Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

Mois : mars 2019

Comment maîtriser le déploiement des trottinettes en free floating ?

Ci-dessous mon intervention en Conseil municipal du 25 mars 2019 à propos du développement des trottinettes en free floating à Lyon.

En quelques mots, voici l’approche qui me semble être la bonne :

  • Les trottinettes, y compris les trottinettes électriques, ont une utilité en termes de mobilité et peuvent contribuer à la diminution de la pollution. Elles doivent donc trouver leur place dans notre stratégie de mobilité à Lyon.
  • Compte tenu de leur vitesse, il faut souhaiter que la future loi LOM permette de déterminer dans quel espace elles doivent circuler. Pour ma part, je pense qu’il ne faut pas permettre la circulation sur les trottoirs. L’usage doit se faire sur les voies et bandes cyclables et sur la chaussée, à l’exclusion des grands axes.
  • Pour ce qui est des trottinettes en free floating, si la concurrence est bien sûr avantageuse, il faut néanmoins souhaiter que le marché trouve son équilibre pour éviter un trop grand nombre d’opérateurs, compte tenu des limites de l’espace public. Et les services en free floating doivent intégrer une redevance pour usage de l’espace public, comme toutes les activités économiques qui l’occupent.
  • En matière de stationnement, il faut veiller à ne pas faire perdre à ce moyen de déplacement l’atout du trajet de point à point. Si l’on va vers une obligation de stationner dans des zones délimitées, il faut donc que le maillage de ces zones soit très dense, pour offrir à chacun des possibilités de stationner et de trouver des trottinettes à proximité, et ce pas seulement dans le centre de la ville mais dans tous les quartiers. Cette exigence de maillage dense amène à évaluer au préalable le coût des aménagements. Il faut à mon avis aussi aborder la question sous l’angle de la responsabilisation des utilisateurs. Il n’est pas souhaitable de pénaliser tous les utilisateurs parce que certains manquent de civisme. Il faut donc miser sur les capacités d’innovation technologique pour faire en sorte qu’il soit possible de vérifier que chacun stationne l’engin correctement, avec pénalisation de l’usager/client si ce n’est pas le cas.

 

Quelles avancées pour le projet de PLU-H à Montchat ?

Nous sommes toujours dans la période entre la remise du rapport de la commission d’enquête sur le projet de Plan local d’urbanisme et de l’habitat (PLU-H) et l’adoption de ce nouveau PLU-H par la Métropole. C’est la période au cours de laquelle la Métropole, en liaison avec la Ville, peut modifier le projet de PLU-H pour tenir compte des conclusions de l’enquête publique et donc de l’expression des habitants.

C’est la raison pour laquelle, j’ai posé les questions suivantes lors du Conseil du 3e arrondissement du 11 mars 2019, afin de connaître les positions portées par la Mairie d’arrondissement sur des sujets clés pour le quartier de Montchat.

Ci-dessous les questions, les éléments de réponse de Catherine Panassier et mon commentaire sur ces réponses.

“Madame le Maire,

A l’issue de l’enquête publique sur le projet de PLU-H qui a vu de très nombreux Montchatois s’exprimer pour la préservation du cadre de vie et de l’identité du quartier, le rapport de la Commission d’enquête a tiré des conclusions et exprimé des recommandations.

S’il revient maintenant à la Métropole de Lyon de prendre en compte ces conclusions pour améliorer le projet définitif de PLU-H, nous savons que les communes peuvent donner leur point de vue. Je souhaite donc avoir votre position sur les éléments suivants.

  1. La commission d’enquête a constaté que pour les habitants, le quartier de Montchat correspond à un territoire beaucoup plus vaste que celui qui est considéré comme le cœur de Montchat dans le PLU-H. Par ailleurs, la commission d’enquête  reconnaît que la densification de l’habitat en cours dans le quartier pose la question des aménagements et équipements nécessités par la croissance de la population. Dans ce contexte, et alors que la construction en cours d’un immeuble haut au 12 rue Ferdinand Buisson (voir photo) frappe par son incohérence urbanistique, allez-vous finalement demander à la Métropole de renoncer à augmenter les hauteurs constructibles autorisées au début de cette rue qui constitue une porte d’entrée dans le quartier ?

