Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

Mois : novembre 2010

Que fait-on de la mémoire de Lyon ?

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J’ai passé dernièrement un long week-end à Berlin. J’adore séjourner dans cette ville, tout particulièrement en automne. L’ayant visité à trois reprises ces dernières années, j’ai bien mesuré son évolution récente, et j’en retiens deux constats en termes de construction d’une métropole : l’audace architecturale et la mémoire de la Cité.

Berlin est une ville très agréable. Ce qui frappe tout d’abord, c’est l’espace : Tiergarten et de multiples autres vastes espaces verts, de larges avenues, les lacs à proximité. Berlin, c’est aussi la culture et la créativité : elles sont présentes partout, sous forme de musées, de galeries, de décors urbains… C’est aussi, pour qui s’intéresse à l’histoire contemporaine, des lieux forts à « chaque coin de rue » ; le souvenir du Mur et de la guerre froide, mais pas seulement. Je trouve aussi que Berlin, c’est une esthétique urbaine, avec un mélange harmonieux de nature dans la ville, de monuments et œuvres d’art bien mis en valeur, de convivialité urbaine. Et je suis frappé par le nombre d’immeubles à l’architecture audacieuse. C’est vrai pour le secteur du Bundestag ou de la PotsdamPlatz. Le retour de Berlin au rang de capitale a bien sûr favorisé ce renouveau : il n’y a qu’à voir la succession des ambassades et représentation des länder dans ce secteur. Mais on trouve aussi des constructions ou réhabilitations étonnantes, intégrées à leur quartier, qui sont autant d’éléments de valorisation du cadre urbain. 

L’autre facette berlinoise qui me marque, c’est l’approche de la mémoire de cette ville. Partout, les souvenirs de l’histoire et du passé sont présents, « intelligemment ». C’est vrai pour les heures de gloire et les moments forts de la Cité. J’ai par exemple découvert cette année la galerie « JFK » et une expo sur le Parlement allemand. Mais c’est vrai aussi pour les épisodes lourds et tragiques de ce passé, notamment sous le nazisme. On trouve à Berlin des lieux qui expliquent la genèse de la Cité : les phases de son développement urbain, son histoire sociale, politique et culturelle, son patrimoine économique. Il existe par exemple un remarquable musée de l’histoire allemande. Concernant le patrimoine économique, j’avais eu la même impression à Munich, une ville qui n’hésite pas à associer à son histoire ses « success stories » de l’entreprise et de la recherche.

Le contraste est assez saisissant avec Lyon. Je trouve que notre ville n’accorde pas assez de place à son passé, ou qu’elle le fait de façon trop sélective en se limitant aux épisodes « clés » de son histoire. On peut aussi regretter qu’elle ne valorise pas plus son patrimoine économique et d’innovation, ses grands entrepreneurs et l’histoire dont ils sont les successeurs. L’approche retenue pour la réhabilitation de l’Hôtel Dieu en est une nouvelle démonstration, alors que le lieu aurait pu servir de phare pour les pôles de compétences de la métropole et de la région.

Certes, nous avons le Musée Gadagne. Je l’ai visité de nouveau récemment. Sa rénovation a permis d’embellir encore le lieu, et ses collections sont dorénavant bien présentées. Mais en quittant le musée, on a l’impression d’avoir survolé l’histoire de la ville, avec des « escales » à des moments clés. Au-delà de ce musée, il est je pense encore nécessaire d’enrichir et d’approfondir la mise en valeur de la mémoire de notre ville, et de mieux en tirer parti pour ses projets.

Garibaldi : aller au-delà du trait d’union

Retour sur la réunion de présentation des premières orientations d’aménagement de la rue Garibaldi, lundi 15 : des intentions d’aménagement qui vont dans le bon sens, des réserves qui subsistent et des « mots » qui interrogent.

Il me semble que les intentions d’aménagement présentées vont globalement dans le bon sens : une voirie « apaisée », avec un espace concédé aux modes doux, de bonnes liaisons Est-Ouest, une végétalisation, la valorisation des équipements et espaces publics (Auditorium, Halle Paul Bocuse, place des Martyrs…) . Tout cela rejoint la vision pour laquelle nous nous battons depuis des années.

J’approuve aussi le choix de retenir 3 voies de circulation automobile pour éviter l’asphyxie. Je partage aussi l’intérêt de poser d’emblée la nécessité de la desserte transport en communs de l’axe Garibaldi, une desserte qui est aujourd’hui bien insuffisante.

