Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

Mois : avril 2011

Bon anniversaire ?

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Jeudi dernier, Michel Havard, et les élus du groupe municipal « Ensemble pour Lyon » avons tenu un point presse à l’occasion du bilan de mi-mandat municipal (je vous conseille la lecture de la plaquette que nous avons réalisée à cette occasion) ; eh oui, cela fait déjà trois ans que Gérard Collomb et son équipe ont entamé leur deuxième mandat.

Le bilan que nous tirons est celui d’un mi-mandat loin du quotidien des Lyonnais, le Maire de Lyon étant visiblement très occupé par certains grands projets et sa notoriété parisienne. Michel Havard a évoqué la réduction  brutale des dépenses dans des domaines d’action essentiels d’une Ville, ce qui ne manque pas de se traduire par une dégradation du service aux habitants et de la qualité de vie en ville : fermeture d’écoles, absence d’anticipation en matière de restauration scolaire, fermeture de 5 résidences pour personnes âgées sur 23, réduction de l’encadrement de ces résidences, refus d’instruire les demandes de RSA dans les antennes solidarité… Michel Havard a aussi évoqué trois scandales : le scandale immobilier de la rue Grôlée, le scandale financier de la SACVL et le scandale historique de la reconversion de l’Hôtel Dieu. Il a enfin dénoncé une méthode solitaire et l’attitude méprisante à l’égard des oppositions et avis divergents, ce qui explique largement les problèmes et échecs constatés.

En matière de méthode, j’ai évoqué les interrogations qui peuvent être les nôtres quand on constate comment sont engagés ou menés de grands projets d’urbanisme :

  • J’ai d’abord évoqué le projet de la « Confluence », son manque de cohérence avec notamment les difficultés d’accessibilité actuelles, qui seront encore beaucoup plus fortes dans quelques semaines. Je suis pour ma part très surpris de voir combien l’approche de l’aménagement d’un nouveau centre de ville a été déficiente à Lyon, ne serait-ce qu’en comparaison avec ce qui peut s’engager par exemple à Grenoble (municipalité PS, on ne pourra donc m’accuser d’esprit partisan). Lors de la dernière Commission permanente du Conseil régional, nous avons approuvé une convention cadre relative à l’aménagement du projet Presqu’île GIANT, convention à laquelle la Région est partie, avec toutes les collectivités iséroises concernées, les transports en commun de Grenoble, les futurs occupants du site (enseignement supérieur, équipements de recherche…). Nous sommes ici bien éloignés de la méthode lyonnaise pour Confluence.
  • Deuxième fait significatif du problème de méthode : une nouvelle phase de développement de la Part-Dieu a été lancée, prévoyant de multiples projets de démolition, construction pour développer l’offre disponible en locaux d’activité, autour de la gare Part-Dieu ; un projet qui prévoit également à court et moyen terme la réalisation de plusieurs nouvelles tours ? Où ce projet d’ampleur, fortement structurant pour la Part-Dieu et ses quartiers voisins du 3e, a-t-il été dévoilé par le Maire de Lyon : au Conseil du 3e, lors d’une réunion publique, devant les conseils de quartier concernés ? Pas du tout, c’était à Cannes, dans le cadre du salon immobilier MIPIM. Mais peut-être était-ce de la démocratie participative tournée vers les Lyonnais ayant la chance de disposer d’une résidence secondaire sur la Côte d’Azur !

Pour découvrir la plaquette « bilan de mi-mandat » du groupe Ensemble pour Lyon, cliquez ici.

Habile mais inadéquat

Je me suis plongé dans le programme du PS pour les échéances 2012, et notamment dans ses 30 priorités. Mon impression, c’est que la démarche du PS est habile puisqu’elle est construite sur des propositions parfois « concrètes » qui semblent répondre à un certain nombre de problèmes actuels. Il y a là une réelle habileté de Martine Aubry. Il est d’ailleurs assez drôle de voir comment certains de ses « camarades », y compris lyonnais, qui n’avaient pas de mots assez durs lors de son arrivée à la tête du PS, sont obligés aujourd’hui d’aller à Canossa…

Si la construction est habile, ce programme du PS pour les élections présidentielle et législatives, reposant sur ces 30 priorités, n’en est  pas moins inadéquat.

La première réflexion que l’on peut se faire, c’est l’absence de vision globale de la France à cinq ans, l’absence d’approche stratégique permettant au pays de faire face à ses défis. Nous sommes face à une liste de mesures ponctuelles, sans liant ou cohérence, et dont on voit mal les fondements « théoriques ». Deux exemples : si l’enjeu de la compétitivité du pays et de ses entreprises est bien cité, pour se prémunir de la critique, difficile de voir quelle orientation suivrait les socialistes pour continuer à regagner de la compétitivité. On voit bien par contre avec les promesses « sociales » qu’un supplément de « dépenses publiques » pèserait sur la société, et qu’il faudrait bien que quelqu’un les finance. Autre exemple, celui de l’entrée des jeunes dans la vie active : la mesure phare des 300 000 « emplois d’avenir », emplois jeunes à la sauce 2012, ne traite pas le problème de fond, et va même le renforcer en cantonnant trop de jeunes dans un « statut » parallèle.

