Voilà des mois que l’on nous rebat les oreilles avec la Métropole, future collectivité territoriale de plein exercice devant assurer l’avenir de l’agglomération lyonnaise. Malheureusement, l’élection du Président du Grand Lyon, mercredi dernier, préfigure un avenir qui semble nettement moins radieux.
Les dernières élections municipales ont montré que les forces de gauche sont minoritaires dans l’agglomération. Le centre et la droite réunis l’ont emporté de 20 000 suffrages. Mais c’est pourtant Gérard Collomb, maire PS de Lyon, qui est réélu à la tête du Grand Lyon, de toute évidence grâce au vote de conseillers communautaires qui ne sont pas de gauche. On devait assister à l’avènement d’une collectivité d’avenir, on commence avec une comédie “IVe République“. Comme je l’ai dit à chaud, s’il ne s’agit pas de remettre en cause juridiquement cette élection du Président, il faut souligner qu’elle n’est pas opportune pour l’expression démocratique des Grandlyonnais. Le Grand Lyon, et début 2015 la Métropole, n’auront ainsi pas un exécutif conforme à l’expression majoritaire des habitants de l’agglomération.
Cette élection communautaire de mars 2014 était bien une élection politique. La Métropole sera une collectivité de plein exercice et ses élus ont été choisis directement par les électeurs. A ceux qui disent (notamment parmi les conseillers communautaires soutenant Collomb bien qu’ayant été élus à droite) qu’il s’agit de se prononcer pour un projet non politisé, il faut rappeler que la logique est maintenant différente. Il ne s’agit pas de se prononcer sur telle ou telle clé de répartition des crédits de voirie. Il s’agit bien de mettre en œuvre un projet politique capable d’assurer le développement, le rayonnement et la cohésion de notre agglomération. Donc avec une ligne politique claire…
Si l’on ajoute le fait que la coalition locale rouge-rose-verte est plus que bancale, il y a vraiment de quoi être inquiet. Car effectivement, la coalition rose-verte a étalé ses divisions ces derniers jours. Un jour ils nous disent qu’ils ne sont pas d’accord sur les objectifs, comme Etienne Tête lors du 1er Conseil municipal de Lyon, et le lendemain ils s’entendent pour se partager les postes. Dans le 3e arrondissement et à Lyon, il n’y a pas de participation à l’exécutif, mais au Grand Lyon si… Non seulement cette “majorité” au sein du Conseil communautaire est opaque, mais elle va être précaire. On imagine que le résultat sera similaire à celui du Conseil régional. Beaucoup de glose, de la négociation permanente, pour une action publique inefficace.
On ne peut aujourd’hui que regretter, et déplorer au plan démocratique, que cette élection communautaire de 2014 n’ait pas été une élection pleinement métropolitaine, avec le choix explicite d’un Président et d’une majorité pour le Grand Lyon. Avec cette expérimentation métropolitaine citée en exemple par François Hollande (Est-ce bon signe ?), nous constatons plutôt une nouvelle illustration du “ni fait, ni à faire”… Sauf à se satisfaire de montages faisant peu de cas de l’expression démocratique.
Alors quand on entend Manuel Valls exposer son volontarisme pour réformer les collectivités territoriales, on se demande si cette fois on ira – enfin – au bout de la logique. Voilà plus de dix ans que notre pays débat constamment d’une nouvelle avancée de la décentralisation, pour un renouveau démocratique et une gestion moins dispendieuse de l’argent public. Et le résultat n’est toujours pas au rendez-vous. Pire, ce reengineering permanent est source de gaspillage et d’immobilisme alors que les Français doivent se serrer de plus en plus la ceinture.
Triste et mauvais départ donc pour la Métropole. Il reste à espérer que cette expérimentation ne vienne pas en plus affaiblir la Région Rhône-Alpes.