Restent quelques points de désaccord. Je regrette toujours le choix qui est fait de limiter l’aménagement à la section Vauban-Bouchut au cours de ce mandat. Je suis aussi toujours dubitatif quant à la faisabilité de la suppression de la trémie Lafayette, en termes de fluidité du trafic. Pourquoi ne pas conserver cette trémie, quitte à étendre sa couverture pour réaliser des aménagements devant la Halle de Lyon et l’auditorium ?

J’ai trouvé osée la justification par Gérard Collomb de l’absence de parking sous la future Tour In City. Ces propos étaient en gros les suivants : on ne crée pas de parking parce que la voirie est trop encombrée pour y accéder… Bonjour le cercle vicieux ! C’est sûr qu’avec les véhicules qui vont tourner en surface faute de parking à In City, on va avoir du mal à accéder au parking du Palais de justice, donc il faut supprimer ce parking….

J’ai aussi été étonné par les propos de l’Adjoint à la concertation, lequel, si j’ai bien compris, a dit vouloir s’en tenir à l’appellation « rue » pour l’axe Garibaldi. Je crois avoir compris que cela voulait dire rue = voirie apaisée. Selon moi, l’axe Garibaldi « nouveau » doit être un axe marquant, au cœur du 3e. Il doit être « agréable à vivre », tout en contribuant au rayonnement de Lyon et à la modernisation/revalorisation du quartier Part-Dieu. Il ne serait pas illogique que l’on parle dans cette logique de cours ou d’avenue Garibaldi. Je conteste l’équation avenue = nuisances urbaines. Il y a des rues très « pénibles à vivre » et des avenues très agréables.

Trait d’union semble être le mot d’ordre du projet. La rue Garibaldi nouvelle doit être un trait d’union entre les quartiers qui la bordent, et plus loin, entre la Part Dieu et le centre historique, et entre les parcs Tête d’or et Sergent Blandan. Oui, trois fois oui. Supprimer la coupure urbaine est l’un des premiers impératifs. Mais en matière de trait d’union entre Part Dieu et Presqu’île, le point crucial est surtout celui des transports en commun. C’est un problème de Lyon, que 2 de ses points centraux ne soient pas reliés directement, rapidement et de façon fiable par les transports en commun.

Donc trait d’union, oui, mais cela ne suffit pas. L’axe Garibaldi nouveau doit être un axe de prestige, de haute qualité urbaine, qui participe d’une vision nouvelle de la Part Dieu, quartier central à vivre.

Elle est où la fébrilité ?

Actualité oblige, en cette soirée, quelques réactions à chaud à la confirmation de François Fillon au poste de Premier ministre. J’avais prévu d’évoquer la rue Garibaldi, mais ce n’est que partie remise.

J’ai entendu toute la journée les réactions à la nouvelle nomination de François Fillon à Matignon. J’ai entendu M. Ayrault, chef des députés PS, nous dire combien il avait été gêné dans ses courses dominicales pour répondre aux interrogations des Français. Il y a eu malentendu Monsieur Ayrault, il ne fallait pas « lâcher le cabas », nous ne comptions pas sur vous pour accompagner ce remaniement. J’ai aussi entendu Marine Le Pen qui n’a visiblement pas intégré le fait qu’il ne suffit pas d’enchaîner les jeux de mots « limites » pour se donner un contenu politique. Et dans la série, je viens d’entendre Ségolène Royal qui constate l’absence de remaniement… Du côté des opposants, on sent bien un certain énervement. On peut le comprendre : voilà des semaines qu’ils préparaient un argumentaire de compassion pour François Fillon face au « méchant » Président. Patatras ! Les dénonciateurs du « bling-bling » en sont aussi pour leurs frais. Il a fallu trouver autre chose.

Que nous disent ces opposants ? Ils dénoncent ces mois d’attente pour avoir un nouveau gouvernement, se plaignant de la fébrilité qui a marqué la période depuis l’été. Mais elle est où la fébrilité ? D’emblée, l’échéance de la réforme des retraites avait été posée, logiquement. Le Gouvernement sortant a assuré, tout au long de l’épisode difficile du conflit social lié à cette réforme.

« Tout ça pour ça », c’est l’autre argument largement répété après la confirmation de François Fillon. Mais que croient ces opposants ? Que le tandem Président-Premier ministre se construit dans la presse People ? Qu’il ne s’agit que de questions de personnes ? Le choix d’un Premier ministre, c’est résoudre une équation compliquée : il faut une personnalité capable de concrétiser une ambition politique à un moment donné de l’histoire de France, et de fédérer les forces politiques chargées de mener cette politique. Le Président de la République a jugé que François Fillon était, en ce mois de novembre, cette personnalité.