Réponse de la Maire du 3e : confirmation que la hauteur constructible va passer de 10 à 13 mètres sur les 100 premiers mètres de la rue Ferdinand Buisson, mais il s’agit de hauteurs maximales. Le zonage du PLU prévoit des constructions discontinues, donc il pourra y avoir différentes hauteurs et un effet de transition urbaine.

Ma réaction : on peut faire le constat sur le quartier que les volumes constructibles sont en général utilisés au maximum. Par ailleurs, la construction en cours au 12 rue Ferdinand Buisson montre bien que l’on est en train de constituer un alignement haut, qui va créer un nouvel effet tunnel. Il est regrettable que le nouveau PLU-H ne maîtrise pas mieux cette évolution.

2. Pour le terrain de la clinique Trarieux, la commission d’enquête recommande d’intégrer au PLU-H des OAP (Orientations d’Aménagement et de Programmation) pour maîtriser la mutation urbaine de ce terrain d’exception et veiller à la bonne intégration des projets immobiliers dans ce secteur pavillonnaire. Je soutiens cette approche depuis des années, compte tenu de la nature remarquable du site. Soutenez-vous finalement l’intégration d’OAP dans le PLU-H pour le tènement Trarieux et quels éléments défendez-vous auprès de la Métropole pour limiter les hauteurs des nouvelles constructions, pour tenir compte notamment du dénivelé du terrain et pour assurer la meilleure intégration possible des constructions dans le paysage ? Par ailleurs, quelles orientations proposez-vous pour assurer une continuité verte avec Chambovet ?

Réponse de la Maire du 3e : elle revient sur sa position précédemment exprimée pour dire que suite aux conclusions de la Commission d’enquête il y aura bien des OAP pour le tènement Trarieux. Dans un article du Progrès du 15 mars elle indique que ces OAP pourraient limiter les hauteurs constructibles à 10 m en limite de propriété, alors qu’elles seraient de 13 m en zone centrale et à l’entrée. La végétalisation serait renforcée en continuité de Chambovet.

Ma réaction : satisfaction de voir la Mairie revoir sa position avec l’intégration d’OAP dans le PLU-H alors que jusqu’à maintenant, elle avait poussé pour une hauteur constructible de 13 m pour tout le terrain (pour les nouvelles constructions). Ainsi le PLU-H encadrera mieux l’urbanisation du tènement, qui ne résultera pas uniquement d’un accord entre le vendeur et l’acheteur. Mon combat politique ces dernières années et la mobilisation des habitants ont fait bouger les lignes. Néanmoins, il faudra voir dans le détail quelles seront ces orientations. Et on peut déjà ne pas approuver une hauteur de 13 m en haut de la butte, puisque la pente va accentuer l’effet “plots”. Donc à suivre…

3. Pour le Parc Chaussagne, êtes-vous finalement disposée à adapter le nouveau zonage envisagé pour que l’implantation d’activités économiques dans le périmètre reste prohibée, compte tenu de l’intérêt patrimonial de ce dernier ?”

Réponse de la Maire du 3e : l’existence d’un périmètre d’intérêt patrimonial dans le PLU-H est protecteur quant à l’implantation d’activités économiques.

Ma réaction : là encore, je trouve cette position un peu naïve car l’existence de périmètres d’intérêt patrimoniaux dans d’autres secteurs de Montchat n’a pas empêché ces dernières années des constructions complètement décalées par rapport aux caractéristiques du quartier. Les garanties sont beaucoup plus fortes quand les règles sont clairement exprimées.

