Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

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Une fois de plus, l’idéologie ne prime-t-elle pas sur le pragmatisme ?

La majorité métropolitaine verte-rouge, avec l’appui de celle de la Ville de Lyon, a lancé une modification du Plan local de l’urbanisme et de l’habitat (PLUH). Une enquête publique est en cours sur ce projet, avant son vote dans quelques mois.

Je me suis exprimé dans le cadre de cette enquête sur le point 365 qui vise à diminuer les exigences de réalisation de places de stationnement dans les constructions neuves dans une partie importante de Montchat et de Villette-Maisons neuves.

D’apparence très technique, et surtout très difficile d’accès (pour analyser les choses il faut jongler entre le projet de modification, des cartes et le règlement actuel du PLUH…), ce point 365 est en fait loin d’être mineur car il renvoie à la question d’avoir un véhicule en ville.

Les PLUH définissent en effet des exigences minimales de réalisation de places de stationnement dans les constructions neuves d’habitation ou de bureau avec la logique suivante : quand on est proche d’une ligne forte de transport en commun (métro, tram), les exigences sont moins importantes car il est de ce fait plus facile de trouver une alternative à l’usage de la voiture particulière. C’est notamment le cas dans l’hyper-centre. On comprend bien que quand on réalise un immeuble de bureau proche d’une station de métro, qui sera occupé par beaucoup de personnels, on peut limiter le nombre de stationnements de l’immeuble pour inciter à ce que les déplacements domicile-travail se fassent en métro.

Mais vouloir généraliser cette pratique à tous les quartiers peut devenir problématique. Et c’est, à mon avis, ce qui se produit avec cette modification proposée.

Au motif de la densité de la desserte en bus sur les avenues Félix Faure, Lacassagne et route de Genas, il est ainsi proposé pour l’Est de Villette, le secteur Feuillat et un vaste secteur central du quartier de Montchat (entre approximativement l’avenue des Acacias-cours Dr Long au Nord, l’Est de l’arrondissement, l’avenue Lacassagne au sud et la rue Feuillat à l’Ouest) les évolutions suivantes :

  • Pour les logements neufs : passage de 1 place de stationnement pour 65 m² de surface (avec au moins 1 place par logement) (PLUH en vigueur) à 1 place pour 75 m² (avec une moyenne d’au moins 0,9 place par logement) (PLUH proposé).
  • Pour les immeubles de bureaux : 1 place pour 120 m² de surface (PLUH actuel) à 1 place pour 160 m² (PLUH proposé).

Cette modification amène à se poser les questions suivantes.

Celle de l’alternative « transports en commun » pour les déplacements : dans ces secteurs, peut-on vraiment considérer que la desserte en bus est dense et performante, même à l’horizon de la réalisation du Bus à haut niveau de service sur la route de Genas ? Répond-elle à tous les besoins de déplacement des habitants des quartiers ? Pour ma part je pense que la réponse est non. Si la desserte de la Part-Dieu est bien fournie, ce n’est pas du tout le cas pour les déplacements directs vers la Presqu’île/Confluence ou en Nord-Sud. Par ailleurs cette mesure ne prend pas en compte le fait que des personnes font le choix d’habiter dans l’Est de la Ville (et du 3e) pour être proches du boulevard périphérique et de l’A40/A43 parce qu’ils ont besoin de se déplacer en voiture pour leur activité professionnelle.

Cette mesure ne va-t-elle pas avoir pour effet de simplement compliquer la situation du stationnement sur voirie qui est déjà très tendue dans ces secteurs ? Il y a en effet beaucoup d’immeubles anciens dans ces secteurs qui ne comportent pas de stationnement en sous-sol. Par ailleurs, les constructions neuves se font en général à la place de maisons individuelles ou de petits immeubles, ce qui se traduit par une densification de l’habitat et donc de la population en plus. Si on oblige demain à construire du neuf avec moins de places de stationnement, il y aura encore plus de véhicules stationnés sur la voirie dans ces secteurs au stationnement non payant… or il est déjà très difficile de se garer à Villette Est et à Montchat centre.