Le message est clair. C’est un nouveau Gouvernement pour une nouvelle étape, en cette dernière ligne droite du quinquennat. Mais c’est une nouvelle étape dans le prolongement de ce qui a été accompli, en assumant ce qui a été réalisé et qui portera ses fruits dans l’avenir, car il en va ainsi avec le temps long de la politique. Là encore, on peut comprendre que le PS ait du mal avec cette logique, lui qui brille surtout par l’inconstance de ses positions, comme par exemple lorsque sa « leader » admet le recul de l’âge de la retraite, pour monter quelques jours plus tard dans le train de la contestation, ou bien encore quand ce parti dénonce l’endettement de la France après avoir clamé haut et fort l’insuffisance budgétaire du Plan de relance…

Pas de fébrilité ce soir, une détermination solide. Le Gouvernement de la France reprend sa marche en avant. Je terminerai ce post en me félicitant du retour à une place éminente d’Alain Juppé, et en saluant les promotions de nos deux ministres lyonnais, Michel Mercier, nouveau Garde des sceaux Ministre de la justice, et Nora Berra, dont le champ de responsabilités est étendu à la Santé.

Cantines, la galère continue

Lors du Conseil d’arrondissement de jeudi soir, j’ai interrogé Thierry Philip sur la poursuite de la grève dans les cantines. Directement concerné, j’avais eu aussi dans la journée plusieurs témoignages de parents m’exprimant leur ras-le-bol face à la poursuite du mouvement, en cette rentrée. La situation devient vraiment critique pour les familles notamment lorsque les parents travaillent.

L’adjointe aux affaires scolaires a confirmé l’ampleur de la poursuite de la grève : 7 restaurants scolaires sur 15 sont toujours fermés dans le 3e, avec un préavis courant pour l’instant jusqu’au 9 novembre. Pour le reste, le Maire a expliqué que la négociation se poursuivait avec un syndicat et qu’il restait à espérer une issue prochaine… Cette situation pose à mon avis plusieurs questions.

Tout d’abord celle du conflit social lui-même. De toute évidence, les choses ont été bien mal gérées par la Ville. Les revendications ont tout d’abord été masquées par le mouvement d’opposition à la réforme des retraites. Ensuite la Ville a communiqué sur une fin de mouvement, alors que l’accord n’était pas signé avec tous les syndicats. En tant que parent, nous avons ainsi reçu un courrier annonçant un accord avec la CGT qui se révélait plutôt optimiste quant à la réouverture des cantines à la rentrée. La déception n’en a été que plus grande dans les écoles toujours concernées.

Sur le fond du dossier, et la question de la dégradation des conditions de travail des agents, la Ville met en avant la progression « imprévisible » du nombre d’enfants qui déjeunent à la cantine. Le problème est en fait bien dû en partie à un défaut d’anticipation des conséquences du développement urbain. Je cite le syndicat CFTC : « la Ville de Lyon avait bien connaissance de la croissance démographique sur son territoire, notamment par le nombre de nouveaux logements, et aurait pu en anticiper les conséquences ». Par ailleurs, si la hausse des inscriptions est aussi liée à la crise, qui modifierait les besoins, cela n’exonère pas pour autant la Ville de sa responsabilité. Bien au contraire, la mobilisation en cette période difficile est l’affaire de tous. Et les cantines sont un service fondamental rendu à la population. L’adaptation de ce service aux besoins doit être une priorité, alors qu’il y a tant d’actions de la Ville qui sont un peu en marge.

Enfin, il y a la question des mesures temporaires que la Ville pourrait prendre, pour soulager les parents, dans le contexte de poursuite de la grève. Là encore, c’est le grand flou. Le courrier adressé aux parents ouvre une fenêtre, « en envisageant si nécessaire des solutions d’accueil à partir du 8 novembre si la grève devait durer ». Nous y sommes. Quelles sont ces solutions d’accueil ? Après avoir posé trois fois la question, j’ai obtenu un indice de réponse du Maire du 3e : « on ne va bien sûr pas contribuer à casser la grève ». Avec un tel volontarisme, on peut toujours espérer une solution… Et pourtant, une solution temporaire d’accueil des enfants pendant le temps du repas n’aurait rien d’un « cassage » de grève. Qui peut penser que les parents se satisferaient dans la durée d’un tel service ? Ce serait simplement permettre à de nombreux Lyonnais de sortir de situations éprouvantes et ingérables.

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