Et on voit que cette approche est bien partagée par les élus du PS. Thierry Philip, Maire du 3e, nous en a offert un bel exemple la semaine dernière avec un post aussi populiste que laconique sur la cherté des prix. Peut-on quand on aspire à gouverner la France, s’en tenir à dénoncer la hausse des prix de l’énergie, des matières premières, du forfait  hospitalier, sans en analyser les causes,  pour tenter d’apporter des réponses à la mesure de problèmes qui dépassent largement le niveau national ? Ou bien le PS croît-il encore qu’il suffit d’instaurer le blocage des prix ?

L’habileté trouve cependant parfois ses limites, quand le naturel revient « au galop ». Car parmi ses mesures, on trouve quelques beaux exemples de la tentation du PS à encadrer la société. Il en va ainsi du mécanisme de plafonnement des loyers dont on sait pourtant les effets pervers qu’une telle mesure ne manquerait pas d’avoir. Idem pour la « punition » des jeunes médecins qui seraient tenus de combler les déserts médicaux. Il est d’ailleurs amusant de voir comment les socialistes qui connaissent bien ces sujets ne montrent qu’un soutien tout relatif à ces mesures.

Autre constat préoccupant : ce catalogue de mesures n’explique pas comment se feront les grands équilibres financiers. Comment le déficit budgétaire sera-t-il maîtrisé avec les promesses sociales à financer, que fait-on concrètement pour financer les retraites puisque les socialistes entendent revenir sur la réforme, « remettre l’hôpital au cœur du système » suffira-t-il pour maîtriser les dépenses de santé ?

L’impression de vision parcellaire, de court terme, n’en est que plus forte quand on constate que ce projet dit bien peu de choses sur la place de la France dans le monde. Est-ce parce que le PS vise un effacement international de la France, faire de notre pays un simple élément d’une Europe social-démocrate ?

Le débat va donc être riche dans les mois qui viennent, et pour nous, c’est un vrai défi compte tenu de l’habileté de la démarche et de son approche classiquement démagogique. Il nous faudra, comme en 2006/2007 face aux rêveries ségoléniennes, en appeler au sens de la responsabilité des Français.

Quel projet pour la France construire avec la jeunesse ?

drapeaux

Il faudra que les jeunes soient au cœur de la campagne pour les élections nationales de 2012 : parce que leur vision est précieuse pour construire le devenir de la France et parce que les conséquences de ces élections détermineront largement leur avenir d’adulte. Dans ce contexte, j’ai pris connaissance avec un grand intérêt de l’enquête « 2011 la jeunesse du monde » qui montre que les jeunes Français sont ceux qui sont le plus satisfaits de leur situation, tout en étant les plus pessimistes pour l’avenir.

Cette enquête planétaire a été réalisée par Fondapol auprès de 33 000 jeunes de 25 pays, ayant entre 16 et 29 ans. Le principal intérêt de cette étude est de montrer les différences de perceptions de la jeunesse, selon les pays. A mon avis, elle présente des surprises pour ce qui est de l’opinion des jeunes Français.

Premier constat : les jeunes Français apparaissent plutôt satisfaits de leur situation personnelle : 83 % disent ainsi être satisfaits de leur vie. C’est le 2e niveau le plus haut parmi les pays européens (la moyenne européenne est à 78 %), et il se situe aussi au plus haut au plan mondial. Par ailleurs, 61 % des jeunes Français sont satisfaits de leur travail : c’est le plus haut niveau en Europe, et le 2e rang au plan mondial. Par rapport au travail, les jeunes Français sont ceux qui témoignent du plus grand équilibre entre les trois dimensions suivantes d’une carrière réussie : un bon salaire, un travail intéressant et une bonne ambiance de travail. Ces résultats ne doivent bien sûr pas occulter le problème crucial du chômage des jeunes, qui est l’un des premiers défis de notre société. Mais les résultats de cette enquête, pour d’autres pays avec un chômage élevé chez les jeunes, ne sont pas au niveau de ceux de la France pour la satisfaction au travail.

2e constat : si les jeunes Français sont ceux qui semblent les plus satisfaits de leur situation personnelle, ce sont pourtant ceux qui affichent un pessimisme record. 17 % seulement pensent que l’avenir de la France est prometteur, soit un niveau très bas, comme chez nos voisins européens (25 % en Allemagne, 20 % en Espagne, 22 % en Italie). La situation est différente hors d’Europe : 37 % aux USA, 49 % en Israël, 59 % en Russie, 65 % au Canada, 82 % en Chine ! Des résultats qui font toucher du doigt les problèmes de la « vieille Europe ».

Pour compléter ce constat préoccupant : 53 % des jeunes Français jugent leur avenir personnel prometteur (61 % en Europe, 56 % en Allemagne), et 49 % sont certains d’avoir un bon travail dans l’avenir (71 % en Allemagne, 65 % en Europe).

