Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

Mois : septembre 2012

Si, on peut faire

Voilà ce que j’aurais pu dire dimanche 16 septembre, lors de la Fête de Chambovet, en tant que suppléant représentant la députée de la circonscription Dominique Nachury, si le Maire de Lyon n’avait pas jugé cette prise de parole inopportune…

Cette Fête du Parc Chambovet est intervenue alors que la Ville de Lyon a décidé d’acquérir le terrain du parc, propriété jusqu’alors des Hospices civils. Cette acquisition est une très bonne chose. Cela ne me gêne pas de le dire, même si c’est une mairie PS qui le réalise. Depuis longtemps, cette intégration du Parc au patrimoine de la Ville a été défendue, à droite comme à gauche. Les différentes équipes d’arrondissement ont toujours plaidé pour. D’anciens maires de Lyon, Michel Noir et Raymond Barre, avaient su prendre des décisions permettant de s’engager sur la voie d’une pérennisation du Parc. Cette acquisition, nous l’avons demandée, nous la soutenons. J’avais d’ailleurs rappelé les élus PS à leur promesse il y a quelques mois.

Pourquoi est-ce si important que le Parc Chambovet devienne propriété de la Ville de Lyon ? Parce qu’il faut assurer un avenir durable à cet espace naturel remarquable : c’est un admirable coin de nature, un lieu d’évasion, offrant une magnifique vue sur la ville et les Monts du Lyonnais. C’est aussi un espace riche en histoire. Bref, c’est un élément évident du patrimoine de la Ville.

Dans cette longue histoire, il faut souligner le rôle joué par les Montchatois pour assurer un avenir durable au Parc. Des centaines d’habitants se sont mobilisés dans la durée pour soutenir ce projet. Ils sont nombreux à s’être investis dans l’Association du Parc Chambovet pour le porter. D’autres associations, comme le CIL ou celles qui gèrent les jardins du secteur, ont aussi défendu le projet. Au-delà du combat pour l’acquisition, l’Association du Parc Chambovet a aussi contribué à la « conception » de cet espace vert, lui donnant sa spécificité d’espace « nature ». Elle s’est aussi investie pour régler les litiges sur l’utilisation du parc qui ont pu se produire. Son président actuel, M. Desbiolles, continue ce combat avec constance et intransigeance. Comme je l’ai souligné en Conseil d’arrondissement, Chambovet, c’est aussi un remarquable exemple de participation citoyenne authentique.

Maintenant, cette acquisition ne marque pas la fin de l’histoire. L’avenir reste à construire et il y a un défi à relever par la Ville. Dans son discours du 16 septembre, Gérard Collomb a dit qu’à la question « que faut-il faire maintenant pour le Parc Chambovet ? », il fallait répondre « surtout rien ». Je ne partage pas cette position. Oui, il faut préserver la spécificité du Parc Chambovet, à savoir un parc aux aménagements limités et dont on veille à ne pas trop encadrer la nature. L’intégration du Parc au domaine municipal ne doit conduire ni à des aménagements bétonnés, ni à une harmonisation par principe avec ce que l’on peut trouver ailleurs.

Mais pour autant, il ne faut pas que le Parc soit en marge de la gestion municipale des espaces verts. Cet espace doit bénéficier du même niveau de service que les autres. C’est tout particulièrement vrai pour les questions de sécurité et de respect des règles de fréquentation.

Formons le souhait qu’un projet d’avenir pour le Parc, affirmant sa vocation, ses caractéristiques, sa gestion, puisse se dessiner, dans une approche de proximité, avec les Montchatois.

Questions d’habitant et habitants en question

Bien sûr, depuis que nous avons soulevé le problème, le Maire de Lyon et celui du 3e ne manquent pas, lorsqu’ils présentent le projet Part-Dieu 2020, d’évoquer l’objectif de “quartier à vivre”. Mais cet ajout au discours suscite toujours des doutes. Nous en avons encore eu une démonstration lors du show “d’information” de jeudi dernier. Voici quatre illustrations du fait que les habitants du quartier sont bien peu pris en compte par ce projet, qui consiste d’abord et surtout à développer la gare et le centre d’affaires.

Première illustration : il a fallu attendre que deux habitants posent la question du devenir de leur logement (promis à la démolition !), pour que Messieurs Collomb et Buna évoquent le problème. Et pourtant, si 8 minutes de la réunion ont été consacrées aux questions, 1H15 les avaient précédées pendant lesquelles ont été longuement présentés des concepts déjà annoncés. Ce n’est pourtant pas un détail de savoir que près de 200 logements sont promis à la démolition ; certes ce n’est pas pour demain, mais le processus est bel et bien engagé. Les projets de 200 familles sont impactés, mais on attend les questions pour en parler

Deuxième illustration : le principe de la démolition lui-même, pour construire à la place des locaux d’activité. Je trouve quand même troublant que l’on programme la suppression d’ilôts d’habitation dans le quartier Part-Dieu, sans en discuter. On peut ajouter qu’alors que l’on nous parle de nécessité de densification de l’habitat, dans une perspective de développement durable, une telle décision paraît bien incohérente.

