Il y a bien longtemps que je n’avais pas vécu une campagne présidentielle de l’extérieur. C’est le cas cette année, après mon départ de LR au printemps 2021 (rappel sur les raisons de ce départ). Je dois dire que la perception de l’élection est de ce fait très différente ; il n’y a pas l’exaltation de la mobilisation sur plusieurs semaines mais voir la situation avec plus de recul ne manque pas d’intérêt.

Après la campagne des municipales/métropolitaines 2020, celle des régionales en 2021, voici une nouvelle échéance démocratique qui ne se déroule pas dans des conditions « normales », avec la crainte de faire face à un nouveau rendez-vous manqué.

Mais dans le même temps, la terrible guerre qui frappe les Ukrainiens fait aussi que cette élection présidentielle amène à aborder (pour une fois) l’essentiel. Depuis quelques semaines, en tant qu’Européens, nous avons basculé dans un nouveau monde, avec le rappel, comme la Covid l’avait fait d’une autre manière, que rien n’est jamais définitivement acquis. Nous savons maintenant qu’une invasion est possible en Europe, nous apprenons tous les jours que cette guerre tue des soldats mais aussi des civils, nous voyons tous les jours que des millions d’Ukrainiens perdent tout en prenant le chemin de l’exode et nous sentons que cette situation peut dégénérer et nous toucher directement.

Il s’agit sans doute de la campagne présidentielle de la Ve République où nous percevons le plus l’importance de ce moment démocratique qui voit la Nation choisir son Chef de l’Etat et son Chef des armées. Ce contexte de guerre en Europe amène à se (re)poser des questions clés : sommes-nous prêts à faire face à la situation que connaissent les Ukrainiens, avons-nous des moyens suffisants et adaptés pour nous défendre, sommes-nous prêts à faire des efforts pour contribuer à redresser la situation ? On peut en douter quand on entend certains candidats qui sont d’accord pour des sanctions contre la Russie… à la condition que cela ne présente pour nous aucun désagrément.

Cette guerre pose aussi la question européenne sous un autre angle, avec la nécessité de penser les choses au niveau continental. Voilà, maintenant peut-être pouvons-nous sortir de la comédie et des postures sur les questions européennes, peut-être pouvons-nous un peu moins entendre ceux qui vivent politiquement de la critique de l’UE pour s’atteler aux vraies questions. Sur quoi s’entendre entre partenaires de l’UE sur les menaces auxquelles nous faisons face, comment avançons-nous pour peser dans le monde à la hauteur de notre potentiel collectif ? Et que doit faire la France dans ce contexte, avec ses spécificités en matière de défense et de diplomatie ?

La résistance des Ukrainiens, la mobilisation de toute cette Nation, forcent notre respect. Cela doit aussi nous interroger sur notre propre capacité à une telle résistance, sur notre cohésion nationale, alors que notre pays fait face aux velléités séparatistes d’acteurs de certains quartiers et que dans le même temps, des personnalités ont fait preuve ces dernières années de fascination pour des puissances étrangères, la Russie bien évidemment, mais d’autres également…

Cette élection présidentielle doit aussi être celle du choix du chemin à emprunter pour assurer notre prospérité et le futur de nos enfants. La crise de la Covid a nécessité une mobilisation très importante de la dépense publique. La guerre en Ukraine et le choc énergétique qui en résulte vont encore nécessiter un soutien public conséquent. Mais pour la suite, il faut être clair sur les efforts qui seront nécessaires et sur les forces à libérer pour que notre pays crée suffisamment de richesses pour alléger sa dette, financer ses investissements et répondre aux besoins liés au vieillissement, à l’éducation et à la transition écologique. Il serait dramatique que nous sortions de ces crises en pensant “qu’on peut bien tout se payer sans rien faire, on l’a vu pendant le Covid”…

Concernant la transition écologique, je lis que M. Jadot et les Verts déplorent que la lutte contre le réchauffement climatique ne soit pas plus présente dans la campagne. Peut-être doivent-ils se demander s’ils n’en sont pas les premiers responsables, après avoir exaspéré de nombreux Français par les mesures décalées et idéologiques de leur écologisme municipal !