Je suis tombé cette semaine sur la vidéo dans laquelle Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, entend lancer le combat de la compétitivité, en faisant la promotion du futur Crédit Impôt Compétitivité Emploi. « La compétitivité c’est l’emploi », tel est le leitmotiv de cette vidéo. Une suggestion à l’intention de nos dirigeants ; mieux vaudrait dire « pas d’emploi sans compétitivité », le message serait plus clair, mais il est vrai que de ce fait, il serait moins « hollandien ». On apprécie aussi quand le Premier ministre, passant en revue les acteurs de la compétitivité, mentionne « et puis nos chefs d’entreprise ». Significatif, pour le gouvernement, les entrepreneurs ne seraient ainsi pas les acteurs premiers de la compétitivité… – quand on leur en laisse la possibilité !
Il reste que ce discours « la compétitivité c’est l’emploi » constitue un revirement étonnant. Je me rappelle encore la dernière campagne législative, lorsque notre adversaire Najat Vallaud-Belkacem affirmait lors d’un débat télévisé qu’il n’y avait pas de problème de compétitivité coût en France, que c’était un « concept inventé par les technocrates de droite » ! Nous serions donc face à une marquante prise de conscience…
Pas d’emballement pour autant. Si le CICE est toujours bon à prendre (étant précisé qu’un dispositif plus simple eut été préférable), encore faut-il relever que ce crédit d’impôt ne va finalement faire que compenser les impôts et cotisations supplémentaires sur les entreprises (et les particuliers aussi) votés en juillet dernier, ainsi que la hausse du SMIC, avec les effets dévastateurs sur la situation économique et l’emploi que l’on connaît actuellement. Pas d’allègement significatif donc du niveau de prélèvements fiscaux et sociaux sur les entreprises ; pas de quoi doper fortement l’investissement et l’emploi. Et avec une question qui reste posée : entre les prélèvements supplémentaires votés à l’arrivée du gouvernement socialiste et les « économies » réalisées via le CICE, quels seront les acteurs économiques gagnants et quels seront les perdants ? Les secteurs les plus soumis à la concurrence internationale seront-ils vraiment bénéficiaires des allègements ?
Bref le CICE, avec sa campagne de communication, ne change pas le fait que le gouvernement socialiste a d’abord fait le choix de la pression fiscale : toujours plus de pression fiscale, sous toutes ses formes, faute d’action courageuse pour vraiment réduire la dépense publique. Un choix d’autant plus dommageable que les nouveaux dispositifs, financés par la dépense publique, paraissent bien peu efficaces dans le combat pour l’emploi. Les premiers constats sur les emplois d’avenir montrent ainsi que la mesure peine « à trouver son public » du fait de ses critères et contraintes. On peut craindre également le même constat avec les contrats de génération.
Bref, la campagne « la compétitivité c’est l’emploi » ne changera pas la réalité d’une double impasse : l’overdose de prélèvements, qui asphyxie la consommation et l’activité économique, pour notamment financer des dispositifs peu efficaces pour créer de l’emploi.