Combler les lacunes de notre démocratie

J’ai assisté vendredi 8 mars au Grand débat organisé dans le 3e arrondissement ; assisté, car en tant qu’élu, l’objectif était bien d’écouter et de ne pas prendre part aux débats, même si ce n’est pas l’envie de le faire qui manquait… Mon choix s’est porté sur le groupe “Démocratie et citoyenneté”, pour tenter de bien comprendre les sources du mouvement des Gilets jaunes.

Les échanges qui se sont déroulés dans ce groupe ont montré que pour les personnes présentes, notre pays souffrait d’un important déficit de démocratie, et cela à tous les niveaux. Ont ainsi été pointés :

  • le constat d’un manque de courroie de transmission entre les citoyens et l’Etat, avec le sentiment que les Français n’ont pas la possibilité de s’exprimer sur l’ensemble des choix de politique nationale qui sont opérés. Des participants ont aussi pointé le fait que les parlementaires ne rendent pas compte de façon détaillée de leurs votes et positions. En réponse à ce constat, la proposition a été émise que les maires, et les conseils municipaux dans leur ensemble, en tant qu’interlocuteurs de proximité de confiance, pourraient organiser régulièrement des échanges ouverts avec la population, sur toutes ses préoccupations, pour les faire remonter au niveau national,
  • des échanges entre citoyens et autorités qui fonctionnent mal y compris sur les sujets locaux, qui relèvent des compétences des collectivités territoriales,
  • et dans ce domaine, des lacunes particulières sont pointées sur la conception et la mise en œuvre des grands projets d’aménagement (type Part-Dieu).

A l’écoute de ce diagnostic citoyen, je ne pouvais m’empêcher de penser à tous les dispositifs institutionnels censés assurer cette fonction de courroie de transmission démocratique :

  • les parlementaires tout d’abord, et notamment les députés, dont l’un des rôles me semble bien être de faire le lien entre la population, dans sa diversité d’opinions et de situations, et l’adoption des lois ou le contrôle de l’action gouvernementale. Si l’on en arrive à ces constats, sans doute faut-il que les parlementaires remettent aussi en question leur façon de fonctionner : être plus à l’écoute de leurs électeurs sur les sujets de politique nationale, de façon générale et en prévision des projets de loi, et ce pas seulement dans le cadre de leur mouvement politique ; assurer de façon plus systématique et moins marketing le compte-rendu de leur activité.
  • les outils de démocratie participative, et notamment les conseils de quartier dans les grandes villes : le constat ne peut-il être fait qu’ils sont bien trop souvent tenus à distance du processus démocratique réel, avec des élus qui font en sorte de les “occuper” sur des thématiques annexes ? Le constat ne peut-il être fait aussi d’une participation citoyenne et d’une représentativité qui peuvent perdre de l’effectivité avec le temps, pour de multiples raisons ?
  • les processus de concertation sur les grands projets, et notamment les enquêtes publiques ou autres débats publics : des moyens importants y sont consacrés. Mais on peut faire deux constats : d’une part ils restent difficiles d’accès, avec des approches techniques qui masquent les vraies questions démocratiques, et d’autre part, des interrogations sur l’usage qui est fait des avis exprimés, avec une certaine logique du “cause toujours”…

Tous ces dispositifs ont un coût, consomment des ressources. Leur efficacité insuffisante est donc une question majeure, si on en revient à l’une des problématiques d’origine du mouvement des Gilets jaunes : le ras-le-bol fiscal et l’interrogation sur l’usage des fonds publics. Certes, ce n’est pas dans le fonctionnement démocratique de notre pays que l’on trouvera tous les milliards d’euros dont on a besoin pour répondre aux besoins de la population et du pays. Mais revoir leur efficience doit y contribuer.

Il y a donc bien un chantier à mener pour revoir les outils de notre démocratie : d’une part pour que celle-ci soit assurée de façon plus efficace et concrète et d’autre part, pour qu’elle fonctionne de façon plus efficiente.

 

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