Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

Mois : juillet 2011

Question après une non boulette

La proposition d’Eva Joly, en pleine Fête nationale, de supprimer le défilé militaire du 14 juillet, a suscité avec raisons ces derniers jours un large tollé. A mon avis, il ne s’agit certainement pas d’une boulette, ni d’un propos isolé de Mme Joly. Cela pose en tous cas une fois de plus la question de la Vision pour la France de la gauche plurielle.

Cette proposition d’Eva Joly de supprimer le défilé militaire du 14 juillet est d’abord scandaleuse puisqu’elle survient alors-même que la France vient de perdre encore plusieurs soldats engagés en Afghanistan. Le moment devait plutôt être celui de l’hommage aux armées et à leur engagement, un hommage tout particulier à ceux qui servent la politique de la France sur les théâtres étrangers.

Cet appel est aussi significatif et il n’est certainement pas une boulette maladroite. En refusant de mettre les forces armées à l’honneur le jour de la Fête nationale, cet appel est bien l’expression d’une opinion d’une des leaders de la gauche plurielle. Eva Joly a depuis cherché à corriger le tir en disant qu’elle est pleinement sensibilisée aux questions de défense, qu’il faut un autre symbole pour la Fête nationale et que ce défilé militaire pourrait se faire le 8 mai ou le 11 novembre. Ce complément n’est pas «convaincant ». D’abord la Fête nationale ne se limite pas aujourd’hui aux défilés militaires ; c’est aussi un jour férié censé être porteur de sens sur la République, ce sont aussi des bals populaires et autres animations devant incarner la cohésion nationale. Quant à l’idée de limiter les défilés militaires aux jours des commémorations d’armistices, ce serait un message inadapté : le regard sur les forces de défense ne peut être tourné que vers l’Histoire.

Cette proposition n’est pas non plus une position isolée. Elle n’est pas surprenante de la part de la candidate d’Europe Ecologie Les Verts à la présidentielle. Je pense même qu’elle est tout à fait calculée pour séduire le cœur de l’électorat vert, et s’assurer un bon score de 1er tour pour la présidentielle. Et au-delà, les désaccords exprimés par certains leaders socialistes ne doivent pas masquer le fait qu’une telle proposition ne peut que satisfaire une partie de la gauche, y compris au PS.

Et c’est bien là que réside la vraie question. La proposition d’Eva Joly démontre la vision « bisounours » d’une partie de la gauche sur la géopolitique mondiale et les questions de sécurité. Elle témoigne aussi d’une aversion de cette même gauche à une France qui tient son rang dans le monde et du manque de considération pour l’Armée en tant qu’institution de la République. Nous sommes bien là au cœur du débat sur la vision que nous avons pour la France. Et sur ce sujet de la Défense nationale, comme sur celui des choix énergétiques, du sens de la nationalité, des libertés au plan économique, la vraie question que chacun devra se poser d’ici 2012 est la suivante : quelle serait la politique d’un Gouvernement de gauche plurielle ?

A côté de la plaque

P7100070La refonte de la politique de soutien à la vie associative a occupé une bonne place de la dernière session du Conseil régional. Cette redéfinition était souhaitable, tant le soutien aux projets associatifs présentait des limites. Mais le résultat de cette refonte est encore pire ! Voilà pourquoi…  avec en prime un second cahier de vacances citoyen sur le thème de la traduction du verbiage gauche plurielle…

Plus encore qu’hier, la plupart des associations qui font l’animation et la cohésion de nos territoires, resteront en marge du soutien régional. Pourquoi ? En fait, tout est dit dès le titre de la nouvelle politique « développement de la vie associative et de l’éducation populaire ». Ainsi pour être aidée, une association devra participer à l’éducation populaire. Le texte voté par la gauche plurielle est d’ailleurs clair : « la politique régionale n’a pas vocation à soutenir l’activité de l’ensemble des associations ».

Concrètement, pour être aidées en matière de formation, de gestion… les associations devront passer par les réseaux associatifs régionaux constitués. Deux conséquences : cela défavorise les petites associations indépendantes, et cela renforce le risque d’encadrement « idéologique » du mouvement associatif.

