Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

Mois : octobre 2012

Désinvolture 2

Autre exemple d’une certaine désinvolture qui me semble caractériser l’action actuelle de la Mairie PS du 3e.

Il y a quelques semaines, j’ai été saisi par des habitants du secteur Charial/Saint Eusèbe à Villette Paul Bert de problèmes croissants de stationnement. L’ouverture d’un important chantier a supprimé des places de stationnement dans un quartier déjà sous tension. Par ailleurs, le secteur est aujourd’hui riche de deux équipements sportifs et culturels qui attirent des visiteurs, eux-aussi en quête de stationnement. Bref, la situation est devenue difficile pour les résidents. Un article du Progrès vient d’évoquer ces difficultés, qui ont aussi pour effet un mauvais ramassage des ordures ménagères en raison du stationnement anarchique.

J’ai saisi le Maire du 3e pour lui suggérer de chercher à trouver un accord avec un supermarché voisin pour pouvoir utiliser son parking en soirée, au moment des pics de fréquentation. Si l’on ne peut que se féliciter de la présence d’équipements culturels et sportifs dans les quartiers, il revient à la Mairie de s’assurer que les infrastructures soient adaptées.

Je parle de désinvolture car la réponse du Maire me parait très en retrait.

D’une part, au prétexte que le parking du supermarché est privé, il invite les habitants du secteur à rechercher eux-même un accord avec les responsables du commerce. Ce n’est pas ma conception de l’action municipale : le Maire doit être un apporteur de solutions pour les questions d’intérêt général. C’est à lui de réunir les parties pour tenter de construire ces solutions.

Par ailleurs, un argument désormais classique, relevant de l’idéologie “anti-voiture” sans nuance, a été opposé à ma demande. La solution à la pression en termes de stationnement dans le secteur se trouverait dans les transports en commun ; l’amélioration de la lignes C11 devant permettre aux visiteurs de se passer de leur voiture.

Nous voyons surtout en ce moment l’engorgement provoqué par la suppression d’une voie de circulation sur l’avenue Félix-Faure. Mais prétendre que la desserte est attractive pour se rendre dans le secteur en soirée, c’est osé. Il s’agit là vraiment d’un argument trop facile dans un quartier qui reste mal desservi, car dépourvu de desserte en tram ou métro.

Bref, il s’agit d’une non-réponse à un vrai problème. Les affaires locales sont peu compatibles avec des postures en retrait qui traduisent une certaine désinvolture.

 

Désinvolture 1

Saisi par un habitant ayant connu la mésaventure, j’ai évoqué le problème des personnes radiées par erreur des listes électorales du 3e arrondissement lors du dernier Conseil d’arrondissement. Il se trouve en effet qu’à l’occasion d’une refonte “lourde” de cette liste électorale, des électeurs du 3e, n’ayant pas déménagé, ont été radiés de cette liste. Si personne n’est à l’abri de l’erreur, j’ai trouvé que les explications du Maire du 3e et de l’adjoint en charge, distanciées et minimalistes, traduisaient une certaine désinvolture. On parle quand même de l’exercice du droit de vote.

Je regrette tout d’abord que le problème soit évacué sur l’administration municipale. Il me semble qu’un Maire est responsable aussi de la bonne tenue de la liste électorale, pour que la démocratie puisse bien fonctionner. Les refontes sont bien sûr nécessaires pour actualiser la liste électorale. Mais le Maire doit veiller à ce que l’opération se déroule sans bavures.