Bref, cette modification me semble d’abord être motivée par l’idéologie. C’est un exemple de l’approche anti-voiture, aveugle et excessive, des majorités métropolitaine et municipale. Oui il faut inciter à réduire l’usage de la voiture en ville mais cela doit se faire sans contraindre à ne plus avoir de voiture quand on habite en ville.

Vous pouvez donner votre avis dans le cadre de l’enquête publique jusqu’au 5 avril à 16H via ce lien.

Le mur des réalités

L’actualité de ces derniers jours est très préoccupante pour la situation dans notre métropole en matière de sécurité : émeutes à la Duchère, Rillieux et Bron, dégradations régulières dans ces mêmes villes, prise à partie du Maire de Bron, insultes contre le Maire du 2e… le sentiment que de nouveaux paliers sont franchis dans l’inadmissible, avec souvent en toile de fond, le trafic de drogue auquel le Progrès vient de consacrer une très intéressante analyse fouillée.

Au-delà de cette actualité médiatisée, il y a aussi tous les autres points sensibles de l’agglomération et de notre ville, où les habitants doivent faire face au quotidien aux incivilités et délits qui plombent la vie quotidienne. Le 3e arrondissement n’est pas à l’écart de cela avec des situations sensibles aux abords de la gare Part-Dieu, dans le secteur Charial, place ronde et rue de la Balme à Montchat, à Sans-Souci Dauphiné et bien sûr place Gabriel Péri…

J’ai noté les déclarations suivantes d’un policier municipal dans le journal suite aux émeutes du 4 mars : “Deux de mes collègues sont sortis. Ils ont pris les boucliers et les flash-balls. Je sais que son utilisation est décriée. Mais si on avait pas eu ça, on ne les aurait pas fait reculer.”

Alors que des faits aussi graves se produisent et que notre ville fait tristement la Une des JT nationaux, le Maire de Lyon vient d’exposer ses orientations en matière de tranquillité publique, de sécurité et de prévention, lors d’une commission générale du Conseil municipal. Qu’apprend-on ? D’abord qu’en termes de programmation des investissements, la sécurité est au bout de la file des priorités… Qu’ensuite, la priorité pour la police municipale sera d’outiller les agents pour aider les citoyens au quotidien (en les formant à la communication non violente, au secourisme, à la lutte contre les discriminations…) !!! Pour l’adjoint à la sécurité, il faut retrouver une police de proximité, pour recréer du lien avec les habitants. Et dans le 3e, les élus majoritaires font passer le message qu’il n’y aura pas de nouveau poste de proximité et que l’extension de la vidéoprotection n’est pas à l’ordre du jour.

Quel sentiment d’écart abyssal entre les besoins de la population de nos quartiers et la vision politique de la majorité Verts-Extrême gauche de la Ville de Lyon… Où en serons-nous dans 5 ans ?

Un autre témoignage de policier municipal suite aux dernières émeutes de la Duchère est éclairant : “Je suis un policier de proximité. Cela veut dire que je connais très bien mon terrain. Mais mon métier, c’est de constater les infractions et les délits et d’interpeller. Pas d’être sympa. Nous vouloir inoffensif, c’est contre-productif.”

On en revient à une question de conception de la ville

A quoi ressemblera le site de l’ancienne clinique Trarieux dans quelques années ? Que sera devenu ce magnifique site arboré sur les hauteurs de Montchat, élément d’identité du secteur pavillonnaire de Montchat ? La question reste d’actualité.

La nouvelle équipe municipale dominée par Europe Ecologie Les Verts a annoncé être en pourparlers avec le promoteur immobilier pour faire évoluer son projet afin de mieux préserver les surfaces naturelles du site.