3e série de constats, sur les projets de vie des jeunes, qui ne manquent pas d’intérêt. Pour les jeunes Français, la première concrétisation d’une vie satisfaisante, c’est de fonder une famille (47 % des interviewés pour une moyenne européenne de 39 %). Quant à leurs projets dans les 15 ans, le plus fréquent chez les Français est d’acquérir son logement (68 % soit le record mondial), et ensuite d’avoir des enfants (58 %, 2e rang mondial).

Résultat intéressant aussi sur une question de société qui figure à l’agenda politique : 67 % des jeunes Français jugent que les immigrés doivent s’intégrer dans le pays d’accueil, soit un niveau élevé que l’on retrouve aussi en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni. Aux Etats-Unis et au Canada, les résultats sont respectivement de 43 % et 53 %. Ces résultats pour la « vieille Europe » semblent assez éloignés de l’image que l’on voudrait parfois nous imposer d’une jeunesse aspirant à une société mondialisée, fondée sur le multiculturalisme.

Alors que penser de ces résultats, quelle conclusion en tirer pour le projet pour la France que nous devons construire ? Comment interpréter notamment la contradiction entre une situation personnelle actuelle vécue comme relativement satisfaisante (en comparaison avec la situation dans d’autres pays) et le fort pessimisme pour l’avenir : la conviction que le « modèle » français ne pourra plus « tourné » comme dans le passé, une confiance dans l’avenir sapée par l’autodénigrement, 1er sport national, ou encore la difficulté à faire adhérer la jeunesse à un projet « de conquête » ?

Cette enquête planétaire confirme en tous cas l’élan qui existe hors d’Europe, dans les pays « émergents » et ailleurs. Rien que cela doit nous amener à réfléchir.

Hypocrisies

L’hypocrisie a été bien présente ces derniers jours. Dimanche dernier, avec certains résultats « troublants » pour ce 2e tour des cantonales. Si le scrutin garde naturellement ses secrets, et si les électeurs du 2e tour ne sont pas toujours tous ceux du 1er, une analyse des reports de voix donne toutefois des éclairages. Se dessinent alors des cocktails de reports osés, style mariage de la carpe et du lapin, qui tendent à confirmer les rumeurs sur des « consignes » bien peu en adéquation avec des propos moralisateurs tenus quelques temps plus tôt.  Si c’est ça le modèle lyonnais du PS, peut-on parler de modèle ? Raison municipale dirons-nous…

Cela rappelle clairement une chose : l’abstention massive donne toutes latitudes aux jeux tactiques politiciens.

Je suis par ailleurs revenu en Conseil du 3e arrondissement sur l’affaire des bulletins annulés (cf. mon précédent post). Non par volonté de rejouer le match, mais pour qu’il soit connu que sans ces annulations que nous jugeons abusives, l’ordre d’arrivée de Gérard VOLLORY dans le 11e canton aurait été 3e, devant le FN, et non 4e. Ce n’est pas neutre au plan politique. Dans mon intervention en Conseil, j’ai parlé d’hypocrisie, car je déplore que des élus de gauche, toujours promptes à s’émouvoir de la montée du FN, en donneurs de leçons, prennent la responsabilité politique – en décidant l’annulation des bulletins, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit -, de conduire à modifier l’ordre d’arrivée des candidats.

Ce jeudi nous a heureusement apporté la bonne nouvelle de la réélection de Michel MERCIER à la Présidence du Conseil général, avec Michel FORISSIER à la 1ère Vice-Présidence. Le département du Rhône garde sa majorité de Droite et du Centre, dans la clarté. C’est l’échec pour les manœuvres politiciennes, certains vont devoir rebooter leur GPS !

Hypocrisie toujours, sur un autre registre. Dans le cadre de l’élaboration de la stratégie régionale d’enseignement supérieur et de recherche, la majorité de gauche du Conseil régional a laissé libre cours à son opposition systématique à la politique gouvernementale. Dans le viseur, les investissements d’avenir et le Plan campus accusés de grands maux : exacerber la concurrence entre les laboratoires de recherche, favoriser l’élitisme, engendrer la concentration du Savoir via la métropolisation… J’avais regretté, dans mon intervention, cette posture politicienne allant à l’encontre des intérêts des Rhônalpins et porteuse de risques pour notre région. Eh bien, ce sont les mêmes responsables politiques, qui après avoir critiqué les dispositifs lancés par le Gouvernement, se félicitent de leurs résultats en Rhône-Alpes, quand sont connus les conclusions des appels à projet « Investissements d’avenir » (LABEX, EQUIPEX). La tentative de récupération n’est jamais loin, comme cela avait été le cas pour les pôles de compétitivité.

Même constat lors de la visite de Valérie PECRESSE, pour suivre l’avancement du Plan campus. Nos grands élus étaient là, je ne sais pas s’ils ont renouvelé à Mme la Ministre leurs critiques…

Souhaitons-nous plus de clarté pour 2012, sur les coalitions et les projets !

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