Ces derniers jours, on croit rêver quand on entend la communication gouvernementale. Les propos sont souvent bien éloignés de ce que l’on a entendu pendant les campagnes de la primaire socialiste et de la présidentielle. Trois exemples : le coût du travail, l’effort des collectivités et les investissements d’avenir.
Pendant toutes ces campagnes, notamment lors du débat sur la TVA anti-délocalisation, on a en effet souvent entendu qu’en matière de compétitivité, le coût du travail ce n’était pas le problème. Il convenait de se focaliser sur la compétitivité hors prix. Je me souviens encore de Mme Vallaud-Belkacem qui, lors d’un débat des législatives, échangeait avec une syndicaliste et disait que la question du coût du travail était un concept inventé par les technocrates de droite… Mais c’était hier. Aujourd’hui, le Ministre du redressement productif est bien obligé d’ouvrir le dossier. Il est vrai que le Gouverneur de la Banque de France vient de rappeler dans son rapport aux autorités que nos coûts unitaires se sont détériorés de 25 % par rapport à l’Allemagne depuis 10 ans. Il souligne aussi le problème de la baisse du nombre d’heures travaillées et les rigidités dans l’organisation du temps de travail.
Autre sujet, l’effort de maîtrise des dépenses demandé aux collectivités territoriales. Là encore, que n’a-t-on pas entendu ces dernières années ? La droite voulait asphyxier les collectivités, il s’agissait d’une question démocratique, il fallait une levée en masse de la République des territoires pour défendre les libertés fondamentales. Et voilà que le Premier ministre demande aux régions et aux départements de contribuer à l’effort de redressement des dépenses de l’Etat, en confirmant un gel des dotations jusqu’en 2015. Le scandale politique est devenu une nécessité technique.
Dernier exemple, le programme des Investissements d’avenir. Combien de fois n’ai-je pas entendu, notamment à la Région Rhône-Alpes, des critiques dures contre l’élitisme de ce programme, qui osait mettre en avant l’atout de l’excellence. Mais voilà, l’élection passée, ce programme présente pour le nouveau pouvoir des vertus évidentes…
Alors vous me direz, mais de quoi vous plaignez-vous, tant mieux s’il y a prise de conscience de certaines réalités ?
Tout d’abord, comme je l’ai déjà écrit, il y a d’abord une formidable duperie. La gauche n’a pas hésité à tromper les Français. Elle aura à s’en expliquer avec ses électeurs. Mais le vrai problème, c’est d’avoir incité le pays à s’installer dans un déni des réalités. Nous aurons pris du retard de ce fait.
Ensuite, le problème, c’est que cette reconnaissance de certaines réalités reste bien partielle. Le Gouvernement reconnaît ainsi le problème du coût du travail. Mais cela ne l’empêche pas de prendre des mesures qui alourdissent encore ce coût du travail. Quant aux collectivités, on en appelle à la contribution à l’effort, mais dans les faits, les errements de nombreuses collectivités se poursuivent. Le PS doit bien être conciliant avec ses clientèles électorales.
Bref, il y a un énorme problème de cohérence. Et pourtant, vous vous souvenez, pas un discours de François Hollande sans que la cohérence de la future politique ne soit mise en avant.