Il faut effectivement mener ces discussions. C’est ce que nous nous étions engagés à faire lors des élections métropolitaines et c’est donc ce que nous aurions aussi fait si nous avions emporté cette élection. A partir du moment où les règles d’urbanisme avaient été modifiées par l’ancienne majorité socialiste (avec l’approbation des élus EELV de l’époque…), dès 2013 puis avec une confirmation lors de la dernière révision du PLU-H, il n’y a pas vraiment d’autre issue à court terme pour corriger le tir. Cette volonté politique de bétonisation a été une grave erreur contre laquelle je me suis battu. Au plan du droit de l’urbanisme, le « lait a été renversé » depuis 2013. On dit qu’il ne sert à rien de pleurer sur le lait renversé… mais néanmoins, avec une bonne prise de conscience de chacun, il est encore possible de limiter les dégâts et j’espère que ces pourparlers y parviendront.

A propos de cette prise de conscience, je veux saluer l’action de l’association d’habitants « J’Aime Montchat » qui a largement contribué à démontrer l’importance de préserver ce site d’exception, par son action constante, constructive et innovante. Une fois de plus, ce dossier a montré l’importance de la mobilisation des habitants, en parallèle des débats dans les assemblées politiques.

Si je partage cette initiative de la Ville de Lyon, en liaison avec la Métropole, de discuter avec le promoteur, j’ai néanmoins une crainte compte tenu des objectifs que la Ville s’est donnée dans ces échanges : préverser les espaces de nature de l’artificialisation et maintenir le nombre de logements prévus dans le cadre du projet d’urbanisation.

Je partage bien sûr le premier objectif. Le site est d’exception par l’ampleur et la qualité de ses espaces verts et des arbres qu’ils accueillent. Compte tenu de l’impératif du développement durable, avant de chercher à recréer des espaces verts, il semble assez logique de préserver ceux que l’on a encore ! Et pour avoir toutes les garanties, cette protection doit être de nouveau inscrite au PLU-H.

En revanche, je vois mal comment on peut préserver le site en maintenant un objectif de densification élevée, avec un grand nombre de logements. La majorité affiche son volontarisme en matière de construction de logements, pour faire face aux besoins prévus.

En la matière, on peut d’abord poser une question d’actualité. Est-ce que les effets de la crise sanitaire que nous avons sous les yeux n’amènent pas à ajuster un peu les prévisions en matière de poursuite de la métropolisation ? Est-on sûrs que le choc sanitaire que nous avons subi ne va pas modifier durablement la façon de travailler de beaucoup d’entre nous, ainsi que les aspirations en matière d’habitation ? N’est-ce pas une opportunité de certains rééquilibrages de l’occupation du territoire, avec une nouvelle chance pour les villes petites et moyennes de notre région ?

Mais au-delà de cette prospective globale, il y a aussi une question de conception de la ville, notamment des métropoles. Celles-ci doivent-elles se construire et se densifier de façon systématique et homogène ? Est-ce réellement un bon choix que de construire des villes où tous les quartiers se ressemblent, remplissant les mêmes fonctions urbaines ?

Le 6e arrondissement serait-il le même sans le Parc de la Tête d’or ? Berlin serait-elle la même sans le Tiergarten ? Marseille aurait-elle sa qualité de vie sans la Pointe rouge et les Goudes ? Et Lyon serait-elle la même si certains ne s’étaient pas levés pour s’opposer au projet de destruction du Vieux Lyon au nom d’une rationalisation de la ville ?

Pour ma part, je continue de croire que les métropoles doivent se développer en préservant leur diversité urbanistique, car cette diversité de l’habitat est un atout majeur, elle fait leur richesse au plan de la qualité de vie. La densification doit se faire de façon différenciée, en fonction des mutations urbaines (avec priorité aux sites industriels libérés du fait de relocalisations) et en fonction des infrastructures lourdes de transports en commun.

Pour le 3e et Montchat, c’est ce qui se joue en ce moment sur le site de la clinique Trarieux. Et compte tenu de sa spécificité, c’est même un enjeu pour Lyon.

Pour ma part, il est d’intérêt général que Montchat reste un quartier spécifique, avec une part importante de secteur pavillonnaire et une grande surface de nature.

Chronique de quartiers “tranquilles”

Un rapport officiel qui vient d’être publié confirme que les quartiers prioritaires de la ville (QPV) sont minés par la délinquance. Les habitants s’y disent plus en insécurité qu’ailleurs et on y trouve aussi plus de personnes impliquées dans des faits de délinquance.

