Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

Mois : novembre 2011

A n’y rien comprendre

Le départ de Thierry Philip du Conseil régional a entraîné une « réorganisation » de l’exécutif régional. La complexité de la machine régionale en est accrue. Cette complexité n’est pas bonne pour l’enseignement supérieur et la recherche en Rhône-Alpes. Ce post est aussi l’occasion de revenir sur deux vérités arrangées du PS local.

Quelques mots en effet sur le départ de Thierry Philip du Conseil. Je lis ici ou là « qu’il aurait fait le choix » de quitter cette collectivité par souci de ne pas additionner trop de mandats. Je crois bon de rétablir les choses : ce n’est pas un choix mais une obligation par la loi, car il y a des limites au cumul.  Belle façon de présenter les choses à son avantage ! C’est la même chose quand je lis que Najat Belkacem a le “sens du devoir” en étant candidate dans la 4e circonscription du Rhône pour les législatives… Cela fait des mois que les journaux relatent ses tentatives « malheureuses » pour trouver une circonscription plus facile, à Bron, Villeurbanne et ailleurs. Le « retour » sur la 4e semble donc bien par défaut. Je suis étonné que certains « observateurs » locaux se laissent abuser par ces arrangements avec la vérité.

Pour en revenir à Thierry Philip, il aurait en effet dû abandonner son mandat régional dès les élections cantonales s’il n’y avait pas eu de recours pour cette élection. Il aurait d’ailleurs pu abandonner son mandat malgré le contentieux électoral. Cela pose en tous cas clairement le problème du cumul-enchaînement des mandats : dans le cas présent, après une réélection à la Région en 2010, le Maire du 3e a eu en ligne de mire les cantonales de 2011. Conséquences : la mise en œuvre de la stratégie régionale d’enseignement supérieur-recherche a été bâclée, puis une période de flottement s’est installée depuis mars 2011.

Le temps d’une nouvelle « organisation » est donc venue à la Région : pour remplacer le conseiller délégué Thierry Philip, le Président du Conseil régional Jean-Jack Queyranne prend en charge lui-même les relations avec les universités-grandes écoles. Le Vice-Président à l’économie hérite de tout ce qui concerne l’innovation. Et une nouvelle conseillère déléguée est nommée, mais avec des responsabilités limitées à la vie étudiante et aux formations sanitaires et sociales.

Voilà donc l’enseignement supérieur-recherche éclaté entre trois responsables… cela ne me semble pas bon pour la cohérence de la politique sur ce thème :

  • En rattachant l’innovation à l’économie, c’est certes bien prendre en compte le rôle premier des entreprises, mais c’est prendre le risque de « décrocher » l’université de cet impératif, alors que c’est là que se trouve l’enjeu.
  • Avoir un Président du Conseil régional qui se charge des relations avec les établissements, c’est le « top » pour ces établissements… tant que les disponibilités du Président permettent un réel suivi.
  • Enfin, il me semble dommage de séparer les formations sanitaires et sociales des autres cursus. De la même façon, « isoler » la vie étudiante n’est pas un bon choix, alors qu’il faut au contraire rechercher la réussite des étudiants de façon globale.

J’ai demandé des éclaircissements sur ce “remaniement”  jeudi en commission. Je ne suis pas vraiment rassuré par la réponse du Vice-Président à l’économie qui a indiqué que tout cela était transitoire. Mais de quelle transition s’agit-il ? Si c’est dans l’attente des résultats des élections nationales de 2012, on ne peut que répondre qu’il faut agir et ne pas avoir les yeux rivés sur les éventuels mandats d’après. Si c’est une transition jusqu’en 2014, dans l’attente de la mise en place de la nouvelle décentralisation, reconnaissons que cela fait quand même un bail de 2011 à 2014.

Pour ma part, je pense qu’un vrai Vice-Président à l’enseignement supérieur-recherche, ne « pensant qu’à ça » de 2010 à 2014, cela n’aurait pas été du luxe. La thématique et ses enjeux le justifient. C’est en tous cas ce à quoi aspirent les électeurs rhônalpins quand ils votent.

