Gérard Collomb et Michel Mercier viennent d’annoncer leur intention de transférer les compétences du Conseil général du Rhône à la Communauté urbaine, sur le territoire du Grand Lyon, dans le but que ce dernier se renforce, pour être “à la hauteur” dans la compétition des grandes villes européennes. Si l’idée n’est pas nouvelle, l’annonce d’une concrétisation, surprise et non concertée, crée bien logiquement des remous.
Cela m’évoque deux interrogations.
D’abord, le territoire. On nous dit : il faut organiser différemment le territoire pour qu’il pèse plus en Europe ; il faut renforcer les fonctions métropolitaines de ce territoire. Mais de quel territoire parle-t-on ? Quel est son périmètre ? Où se trouvent ces fonctions métropolitaines que l’on a l’ambition de mieux organiser ?
Depuis des années, on nous parle de vision stratégique à construire sur une vaste aire métropolitaine englobant le Rhône, la Loire, le Nord-Isère et une partie de l’Ain. Depuis plus récemment, on nous rebat les oreilles avec le pôle métropolitain, alliant le Grand Lyon, Saint-Etienne, la CAPI et l’agglo de Vienne. Et voilà maintenant qu’il s’agit de créer une super-collectivité sur le territoire du Grand Lyon (pourtant jugé trop exigu et qui n’englobe pas notamment l’aéroport), à moins que le projet vise un territoire communautaire élargi. Et tout cela, en faisant référence aux mêmes fonctions métropolitaines.
Bref, cela manque clairement de cohérence. Prenons le sujet par le bon bout : où s’exercent ces fonctions métropolitaines, c’est-à-dire ce qui influe sur notre rayonnement en Europe ? Cela permettrait de voir que beaucoup se joue plutôt à l’échelle régionale.
2e question : quelle démocratie au sein de la future métropole ? Je ne parle pas de l’annonce sans concertation qui est un problème en soi. Je fais référence au fonctionnement démocratique de la future métropole. Compte tenu de l’ampleur de ses pouvoirs, cette future super-communauté urbaine devra disposer d’une assemblée à forte légitimité. Le montage à deux niveaux, tel qu’il existe au Grand Lyon, est déjà décalé : les habitants sont confrontés aux compétences communautaires (urbanisme, propreté, voirie…) sans savoir à qui demander des comptes. Le problème sera encore plus crucial demain.
Si le projet se concrétise, il faudra une vraie élection métropolitaine, avec des choix clairs, des candidats bien identifiés. Sans cela, ce sera un pas supplémentaire vers un simulacre de démocratie et l’affirmation d’une technostructure métropolitaine.