Loin de moi l’idée de contester cette “évidence” et il faut bien être conscient de la dureté de la vie des personnes qui habitent les quartiers sensibles. Parmi les obligations de la République il doit y avoir celle de redonner une vie normale aux habitants de ces quartiers.

Mais il ne faut que ces constats sur les quartiers sensibles conduisent à relativiser les situations que nous connaissons de plus en plus ailleurs. Voici deux exemples de ce qui se passe dans notre 3e arrondissement, un secteur pour lequel on nous dit souvent que la situation n’est pas si grave, qu’il se passe des choses pires ailleurs…

Le 1er exemple est un témoignage qui m’a été adressé par un habitant du centre de Montchat. Il montre clairement l’organisation des délinquants et les risques pour notre sécurité.

2e exemple, la situation dans le secteur Dauphiné Sans Souci où ce collectif d’habitants s’est constitué après une dizaine d’agressions violentes depuis cet été pour arracher des bijoux ou extorquer des objets (téléphone, ordinateur, argent…) sous la menace d’un couteau. Des faits graves, sur plusieurs mois.

On pourrait aussi évoquer les débordements qui continuent aux abords des Charmilles ou dans le secteur Charial.

Sur ce blog, j’évoque régulièrement la nécessité de changer de braquet dans la lutte contre la délinquance, en améliorant la chaîne police-justice, et en déployant plus d’effectifs sur le terrain, en tirant parti d’une articulation renforcée entre police nationale et police municipale. Ces impératifs subsistent…

Marre de ces incohérences

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer ces dernières semaines la situation sensible en matière de sécurité et de tranquillité publique dans cette période de déconfinement… nous étions encore hier soir à Montchat avec Hélène Baronnier pour rencontrer des habitants excédés suite à de nouveaux incendies volontaires de véhicules dans la rue… il y a quelques jours, c’était rue Baraban que sept véhicules étaient incendiés.

Un autre aspect des débordements est celui de l’occupation nocturne des parcs et jardins, avec leur lot de nuisances pour les riverains. Les soirées estivales arrivant, finie la quiétude pour ces riverains parce que la fermeture de ces espaces publics n’est pas respectée. Un habitant confronté à cette situation récurrente autour du Parc Kaplan, en réponse à sa demande que soit fermé le parc selon les horaires du règlement, a reçu l’explication suivante “Le nombre de ces espaces sécurisés est en diminution compte tenu des nouvelles contraintes financières qui pèsent sur les collectivités territoriales (notamment de la baisse des dotations de l’Etat).”

On apprend ainsi que sur notre 3e arrondissement, ce service essentiel de la maîtrise des espaces publics n’est pas assuré de façon systématique ; à chaque espace ses règles de gestion ou l’absence de règles… et c’est l’argument des économies budgétaires qui est avancé. Nous sommes bien pourtant là sur une mission essentielle de la collectivité.

Donc manque d’argent… mais dans le même temps nous assistons au spectacle consternant de l’aménagement cyclable de la rue Ferdinand Buisson à Montchat. Un aménagement qui dès l’origine a été mal conçu, avec notamment des bordures de séparation peu visibles qui sont causes d’accident et qui, par ailleurs, empêchent les girations depuis certaines rues perpendiculaires.

Un défaut de conception qui aurait pu être facilement évité ; il suffisait de consulter les riverains qui connaissent les usages de leur rue.

Ce défaut de conception a été maintes fois signalé depuis quelques mois auprès de l’adjoint à la voirie de la Mairie du 3e, Laurent Peiser. Je l’ai encore fait lors de la dernière séance du Conseil d’arrondissement. Mais c’est un Laurent Peiser sûr de son fait, niant les problèmes, qui a répondu “circulez y’a rien à voir”. Et pourtant, ces derniers jours, plusieurs interventions de la voirie sont venues compléter l’aménagement… sans grand succès puisque ces compléments sont immédiatement dégradés (voir photo).

Visiblement, si la baisse des dotations impacte la fermeture des parcs et jardins, elle n’impacte pas les expérimentations hasardeuses sur la voirie

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