Lors du Conseil municipal de mai dernier, j’intervenais une fois encore pour demander une action plus volontariste et efficace de la Ville dans la prévention et la lutte contre la délinquance (voir mon intervention). L’adjoint Sécheresse, chargé de la sécurité, démontrait dans sa réponse une autosatisfaction à propos de la situation à Lyon… J’alertais notamment sur ces espaces publics qui n’allaient pas manquer d’être “privatisés” par quelques attroupements pendant l’été. Quelques jours après cette intervention, des riverains du “jardin de poche”, entre les rues Créqui et Edison, me contactaient pour me dire que c’est exactement ce qu’ils vivent et pour me faire part de leur désarroi.
J’ai alors saisi la Mairie d’arrondissement et obtenu l’organisation d’une réunion entre ces riverains, l’adjointe à la sécurité et des responsables des polices nationale et municipale. Cette réunion fut intéressante, permettant à une vingtaine d’habitants d’expliquer la difficulté de leur situation du fait de l’occupation récurrente du square jusqu’à des heures avancées de la nuit : nuisances sonores très fortes (cris et insultes), débordements, dégradations et, quand les riverains demandent aux “visiteurs” du square de se calmer (comme cela est suggéré par nos autorités pour régler le problème), insultes, jets de pierre et de bouteilles contre les fenêtres, menaces, dégradation sur les véhicules… Avec cet état de fait, nous ne sommes bien évidemment plus dans une “petite” nuisance sonore, mais bien dans un cadre de vie néfaste et pesant qui mine les gens.
Suite à cette réunion, les forces de police, que l’on peut remercier pour leur écoute, ont effectivement multiplier les passages dans le square en soirée et répondu plus fréquemment aux appels téléphoniques des habitants. Mais pour autant, les nuisances perdurent, car dès ces passages réalisés, les débordements reprennent.
Cette situation, qui se retrouve dans beaucoup d’autres lieux de notre ville, illustre bien l’insuffisance de la lutte contre la délinquance. Je note notamment les éléments suivants :
- Alors que le problème de cet espace est connu, que les fauteurs de troubles sont quotidiennement présents, leurs noms n’étaient pas connus des autorités… Comment dès lors peut-il y avoir une action de fond, notamment auprès des familles, pour tenter de corriger les choses ?
- Les passages réguliers sur un espace sensible sont bien sûr une première réponse, mais face aux débordements, il faut aussi se mettre en situation de pouvoir constater les comportements délictueux, ce qui veut dire observation discrète, surprise voire recours à la vidéoprotection pour une surveillance permanente. Sans cela, il apparaît bien évidemment difficile de réprimer et on ne peut faire porter toute la charge de la démarche aux habitants. Quelle déception quand nous avons appris lors du conseil d’arrondissement de septembre que les seules verbalisations de l’été concernaient le stationnement…
- Lors de la réunion de juillet, nous avons vu aussi que cet espace sensible ne faisait pas partie des zones d’intervention des médiateurs sociaux. Comment comprendre qu’il n’y ait pas une cartographie globale de l’arrondissement, avec les points sensibles à traiter en permanence.
- Enfin, dans ce cas d’école, la configuration des lieux favorise les débordements du fait de l’installation de sièges, directement sous les fenêtres d’une résidence, alors que ce jardin de poche, du fait de son état, n’est pas vraiment propice à une vie de square. Bref, cette installation s’est faite sans analyse des risques, alors qu’on nous parle de “prévention situationnelle”. (NB : après de multiples demandes et un été de nuisances, ces sièges ont finalement été retirés le 25/9…)
La prévention et la lutte contre la petite délinquance sont des sujets difficiles. Il est clair que la police nationale doit être mobilisée sur les faits les plus graves. Mais la Ville, avec sa police municipale, peut contribuer à cette action de façon beaucoup plus volontariste, systématique et organisée.