pour espace sportif… Concernant le terrain sportif, il en existe déjà un à proximité ». Non Mme Brugnera, la réserve que vous comptez supprimer sur l’îlot en cause était une réserve pour espace public, au profit du Grand Lyon et non de la Ville (je joins une photo pour aider le cas échéant au suivi de ce dossier !). Tout cela pose effectivement question sur la vision de la Mairie du 3e sur le renouvellement urbain du secteur Voltaire.

Malaise encore avec la suppression de la réserve pour espace vert de la rue des Petites sœurs. Mme Panassier nous dit : « c’était trop petit » (1990 m²). La réserve qui a été créée rue Meynis lors de la dernière modification fait seulement 1260 m². Celle qui existe rue de l’Espérance 1810 m²…

Malaise toujours avec les aménagements du tramway T3 du fait de la mise en service de Rhônexpress et du projet de desserte du Grand stade. Une réunion de concertation avait lieu mercredi soir en Mairie. Monsieur Rivalta, Président du Sytral, a plusieurs fois évoqué lors de la soirée le fait que des tramways pour le Grand stade partiront effectivement du nouveau quai prévu au Sud de la rue Paul Bert (sur une partie du tènement prévu pour l’Esplanade verte Dauphiné II)… Et tant pis si les supporters devront faire un trajet de 500 mètres entre la gare Part Dieu/Métro et cette gare « spéciale ». Pourtant, dans les documents de concertation consultables en Mairie, c’est-à-dire dans les « écrits », nulle mention de cette gare « spéciale ». Les aménagements prévus sont présentés comme une plate-forme constituant :

  • un quai de secours,
  • un point de stockage de rames (injection/retrait du réseau),
  • un point de régulation du trafic pour « gérer l’encombrement du tronc commun T3, T4, Rhônexpress » (et après on vient prétendre que l’intersection avec la rue Paul Bert ne va pas perturber gravement la circulation automobile)…

Bref, la question majeure de l’urbanisme exige mieux que du verbiage : du sérieux dans le suivi des dossiers, de la transparence et du pragmatisme.

Béton et densification urbaine

Intervention lors du Conseil d’arrondissement du 4 mai 2010 sur le projet de modification du Plan Local d’Urbanisme

« Il nous est demandé de donner un avis sur le projet de modification n°7 du Plan Local d’Urbanisme. Cette modification n’est pas anodine, tout au moins pour ce qui concerne le 3e arrondissement.

Trois dispositions me posent problème.

1) La première vise, si j’ai bien compris, à supprimer l’emplacement réservé pour réalisation d’une place publique sur l’îlot Créqui/Chaponnay/Edison. Cela signifie que les immeubles actuels seraient maintenus, ou que de nouvelles constructions pourraient être réalisées à la place. Je dis « si j’ai bien compris » car le moins que l’on puisse dire, c’est que cette modification est un peu masquée. Elle n’est bizarrement pas reprise dans la synthèse et Mme Panassier ne l’a pas évoquée dans sa présentation.  

Ce n’est pourtant pas une modification anecdotique. Chacun sait qu’il s’agit d’un projet majeur de renouvellement urbain du secteur Voltaire ; un projet qui, il est vrai, traine en longueur, du fait de la lenteur d’acquisition des appartements pour pouvoir réaliser la place publique.

Avec cette modification, la collectivité effectuerait un virage à 180 degrés dans sa politique urbaine pour le secteur. On peut discuter de l’opportunité de créer cette place publique, notamment compte tenu de la difficulté de mener l’opération. Mais justement, ce revirement majeur a-t-il été concerté ? Le CIL et le Conseil de quartier ont-ils été saisis du projet ?

Je me pose aussi la question des suites si la modification est approuvée. S’il y a maintien des immeubles, pour quels types de logements ? Quelle sera la destination des appartements déjà acquis par la collectivité ? Nous constatons qu’une autre modification du PLU qui nous est proposée, sur le tènement voisin, vise à réduire l’emplacement réservé pour espace sportif pour créer une réservation pour programme de logements aidés. Nous savons que ce secteur comporte déjà un parc de logement social très important. Il faut veiller à la mixité de l’habitat dans ce secteur.

2) Deuxième interrogation : il nous est proposé de supprimer l’emplacement réservé pour espace vert rue des Petites sœurs. Deux motifs sont avancés : le coût d’acquisition pour la collectivité et le projet d’extension du square du Sacré Cœur.

Cette décision n’est pas souhaitable : elle fait perdre l’opportunité de réaliser un square à proximité immédiate des écoles de la rue des Petites sœurs, et l’extension du square du Sacré Cœur ne remplira pas la même fonction. Nous savons pourtant combien ces équipements sont utiles au voisinage des écoles.

C’est un nouveau mauvais coup porté aux espaces verts à Villette Paul Bert, quartier qui devrait pourtant être hautement prioritaire pour la réalisation d’espaces verts, notamment dans sa partie Nord. Après la démission de la Ville de Lyon pour le terrain Keller Dorian, l’approche modeste retenue sur le tènement Meynis, et les menaces qui planent sur l’Esplanade Dauphiné II, voici un nouveau renoncement de votre équipe en matière d’espaces verts à Villette, avec de nouveau l’argument du coût. Comme quoi, pour vous, il y a des projets qui seraient trop beaux pour Villette.  

3) Enfin, troisième interrogation, qui est plutôt d’ailleurs un constat. Une modification envisagée permettrait de construire à une hauteur de 50 mètres sur le terrain situé au Sud de l’avenue Félix Faure, le long de la voie ferrée. 50 mètres, rien de moins.

On comprend maintenant pourquoi vous avez tenu à déplacer le skate parc au risque d’en diminuer l’intérêt. Il devait en effet se faire sur ce terrain qui devrait donc accueillir une construction de 50 m. C’est ainsi le moment de vérité et l’épilogue pour ce dossier du skate parc.

En conclusion, je crois qu’il faut concerter et réétudier le projet de suppression de l’emplacement réservé de la rue de Créqui et qu’il faut revoir les deux autres modifications dont j’ai parlé.

Le bonheur est dans la ville proclame le Grand Lyon sur les panneaux publicitaires. Monsieur le Maire, vous affichez constamment « L’urbain et l’humain » comme ligne d’action de votre politique, mais vous agissez « béton et densité urbaine ». Telle est la politique que vous déclinez avec cette modification du PLU. C’est par ces petites touches que l’on modifie le cadre urbain.

Dans l’intérêt des quartiers Voltaire, Villette et Dauphiné, il ne semble pas opportun de donner un avis favorable à cette modification du PLU. En l’état je voterai contre ce dossier. »

L’enquête publique sur ce projet de modification du PLU se déroulera du 11 mai au 17 juin 2010.

 Je ne fais pas figurer les réponses pour éviter les problèmes de citation (le procès-verbal n’est validé qu’avec un certain délai). Mais vous pouvez consulter l’intégralité des débats sur le site de la ville de Lyon à l’adresse suivante :

http://www.lyon.fr/vdl/sections/fr/arrondissements/3arrdt/vie_democratique1733/conseil_darrondisse/?aIndex=1

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