Ensuite j’ai trouvé le “c’est pas bien grave, les personnes concernées n’ont qu’à se réinscrire” vraiment léger. On parle quand même de la radiation de la liste électorale. Il est quand même regrettable que ce soient des citoyens qui n’ont rien demandé, n’y sont pour rien, qui doivent supporter par des démarches supplémentaires les conséquences de ce qui apparaît comme un dysfonctionnement de la procédure. Il est vrai que pour certains élus qui pratiquent le nomadisme électoral, l’inscription fréquente sur la liste électorale peut apparaître routinière. Mais dans la majorité des cas, chacun cherche plutôt à limiter les démarches…

J’avais aussi attiré l’attention sur la teneur du courrier reçu par les personnes pour les informer de leur radiation : un courrier dans lequel il était difficile de comprendre les motifs de la radiation (et pour cause) et qui manquait d’informations pratiques sur la voie de recours. Il m’a été répondu : c’est un courrier sur une procédure administrative, il est logique qu’il soit dans un style administratif. Je ne partage pas cette logique. Il revient à la Mairie, en toute rigueur administrative, de rechercher la communication la plus efficace en cherchant à faciliter la vie des administrés. C’est ma conception du service public.

Que les personnes radiées par erreur soient 10, 100 ou 1000, il s’agit d’un problème sérieux à traiter et il faut en tirer des voies d’amélioration.

Maintenant, il reste surtout à souhaiter que des personnes concernées ne feront pas le choix de ne pas se réinscrire, par exaspération ou difficulté de mobilité. On connait l’enjeu de la participation citoyenne aux élections.

Préoccupations sur le projet d’Université Rhône-Alpes

Fin septembre, de façon un peu surprenante, Jean-Jack Queyranne dévoilait le lancement de l’Université Rhône-Alpes. Les conseillers régionaux “de base” découvraient alors qu’un projet d’Alliance de l’Université Rhône-Alpes avait été discuté avec les Présidents d’université et directeurs de grandes écoles. Après une phase de structuration de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) au niveau des PRES de Lyon et Grenoble, l’Alliance vise à établir un partenariat renforcé entre les établissements au niveau régional.

Décidément, avec ce concept d’Université Rhône-Alpes, l’exécutif régional est adepte des scoops ! Déjà en 2011, au moment du vote de la Stratégie régionale de l’enseignement supérieur et de la recherche, le conseiller délégué alors en fonction, Thierry Philip, avait avancé ce concept dans ses interviews. C’était assez surprenant dans la mesure où cette stratégie (au demeurant bien peu stratégique) abordait peu la question. S’agissait-il de faire parler ou de préparer les esprits ?

Pour ma part, sur le principe, je souscris plutôt à l’idée de travailler à la structuration de l’ESR aussi au niveau régional. Comme beaucoup, je suis convaincu que notre rayonnement international en termes de recherche et de savoir se construit en additionnant tous nos atouts, et notamment en valorisant ensemble Lyon et Grenoble. Par ailleurs, il y a une mobilité des étudiants et des perspectives professionnelles qui justifient d’aborder les choses au niveau régional.

La façon d’aborder le projet pose néanmoins questions.

Je déplore tout d’abord que ce projet se construise pour l’instant sans associer largement toutes les parties prenantes, et sans implication de l’ensemble de l’institution régionale, et notamment de ses élus, porteurs de l’intérêt régional. J’ai exprimé en commission l’étonnement légitime qui doit être celui des élus régionaux quand ils apprennent le lancement de l’Alliance par communiqué de presse, même si ce communiqué est “obligeamment” diffuser en réunion (:)). Ce projet d’université Rhône-Alpes mérite une vraie construction démocratique et le thème de l’ESR, même s’il s’agit pour l’instant d’une compétence non obligatoire pour la Région, ne peut être un domaine réservé du Président.

On nous répondra que le projet va justement être discuté dans le cadre des Assises de l’enseignement supérieur qui se tiennent dans les prochains jours. Mais justement, cette concomitance m’amène à exprimer d’autres préoccupations.

S’il y a un lien entre le projet d’Université Rhône-Alpes et les lois en préparation sur l’enseignement supérieur et l’Acte III de la décentralisation, il faut cependant éviter de tout mélanger. A mon sens, le projet d’Université Rhône-Alpes ne doit pas être une initiative tactique dans un jeu consistant à affirmer le rôle des régions pour qu’elles obtiennent de nouvelles compétences. Avant les enjeux de pouvoir, la priorité doit aller à la définition de la valeur ajoutée d’une structuration régionale.