Par ailleurs, l’appel à projets qui permettait (de façon très imparfaite comme je l’avais signalé) d’aider financièrement les associations régionales est remplacé par un dispositif de soutien pluriannuel au projet associatif. Problème, ce soutien sera destiné aux associations s’inscrivant dans une démarche d’éducation populaire et citoyenne, sachant qu’en plus, les projets bénéficiant de co-financements locaux seront privilégiés. Bref les petites associations indépendantes, qui œuvrent au quotidien pour créer de la convivialité, que ce soit en matière de sport, de culture, d’aide aux personnes âgées… resteront en marge. Et pourtant, je le vois bien dans le 3e, leur rôle social et sociétal est majeur, et elles ont aussi besoin d’aide, parce qu’elles connaissent parfois des crises de croissance, des transmissions de relais difficiles et parce qu’elles sont fragiles, reposant le plus souvent exclusivement sur le bénévolat. Cela veut aussi dire très concrètement que l’argent de vos impôts ira irriguer une partie bien déterminée du tissu associatif.

Ce dossier du soutien à la vie associative offre en tous cas un bel exemple de l’approche idéologique qui est celle de la majorité « gauche plurielle » de la Région.

Bien évidemment, après une brillante argumentation de mon collègue Fabrice Marchiol, le groupe de l’Union de la Droite et du Centre a voté contre ce projet, compte tenu de sa mauvaise orientation.

Pour terminer ce post en riant (jaune), quelques morceaux choisis tirés du texte qui fixe cette nouvelle politique régionale. Disons que ce sera un 2e exercice de nos cahiers de vacances citoyen, avec l’énoncé suivant : pouvez-vous traduire en français ces phrases de gauche plurielle ?

  • La démarche d’éducation populaire et citoyenne intègre la construction d’un espace de débat, de dialogue civil garant de l’accès à une véritable citoyenneté.
  • Pour accompagner au mieux la mutation de l’éducation populaire et citoyenne, il est ainsi proposé que dans une logique de facilitation et de médiation un dialogue soit ouvert afin de définir un plan d’actions ambitieux pour l’éducation populaire en Rhône-Alpes d’ici 2012.
  • Le COREVA en se transformant en espace permanent de débat et d’expérimentation pourra, selon les sujets, se reconfigurer en accueillant ponctuellement des acteurs institutionnels relevant de l’Etat ou des collectivités territoriales.
  • La Région devra développer des actions autour d’outils concrets de mesure et de valorisation des bénévoles : les monnaies d’engagement permettant de valoriser les pratiques citoyennes et contribuant ainsi au renouvellement du bénévolat.

Un indice : cela ne veut surtout pas dire que l’on va aider vos associations de proximité !

Cahier de vacances

Pour beaucoup d’entre vous ce doit déjà être les vacances, et pour certains, c’est le moment de glisser discrètement les cahiers de vacances dans les valises ! Cela me donne l’idée d’un cahier de vacances citoyen avec un exercice à méditer pendant  cette période estivale. Désolé de vous saper le moral !

Enoncé

Sachant :

  • Que le PS a présenté aux Français le programme qu’il appliquerait en cas de victoire à la présidentielle,
  • Que le retour à la retraite à 60 ans et 300 000 nouveaux emplois jeunes sont deux mesures phares de ce programme,
  • Que par ailleurs, le PS a décidé d’organiser un processus de Primaires pour que les sympathisants de gauche puisse choisir le candidat à la présidentielle qui portera ce programme,
  • Que Manuel Valls, quadra socialiste plein d’avenir, est candidat dans le cadre de ces primaires,
  • Que le même Manuel Valls est contre le retour à la retraite à 60 ans et les emplois jeunes.

Question : à quoi joue-t-on au PS ?

Je sais c’est super dur pour un premier exercice… Y’a p’t être même pas de réponse !

Dommage

Grande déception quand j’ai appris à 17H20 que PyeongChang avait été choisie pour organiser les JO d’hiver 2018. Dommage, Annecy Haute Savoie était un beau projet. Je pense ce soir à tous ceux qui ont porté activement la candidature d’Annecy – membres du Comité de candidature, sportifs, bénévoles…  -, tout au long de ces derniers mois.

Il faut aussi saluer la présence à Durban du Premier Ministre, François Fillon, pour soutenir jusqu’au bout le projet de la France, ce projet de « montagnards ».

Je regrette que ces derniers jours, certains opposants au projet aient avancé l’argument que le projet n’était soutenu que par une courte majorité de la population de Haute-Savoie. C’était une façon bien partielle de présenter les résultats d’un sondage. C’était occulter le fait que selon le même sondage, les 2/3 des Rhônalpins y était favorables comme je l’avais signalé alors.

