Gêné aux entournures, sentant sans doute monter l’exaspération et la déception des habitants, le Maire du 3e arrondissement, Thierry Philip, a trouvé un nouvel axe de communication. Il dénonce en effet tous azimuts depuis quelques jours des rumeurs qui viseraient à dénigrer son action. Parmi les exemples qu’il donne : la mutation urbanistique de Montchat non maîtrisé par la Ville de Lyon et les perspectives de destruction de résidences à la Part-Dieu.
Regardons les faits sur ces dossiers sur lesquels je mène depuis plusieurs mois un combat politique.
Urbanisme à Montchat : le Maire nous dit que la mutation urbanistique de Montchat est une rumeur. Je le cite : “La réalité est tout autre. Si l’on regarde de près les permis de démolir accordés ces 5 dernières années, très peu de maisons individuelles privées ont disparu”. Il avait déjà fait cette tentative lors de la réunion de bilan de mandat de Montchat, en affirmant de façon très théâtrale que seules 5 maisons avaient été démolies. Face à la consternation du public, il avait dû faire un peu profil bas. Car quiconque échange avec les Montchatois peut mesurer rapidement qu’il y a dans le quartier un malaise du fait d’une évolution non maîtrisée du cadre urbain, qui conduit à banaliser le quartier. Peut-être le Maire dira-t-il demain que nous sommes face à une hallucination collective !
Quant à l’inaction de la Mairie du 3e sur cette question, ce n’est pas non plus une fable. Comme chacun peut le lire sur ce blog, j’avais proposé il y a quelques mois de saisir l’opportunité d’une modification du PLU pour adopter des mesures de protection du patrimoine bâti. Ma démarche avait été violemment et explicitement repoussée par la Mairie du 3e, ce qui démontrait chez la majorité de gauche, soit une incompréhension des réalités, soit un intérêt dans cette évolution du quartier. Et ce ne sont pas les deux ou trois arbres dont le Maire a obtenu le classement qui vont changer ce constat.
Démolitions de résidences à la Part-Dieu (voir photo)
Le Maire évoque une rumeur selon laquelle les immeubles de la place de Milan seraient démolis aussi vite que possible. Pour ma part je sais bien que la démolition n’est pas pour le court terme. Par contre, la perspective de ces démolitions est bien engagée puisque la préemption est en place. Ce qui me choque, c’est que les habitants concernés n’aient pas été informés de façon personnalisée, dès le lancement du projet, de cette perspective. Par ailleurs, ce n’est pas parce que les démolitions interviendront après 2020 que les conséquences ne sont pas immédiates. Si aujourd’hui vous êtes propriétaire dans les résidences concernées, et que vous voulez vendre, le prix vous est imposé du fait de la préemption, et ce dans un contexte de conjoncture immobilière dégradée. Ce “handicap” est très concret et n’a rien d’une rumeur. J’ai été en contact avec des gens qui voulaient vendre leur appartement et qui considèrent que le prix d’achat proposé par la collectivité est trop bas. Pour la plupart des familles, quand on est propriétaire de son logement, c’est un investissement et une dimension importante du projet du foyer.
Un peu plus loin, il y a le dossier des immeubles du secteur “Paul Bert – Cuirassier”. Là encore, le Maire fait état de rumeurs sur des projets de démolition-reconstruction, arguant du fait que cela n’aurait jamais été envisagé. Pour ma part, dans le suivi de ce dossier, je n’ai jamais parlé de démolitions intervenant à court terme. Par contre, cette perspective était bien envisagée à terme. La maquette du projet “Part Dieu” montrée au salon MIPIM l’illustrait clairement. J’ai par ailleurs vu des plans sur lesquels des cartes le prévoyaient. Alors on peut nous dire que le Grand Lyon a fait machine arrière (ou que l’on attend l’après élection municipale pour remettre le couvert…), mais que l’on ne vienne pas nous dire que cela n’a jamais été prévu.
Tout cela me rappelle le dossier du projet de délocalisation des Halles de Lyon lors du précédent mandat. Le projet voulu par Gérard Collomb était bien avancé. Mais face à la mobilisation des habitants du 3e et des élus UMP de l’arrondissement, il avait du renoncer. En passant, les bonnes raisons techniques qui avaient été avancées pour motiver une “délocalisation incontournable” ont comme par magie disparu. Nos élus PS ont tout fait pour faire oublier ce funeste projet : sans doute ne s’agissait-il que d’une rumeur…
Moi je ne vois pas de rumeur. Je vois seulement des projets qui manquent de transparence, qui manquent de considération pour les gens et pour lesquels les élus de gauche jouent sur les mots.