En ce 70e anniversaire de l’Appel du 18 juin, si j’en crois ce que lis dans la presse, les Français ne croient plus au gaullisme, ou ne savent pas trop de quoi il s’agit, alors que la plupart des élus et responsables politiques auraient leur part de gaullisme. Ceci expliquerait-il cela ?
Le 18 juin est chaque année une grande date, tant le message associé est fort. J’aime beaucoup participer à la commémoration de l’Appel devant l’auditorium. Je regrette de ne pas avoir pu le faire cette année (dommage d’avoir avancé à 17H cette commémoration !).
Le gaullisme serait ainsi un héritage commun. Sans doute pour ce qu’il représente dans l’Histoire de France, et c’est une bonne chose. Nul doute également que le gaullisme dépasse la frontière droite/gauche. Mais pour autant, le gaullisme en politique est-il aujourd’hui nulle part et partout ?
Pour ma part, je me réfère au gaullisme depuis l’origine de mon engagement politique. Une double référence : celle du 18 juin et de la Résistance bien sûr, pour ce qu’elle porte d’honneur et de volontarisme pur. Mais aussi celle de l’œuvre politique des années de Ve République pour ce qu’elle représente en termes de redressement, de construction et de modernisation. Avec dans les deux cas, le refus du renoncement et la croyance en une France qui peut se surpasser.
Ce que je crois aujourd’hui c’est qu’une approche gaulliste, actuelle, n’est pas compatible avec :
- la quête systématique d’une déresponsabilisation des Français,
- le refus de traiter avec courage les grands enjeux du moment, comme par exemple celui des retraites, en préférant « refiler » le mistigri aux générations suivantes,
- un goût du Verbe et des postures déconnectés de l’action pragmatique,
- une approche corporatiste des collectivités territoriales qui aspire à créer 22 « IVe République » régionales et 100 « IVe République » départementales,
- la volonté d’accorder des droits « politiques » dissociés de la citoyenneté française ou européenne,
- la tentation de la décroissance,
- la défiance à l’égard du progrès scientifique et technique,
- l’obsession de l’abaissement de la France et de la repentance…