Il faut maintenant capitaliser sur cette candidature et sur le travail réalisé. Le projet Annecy 2018 s’était donné pour ambition de « Refonder la montagne du XXIe siècle ». C’est une belle ambition pour Rhône-Alpes qui reste pleinement d’actualité.

De moins en moins stratégique

L’examen de la politique des clusters de recherche, lors de la dernière session du Conseil régional, a confirmé que la stratégie régionale de la recherche, comme je l’avais souligné lors de son vote, était décidément bien peu stratégique : la définition des nouveaux clusters de recherche (les ARC ou communautés de recherche académique) qui seront soutenus par la Région s’avère bien peu sélective, voire douteuse sur certains thèmes. Il s’agit plus de faire plaisir à tout le monde que de renforcer les chances de Rhône-Alpes d’être en pointe en Europe et dans le monde sur certaines thématiques de recherche.

Pour se défendre, le conseiller spécial à la recherche, Thierry Philip, joue la carte de la démagogie assumée en disant qu’il laisse les chercheurs décider. On se demande bien dans ce cas pourquoi la Région se donne du mal pour définir une stratégie. Cette affirmation du conseiller spécial est assez savoureuse puisque, dans le même temps, la Région n’a jamais autant cherché à encadrer, par des critères « bien pensants » l’appui aux entreprises et le soutien aux associations (j’y reviendrai prochainement).

Mais j’imagine que le monde de la recherche sait très bien que cette approche peu stratégique va surtout permettre de faire les choix en « petits comités », discrètement, en veillant à ne pas froisser les différentes composantes de la majorité. L’évaluation des anciens clusters de recherche, commanditée par la Région elle-même, avait pourtant montré que ce dispositif avait besoin de choix plus clairs et de transparence dans le fonctionnement.

Bref, tout cela ne sera bon ni pour la recherche rhônalpine, ni pour les chercheurs, ni pour l’institution régionale.

Pour ceux que le sujet intéresse, le texte de mon intervention lors de la session du 1er juillet du Conseil régional.

“Monsieur le Président,

Vous avez l’intention de nous faire ratifier aujourd’hui ce que vous présentez comme des textes techniques de mise en œuvre de la stratégie régionale de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ces textes vont en fait au-delà des simples procédures d’application. Certaines dispositions rentrent dans le « dur » de la stratégie, pour rendre celle-ci concrète. Cela mérite donc un travail approfondi.

C’est particulièrement le cas avec les nouveaux clusters, les communautés de recherche académique. Nous ne sommes pas opposés au principe de ces clusters de recherche, même si nous souhaitons depuis longtemps une meilleure articulation avec les clusters économiques et les pôles de compétitivité.

Le premier problème c’est le passage en force que vous tentez, la concertation sur cet important dispositif ayant été indigente. La stratégie régionale qui a été votée en février annonçait la réduction du nombre de clusters. Mais depuis son vote, aucune information sur les choix en préparation. Votre délibération mentionne une réflexion ; force est de constater que les élus ont été tenus à l’écart. Nous avons découvert il y a quelques jours la liste laconique des nouveaux clusters. Ce n’est pas acceptable. Les amendements déposés par les différents groupes, y compris de votre majorité, démontrent le déficit de concertation. J’ai demandé le retrait du dossier en commission pour se laisser le temps d’approfondir la réflexion. Je regrette que les autres groupes ne l’aient pas soutenue. Je crains que le travail à marche forcée sur ces amendements ne permette pas de rétablir l’équilibre de ce rapport.

Votre rapport définit donc les thèmes des nouveaux clusters, c’est-à-dire les domaines autour desquels vont se structurer des réseaux de recherche.

Ces clusters vont conditionner les allocations budgétaires, donc les priorités de financement de la recherche. C’est bien dans le choix des priorités de recherche que se trouve la réelle dimension stratégique de l’intervention de la Région.

Votre passage en force serait admissible si les thèmes des clusters étaient pertinents. Même si l’on manque d’informations, on peut en douter.