Gare aux effets collatéraux

Aménagement Part Dieu

Lors du dernier Conseil d’arrondissement, j’ai eu un échange assez vif avec le Maire du 3e à propos du développement de la Gare Part-Dieu. Le lancement d’études sur le projet d’aménagement du pôle d’échange multimodal était en effet à l’ordre du jour. J’ai fait part de mes inquiétudes sur le fait que ces études, centrées sur l’accessibilité et le fonctionnement de ce pôle, me semblaient oublier les quartiers du 3e environnants. Cela n’a visiblement pas plu à Thierry Philip.

Je maintiens que la façon avec laquelle Gérard Collomb et Thierry Philip, les Maires PS de Lyon et du 3e, abordent la question du développement de la Gare Part-Dieu est inquiétante, pour les raisons suivantes :

  • Le projet de « hub métropolitain » de Gérard Collomb est porteur de déséquilibres. Quand on l’entend, on voit que la Part-Dieu est vue comme un méga pôle d’emplois vers lequel doivent converger tous les matins, par TER et autres transports en commun, des milliers de personnes habitant de plus en plus loin. C’est certes une réalité, mais il n’y a pas lieu de chercher à la renforcer : il faut aussi faire en sorte que des gens habitent et travaillent en centre-ville. C’est tout l’enjeu de la politique du logement : les actifs doivent pouvoir continuer à vivre dans le 3e, y compris autour de la Part-Dieu.
  • 2e constat : certes, la gare Part-Dieu est un élément clé du rayonnement de l’agglomération. Elle doit être au cœur du réseau européen de la grande vitesse et continuer à jouer le rôle de pôle d’échanges. Pour autant, il n’est pas forcément nécessaire de «tout concentrer sur la Part-Dieu ». Il est possible d’équilibrer la desserte ferroviaire avec les autres gares, ce que viennent de rappeler les services de l’Etat. La croissance de la Gare Part Dieu ne doit pas être une fin en soi.
  • Enfin, dans ces réflexions sur le développement du pôle d’échange, les quartiers d’habitation limitrophes (10 000 personnes à la Part-Dieu, 40 000 avec Villette-Paul Bert et Part Dieu Sud) semblent oubliés.

Les preuves de cela ?

  • Quand le cadrage des études se borne à préciser « qu’il faut étudier les conséquences des différents scenarii d’aménagement de la gare sur l’organisation du pôle d’échange », cela montre bien que les quartiers d’habitation voisins sont oubliés : il faudrait ainsi que ces scenarii soient aussi évalués en fonction des conséquences sur l’accessibilité de ces quartiers. On ne peut aujourd’hui que constater que les modifications de circulation dans le secteur Villette/Bonnel/Flandin dégradent le cadre de vie des habitants.
  • Ainsi, un scenario envisage une entrée supplémentaire de la gare, avenue Pompidou, ce qui pourrait entraîner la fermeture de cet axe et le report de la circulation sur Paul-Bert. Ce scenario ne peut être évalué sans prendre en compte les effets sur les conditions de circulation dans le centre de quartier de Villette-Paul Bert, déjà bien compliquées.
  • Autre fait significatif : l’aménagement de la place de Francfort a été suspendu de façon surprenante, du fait semble-t-il d’une modification de la desserte de Part-Dieu Villette en transports en commun. Cela montre bien que l’aménagement urbain du secteur est vu uniquement comme une conséquence de la desserte de la Part Dieu en transports en commun : il y a pourtant des centaines d’habitants dont c’est le cadre de vie.

Alors, le Maire du 3e peut bien être mécontent de ce débat. Je reste étonné du fait que le Maire de Lyon, et a fortiori celui du 3e, soient autant focalisés sur la gare, en oubliant les quartiers d’habitation.

Amnésie

Dans une interview parue la semaine dernière dans « Les Petites Affiches Lyonnaises », le Vice-Président PS du Grand Lyon chargé du développement économique, cite, à juste titre, l’Institut de Recherche Technologique LyonBiotech comme l’un des projets majeurs de l’agglomération en matière d’innovation. En effet, ce campus technologique, va soutenir de nombreux projets qui devraient générer du développement économique pour la région lyonnaise et Rhône-Alpes à moyen-long terme.