Troisème illustration : des contradictions sur les chiffres de population. Dans l’intro de la réunion, le chiffre de 16 000 habitants à la Part-Dieu est annoncé. Mais M. Buna, adjoint à l’urbanisme parle ensuite de 5 000. L’explication ? On ne parle pas de la même chose, entre les résidences autour du centre commercial ou le périmètre élargi. On peut même dire que le périmètre de proximité de la Part-Dieu, c’est plutôt 40 000 habitants. Tout cela montre une chose. Ceux qui vont décider pour nous n’ont pas une idée claire du périmètre du quartier vécu. Comment dès lors bien répondre aux besoins des habitants ? Au quotidien, quand on habite l’Ouest de Villette, les secteurs Voltaire, Bir Hakeim ou Lafayette, on sait bien que la Part-Dieu influence directement nos possibilités de circulation, de stationnement, notre tissu de commerces de proximité

Enfin quatrième illustration, avec dans ce cas par contre, une vision extensive des choses : le secteur Sud du projet Part-Dieu englobe l’Esplanade Dauphiné-Villette pour aller jusqu’au cours Albert-Thomas. A-t-on pris en compte le cadre de vie des habitants de ces quartiers dans cette ouverture à l’urbanisation ?

Alors je ne doute pas que les communicants de la municipalité PS sauront adapter leur communication aux lacunes évoquées ci-dessus. Peut-être le power point mentionnera-t-il demain 30 000 habitants. Peut-être que le secteur Sud sera renommé “Esplanade Dauphiné-Villette”. Mais le problème de fond va perdurer : le vivre à la Part-Dieu est traité de façon annexe, en fonction de ce que les grands projets structurants laissent comme marge de manoeuvre. Une autre approche est possible.

Au-delà du “c’est toujours bon à prendre”

Après 100 jours de détricotage, de tropisme attentiste, de reniements en série et de diversions, le Gouvernement et François Hollande présentent la création prochaine des emplois d’avenir, après le vote du Parlement, comme l’événement de la rentrée et une décision politique majeure.

Avec un chômage qui touche maintenant 3 millions de personnes, et qui reste une étape obligée pour de trop nombreux jeunes, l’emploi doit en effet plus que jamais être la priorité du moment. Le pays ne peut pas se permettre de faire fausse route en la matière. François Hollande et son Gouvernement ne peuvent porter la responsabilité intégrale de cette situation. Néanmoins, ces 100 premiers jours du quinquennat, avec leur mélange d’inaction et d’orientations économiques néfastes, ont contribué à plomber le moral et la visibilité des acteurs économiques, et donc à réduire les perspectives d’embauche. Et la gauche des 35H conserve bien sûr sa responsabilité historique.

Dans ce contexte, la création de 100 000 emplois d’avenir + 50 000 l’an prochain, destinés aux jeunes sans diplôme de 16 à 25 ans de territoires en grande difficulté, peut apparaître comme une avancée. On entend ainsi parfois l’appréciation “c’est toujours bon à prendre”.

Sans doute faut-il dépasser un peu cette appréciation et analyser les choses plus au fond. Un point positif toutefois à souligner : c’est une bonne chose que ces territoires en difficulté qui sont ciblés par le dispositif, ne se limitent pas aux quartiers urbains sensibles, et que les territoires ruraux en grande difficulté soient aussi éligibles.

Aller plus loin que le “c’est toujours bon à prendre” : le coût du dispositif “emploi d’avenir” devrait être de 1,5 milliard d’euros par an pour les finances de l’Etat. Cet argent public devra bien être prélevé quelque part, quoi qu’il en soit. Il sera financé au moins en partie par des prélèvements sur les entreprises, ce qui réduira d’autant leurs capacités de création d’emplois dans le secteur marchand. La bonne question est donc quel est le meilleur emploi de ces 1,5 milliard d’euros pour faire baisser durablement le chômage.

Autre élément préoccupant : quelles seront réellement la formation et l’acquisition de compétences qui bénéficieront aux titulaires de ces emplois d’avenir ?

Enfin, une incohérence qui a été peu commentée. On nous explique que ce dispositif concernera principalement des emplois dans le secteur public. Mais dans le même temps, on nous cite les activités suivantes comme pouvant être des domaines privilégiés de déploiement de ces emplois : les filières vertes et numériques, l’aide à la personne, le tourisme… S’agit-il uniquement de réaliser le marketing du dispositif ou bien est-ce une vraie intention ? Si c’est la 2e option, il y a un problème sérieux car ces domaines d’activité peuvent et doivent relever de l’économie marchande. La priorité est de favoriser la création de (vrais) emplois dans ces secteurs de l’économie nationale. Retenir une telle approche des emplois d’avenir, ce serait prendre le risque de créer des emplois subventionnés, dans le secteur non marchand, venant concurrencer le secteur marchand, et donc freiner la création d’emplois par ce secteur.

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