Enfin, il est aussi préoccupant que l’Université Rhône-Alpes soit abordée dans l’urgence, dans le contexte de maîtrise de la dépense publique. Il ne faudrait pas que la démarche soit ramenée à de la recherche d’économies budgétaires.

 

Un choc de rationalité

Nous y voilà, après les Etats généraux de la démocratie territoriale, l’Acte III de la décentralisation est lancé. Le Président de la République a fixé les orientations.  Après avoir cassé la précédente réforme territoriale, l’heure est maintenant venue pour le Gouvernement de proposer des solutions. J’ai quelques craintes sur l’aboutissement de cette réforme et à mon avis, il faudra compter sur un Acte IV, mis en œuvre par une nouvelle majorité du centre et de la droite pour atteindre le résultat attendu.

Mais avant d’évoquer le pourquoi de ces doutes, comment ne pas s’étonner des efforts financiers demandés aux collectivités territoriales par le Gouvernement. Pendant des années, nous avons entendu les élus territoriaux PS dénoncer l’asphyxie financière des collectivités. Aujourd’hui, le nouveau Gouvernement doit bien admettre que les collectivités ne peuvent rester en dehors de l’effort et qu’il y a beaucoup à faire en termes de rationalisation de la dépense locale.

Parmi les orientations de l’Acte III, François Hollande ressort la ritournelle de la clarification des compétences, pour éviter les doublons. Sur cette bonne intention, rien à dire, si ce n’est de rappeler que le conseiller territorial aurait permis de rationaliser le couple département-région. Mais c’est surtout la méthode pour atteindre cet objectif qui suscite le doute.  La ministre de la réforme de l’Etat, comme le Président du Sénat, avancent l’idée de conférences territoriales des compétences, au niveau de chaque région, pour négocier une répartition à la carte des compétences entre toutes les collectivités ! Voilà bien une proposition de gauche : des palabres pour un semblant de démocratie. La réalité sera toute autre : un grand théâtre institutionnel où chacun viendra défendre ses intérêts et mandats, le résultat étant une usine à gaz consommant toujours plus de recettes fiscales. Comment peut-on aller dans cette direction alors que c’est de cela dont souffre d’abord notre organisation territoriale : une trop grande complexité source de négociation permanente, de blocages et d’inactions. Il n’y a qu’à voir ces réunions inter-collectivités, qui mobilisent pendant des heures de multiples “interfaces”, pour un résultat minime.

Nos stratèges socialistes seraient bien inspirés d’écouter l’avis des élus locaux. Dans l’enquête réalisée pour les Etats généraux, 12 % seulement des élus considèrent qu’il faut s’en remettre à des accords entre collectivités pour répartir les compétences.

Lors de la dernière session du Conseil régional, c’est pour cette raison de l’impératif d’une clarification/simplification de l’organisation territoriale que le groupe UDC s’est abstenu sur la création d’un nouveau syndicat mixte pour gérer les transports de l’aire métropolitaine lyonnaise. Oui nous sommes favorables à une coordination des moyens de transport à ce niveau territorial, pour un meilleur service au quotidien aux habitants, notamment par la mise en place d’une « carte orange ». Mais nous le voulons de façon efficiente, et non pas sous forme de bric-à-brac institutionnel parce qu’il faut composer avec un pôle métropolitain incohérent mis en place par Gérard Collomb. Ces constructions baroques ont toujours un coût, et dans ce cas, cela devrait se traduire par une nouvelle pression fiscale sur les entreprises via le versement transport.

Comme il faut un choc de compétitivité pour l’économie française, pour la bonne administration de nos territoires, nous avons besoin d’abord  d’un choc de rationalité.

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