1er constat : même si vous vous abritez derrière des priorités européennes (bravo la subsidiarité !), certains apparaissent très (trop) larges. Santé, environnement, énergie : est-ce que cela fixe réellement des axes de recherche ? Les régions qui gagnent sont pourtant celles qui font le choix des spécificités, de la différenciation. Pour ne prendre qu’un seul exemple, en matière d’énergie, sur quelles sources d’énergie comptez-vous orienter la recherche ? L’ambition de la région ne peut pas se limiter à inciter les laboratoires à travailler ensemble. Il est de sa responsabilité politique de dire dans quelle direction ce travail doit se faire. S’il s’agit d’être aussi vague, voire politiquement correct, un seul cluster « région durable, équitable, citoyenne et solidaire » aurait pu suffire !

D’autres clusters suscitent questions et inquiétudes : que va traiter le cluster « Culture, Sciences, Sociétés et Médiations » ? Quant au cluster « Industrialisation et sciences de gouvernement », nous ne pouvons que nous féliciter de l’intérêt porté à la question industrielle, pour trouver les voies de l’avenir de l’industrie dans notre région. Mais que viennent faire dans cette affaire les sciences de gouvernement : est-ce un retour aux industries industrialisantes, ou pire, une nostalgie de la collectivisation.

La liste des clusters ne semble donc pas pertinente. Les dispositions de mise en œuvre non plus. Votre règlement prévoit ainsi qu’un programme scientifique cadre pluriannuel sera déposé par chaque cluster. Ce programme précisera les procédures et critères de sélection des projets. Un document fondamental : et pourtant notre assemblée ne sera pas amenée à l’examiner.

Les projets soutenus seront certes validés en commission permanente, mais cette phase de validation se fera en fonction d’un cadre qui n’aura pas été défini par la gouvernance politique de la Région. Résultat : soit le contrôle par les élus sera factice, soit il pourra aboutir à des contradictions avec les objectifs des clusters, d’où des recours potentiels des porteurs de projets.

Vous organisez ainsi l’effacement de la Région en matière de politique de recherche. Et pourtant, l’évaluation des anciens clusters avait recommandé d’affirmer la présence de la Région dans leur fonctionnement. Vous faites donc exactement l’inverse.

Autre conclusion notable de l’évaluation des anciens clusters : le nombre insuffisant de projets menés en relation avec les pôles de compétitivité. Force est de constater que les avancées avec les ARC sur cette question sont très faibles, et que vous comptez encore les réduire avec un de vos amendements.

Priorités insuffisantes ou ambiguës, manque d’articulation avec les pôles de compétitivité, effacement de la Région dans le pilotage ; tout cela confirme ce que nous dénoncions lors du vote de la stratégie. Ce n’est pas vraiment une stratégie, c’est en fait un cadre administratif pour subventionner des activités de recherche, avec un manque de transparence patent.

Pour les ARC, l’ouvrage mérite d’être remis sur le métier. Nous vous demandons donc encore une fois de reporter l’examen de ce dispositif à la prochaine assemblée pour se laisser le temps d’une réelle concertation. Nous en avons le temps puisque nous avons voté hier en Commission permanente les dispositions transitoires pour animer les clusters en 2011. C’est l’objet de notre amendement.

Concernant le dossier « Université citoyenne et solidaire », comme nous l’avions signifié lors du vote de la stratégie, nous ne sommes pas favorables à cet appel à projets.

Accroître les compétences et connaissances des étudiants, favoriser leur professionnalisation, ouvrir l’université sur son environnement : tels sont les objectifs de cet appel à projets. Ne s’agit-il pas d’objectifs « naturels » de l’enseignement supérieur ? Est-il besoin d’un appel à projets spécifique sur ces objectifs, avec ce que cela implique de coûts de gestion et de lourdeur administrative ? La réponse est non, à moins bien sûr qu’il s’agisse de satisfaire des exigences de votre majorité : peut-être faudrait-il alors renommer l’appel à projets « université communiste et écologiste ».

Si une incitation supplémentaire doit être donnée sur ces objectifs, elle pourrait tout à fait se faire, à moins de frais, via le processus classique de contractualisation avec les établissements d’enseignement supérieur. Il y a ici une source d’optimisation : pour rappel le budget « Université citoyenne et solidaire » a été de 250 000 euros en 2010. Cela équivaut grosso modo à la baisse des crédits de fonctionnement pour la contractualisation que vous avez engagée en 2011.

Nous confirmons donc notre proposition d’abroger ce dispositif par souci de cohérence et d’économies.”

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