Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

Catégorie : Politique générale Page 1 of 16

Eh oh, on va élire des député(e)s pas des élu(e)s d’arrondissement !

Comme pour l’élection présidentielle, la campagne des législatives apparaît bien insaisissable. Et pourtant, ces élections nationales sont de grande importance. Avec le fonctionnement institutionnel du quinquennat, elles sont effectivement les 3e et 4e tour du grand rendez-vous démocratique national.

Importantes car les député(e)s qui vont être élu(e)s auront peut-être à prendre des décisions cruciales dans le contexte de la guerre en Ukraine. Importantes car ils et elles vont devoir approuver les politiques destinées à éviter la stagflation. Importantes car ils et elles devront contribuer au pilotage des possibles nouveaux épisodes du Covid. Importantes car ils et elles devront se prononcer sur les modalités de la transition écologique et énergétique

Aussi, je suis très étonné en lisant certains tracts ou en écoutant des débats de circonscription, de constater qu’on a plus l’impression d’être dans une élection municipale, voire d’arrondissement, que dans une élection nationale. Certes, les élections municipales/métropolitaines de 2020, les régionales de 2021, ont été largement tronquées du fait du niveau record de l’abstention. Mais pour autant, la question n’est pas de les rejouer… C’est de la marche de la France pendant les cinq prochaines années dont on parle.

Quant à l’ancrage territorial du député mis en avant comme la valeur unique par certains en errance politique , bien sûr que c’est une dimension nécessaire… mais elle n’est pas suffisante. Le pays a besoin de parlementaires impliqués dans leur territoire ; mais c’est pour qu’ils jouent bien leur rôle de représentants, pour porter les intérêts des habitants lors de l’élaboration de la loi ou le contrôle de l’action du Gouvernement, ou bien pour assurer la bonne mise en œuvre de la loi dans les territoires. Mais un député n’est pas un maire bis. Un député ancré sans idée pour la France n’a pas un grand intérêt.

Aussi à toutes fins utiles, je rappelle quelques articles de notre loi fondamentale, la Constitution, sur la mission du député.

  • Article 3 : la Souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants
  • Article 16 : après trente jours d’exercice des pouvoirs exceptionnels, le Conseil constitutionnel peut être saisi par…, soixante députés…, aux fins d’examiner si les conditions… demeurent réunies.
  • Article 24 : le Parlement vote la loi. Il contrôle l’action du Gouvernement.
  • Article 27 : tout mandat impératif est nul. Le droit de vote des membres du Parlement est personnel.
  • Article 35 : la déclaration de guerre est autorisée par le Parlement…. Lorsque la durée d’intervention (des forces armées à l’étranger) excède quatre mois, le Gouvernement soumet sa prolongation à l’autorisation du Parlement.
  • Article 36 : l’Etat de siège est décrété en Conseil des ministres. Sa prorogation au-delà de douze jours ne peut être autorisée que par le Parlement.
  • Article 49 : l’Assemblée nationale met en cause la responsabilité du Gouvernement par le vote d’une motion de censure.

Un chemin pour une relance de l’Europe ?

Une fois passée la polémique du drapeau de l’Arc de triomphe, on ne peut pas dire que la présidence française de l’Union européenne (PFUE) occupe le devant de la scène médiatique. Faut-il s’en étonner alors que quelques sujets arrivent tout juste à surnager dans cette triste (pré)campagne présidentielle ? S’en étonner non mais s’en inquiéter oui… quelle frustration de voir le niveau du débat politique dans notre pays ! On en prend d’autant plus la mesure quand on prend connaissance de l’accord qui a été noué par les partenaires de la nouvelle coalition en Allemagne. Je ne partage pas les orientations politiques de cette coalition mais on ne peut que constater que cet accord a abordé avec précision tous les sujets à enjeux.

Dans ce contexte politique national, Les Echos et l’Institut Montaigne ont publié le 6 janvier un intéressant sondage sur « Les Français et la PFUE » qui donne en fait une photo de la perception de l’Europe par les Français.

1er enseignement marquant à mon avis, si le regard des Français sur l’Union européenne demeure mitigé, la tendance ne semble pas aller vers un approfondissement du divorce : 39 % pensent que l’appartenance à l’UE présente autant d’avantages que d’inconvénients, 27 % qu’elle a plus d’avantages que d’inconvénients et 33 % qu’elle a plus d’inconvénients que d’avantages (mais une part en baisse de 6 points par rapport à 2016). Il semble donc y avoir un espace pour construire quelque chose.

C’est d’autant plus le cas que ce qui devrait constituer la valeur ajoutée de l’Europe semble mieux identifié : ainsi, si 43 % des Français pensent que la France doit produire sur son territoire tout ce dont elle a besoin, presque autant (40 %, + 3) pensent que la France doit s’entendre avec les pays de l’UE pour produire ensemble ce dont ils ont besoin. Une vision qui semble plus en adéquation avec les réalités économiques, financières et technologiques, dans un monde où d’autres puissances sont à l’oeuvre.