Monsieur Kimelfeld oublie juste de mentionner, sans parler de souligner, que cet Institut de Recherche Technologique a été retenu dans le cadre du programme des Investissements d’avenir, lancé par le Gouvernement, et qui sera financé par l’Etat (Grand emprunt). Bref un exemple concret de ce que fait l’Etat pour assurer l’avenir du pays… et pour contribuer au développement des territoires. Cet oubli des tenants de l’affaire est sans doute l’effet d’une amnésie…

Vous me direz que c’est toujours mieux que l’attitude schizophrène qui sévit au Conseil régional sur le sujet des Investissements d’avenir. Dans cette collectivité, pour la majorité PS-Verts, il est de bon ton de tirer à boulets rouges sur le programme Investissements d’avenir, jugé trop tourné vers l’excellence ( !)… ce qui n’empêche pas le Président de région de se féliciter, dans ses communiqués de presse, des projets retenus par ce même programme en Rhône-Alpes, sans citer bien sûr le financement de l’Etat. Pour rappel, lors du vote de la Stratégie régionale d’enseignement supérieur et de la recherche, c’est après une bataille serrée que j’avais réussi à faire admettre un amendement permettant de saisir les opportunités liées au programme Investissements d’avenir.

Mais finalement, rien que de très classique de la part du PS face à la politique gouvernementale : nier, dénigrer et occulter les réalités.

En tous cas, pour une bonne information sur les bénéfices du programme Investissements d’avenir pour Lyon et Rhône-Alpes, je vous conseille plutôt la lecture de l’article du Sénateur UMP François-Noël Buffet dans « Top Rhône-Alpes ».

Pouvez répéter la question ?

Incrédulité et stupeur ! C’est un peu les réactions qui s’imposent à nous, comme je l’ai lu sur Twitter toute la journée, après l’annonce, par le Premier ministre grec, d’un référendum sur l’accord européen  de la semaine dernière. Après toutes ces semaines d’efforts de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, enfin un accord avait été trouvé, permettant à la Grèce de voir annulée une partie de sa dette. Et voilà que le Premier ministre de ce pays dit en quelques sortes, on veut encore y réfléchir un peu…

En théorie, au plan démocratique, on peut comprendre que le dirigeant d’un Etat souhaite faire valider des choix fondamentaux pour son pays, qui touchent à sa Souveraineté. Appel au peuple sur les grandes orientations pour son avenir et veiller à la souveraineté, cela parle dans la tradition gaulliste.

Il reste que cette question de Papandréou à son peuple arrive bien tard, trop tard. La question sur la façon d’assumer les erreurs aurait dû être posée il y a des mois, dès l’évidence de l’impasse.

Le calendrier du référendum est incompatible avec les réalités. Comment attendre une réponse début 2012 alors qu’il faut des solutions et des engagements maintenant ? La réponse du peuple grec risque d’être bien peu opérante si elle intervient sur un champ de ruines.

On peut aussi s’interroger sur la question qui va être posée dans le cadre de ce référendum. Si c’est pour ou contre l’austérité, ce sera clairement l’irresponsabilité totale. Si c’est demander au peuple grec de faire un choix entre deux potions amères, cela ne va pas être simple de poser  la question pertinente, présentant les aboutissants de l’une et de l’autre des options, à court, moyen et long terme pour ce pays.  On peut aussi se demander si l’exposé des motifs de ce référendum, comprendra bien une présentation détaillée des tenants du problème : comment et pourquoi ce pays en est arrivé là ?

C’est bien tout le problème des référendums : comment faire trancher une question complexe en toute connaissance de cause.

La problématique est un peu la même que pour ceux qui souhaitent un référendum sur la sortie du nucléaire : comment intégrer à la question les conséquences en termes de hausse du coût de l’énergie, de dégradation du bilan carbone, de dépendance extérieure… ?

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