De la même façon, on constate que des propositions françaises, qui traduisent bien les priorités de l’UE en termes de valeur ajoutée pour ses Etats membres, sont largement approuvées par les Français : davantage réguler les grandes entreprises du numérique (83 % de favorables), taxer les produits importés dans l’UE dont la production est considérée comme trop polluante (81 %), faire converger les bas salaires (75%).

Il semble donc y avoir une voie pour redonner un élan à l’Europe.

Mais pour ma part il reste une interrogation. Ce sondage montre que ce sont les 35-49 ans qui sont les plus nombreux à exprimer un « rejet » de l’UE. Ils sont 40 % à lui trouver plus d’inconvénients que d’avantages et 63 % à considérer que l’euro a été une mauvaise chose. Pourquoi les Français nés entre 1972 et 1986 sont-ils aussi sévères ou désabusés ? Ce sont les enfants de la crise économique des années 70-80, ceux aussi qui ont assisté jeunes au renforcement de l’intégration européenne, au lancement de l’euro, à l’élargissement de l’UE… cela semble bien le signe d’une attente de réponses plus efficaces à nos défis.

Quels enseignements des résultats des élections régionales à Lyon ?

Les résultats des derniers dimanche d’élection étaient bien sûr attendus pour le devenir de notre belle région Auvergne-Rhône-Alpes. Comme en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et dans la Région Sud,  la très belle performance de la liste de la droite et du centre a largement comblé ces attentes.

Un an après la victoire de l’alliance Verts-Extrême gauche, ces résultats sont aussi intéressants pour l’évolution du rapport de forces à Lyon et à la Métropole, alors que nous voyons tant de Lyonnais qui en ont déjà marre de cette nouvelle gouvernance. L’examen des résultats pour Lyon nous montre les choses suivantes.

Le niveau de l’abstention à Lyon est inférieur de 3 points à la moyenne régionale. Il n’en est pas moins particulièrement élevé et doit forcément nous interpeller sur sa signification, qu’il s’agisse de la participation très faible des jeunes générations, mais aussi, de façon plus générale, du grand désintérêt pour ces élections dans une large partie de la population.

Entre les deux tours, il y a eu un surcroit de participation (+ 3 272 votants). D’après les résultats par arrondissement et les impressions dans les bureaux de vote, ces nouveaux électeurs étaient plutôt pour la gauche.

En score sur Lyon, par rapport aux élections de 2015, la liste de Laurent Wauquiez progresse globalement au 1er tour, mais ce n’est pas le cas dans le 1er, le 3e, le 4e et le 7e arrondissement. Au 2e tour la progression est plus nette, mais elle est inférieure à la moyenne régionale (+ 6 points contre + 15 !). Du fait de cette progression insuffisante, Lyon reste malheureusement parmi les rares communes de la région où la gauche est devant, alors que ce n’est plus le cas au niveau de la Métropole. La gauche l’emporte dans le 1er, le 3e, le 4e, le 7e, le 8e et le 9e. La dynamisation de la droite lyonnaise reste ainsi à réaliser même si entre les deux scrutins de 2015 et de 2021, on note une belle progression dans le 5e, puis le 8e et dans le 2e.

D’après la comparaison des résultats par arrondissement, il semble bien que la plus grande partie du vote Bonnell (LREM) au 1er tour se soit reportée sur la liste de la droite et du centre au 2e tour. Plus le vote Bonnell était haut au 1er tour, plus la droite progresse au 2e, sachant que les votes blancs et nuls ne progressent que de 1 900 entre les deux tours. Voilà qui devrait faire réfléchir ceux qui ont dramatisé l’alliance de barrage contre les Verts-Extrême gauche lors des élections de juin 2020.

Autre point important : on voit que la liste Grébert fait beaucoup plus de voix au 2e tour que la somme des listes Verts, PS et PC-FI du 1er tour. On a déjà dit que des votants supplémentaires expliquent sans doute une bonne partie de cela. Mais cela veut dire aussi que ce type de fusion Verts-Gauche-Extrême gauche ne pose toujours pas de problème à l’électorat de gauche. C’est une donnée importante à prendre en compte.

Autre constat, le RN reste à un niveau très limité et il perd des voix entre les deux tours. Il ne dépasse 10 % que dans son traditionnel point fort du 8e.

Fin de mandat

Comme en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et dans la Région Sud, les élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes ont été un grand succès pour la liste d’union de la droite et du centre. C’est le résultat d’un très bon bilan et d’une dynamique de campagne. A Lyon, la progression est nettement moins forte et la gauche l’emporte encore malgré le contexte très favorable à la droite… Même constat dans notre 3e arrondissement où la gauche écologiste reste en tête et où la variation du score de la droite par rapport à 2015 est nettement moins forte que la moyenne régionale (+ 6 points contre + 15). La dynamique de la droite à Lyon reste à construire…

Vous avez été nombreux à me demander ces dernières semaines les raisons de ma non-candidature aux élections régionales.

Vos interrogations ont été d’autant plus nombreuses que, comme vous l’avez constaté, j’ai assuré mon mandat jusqu’au bout. Rien que de très normal à cela puisque quand on se présente à un mandat, c’est pour l’assurer quoi qu’il arrive, jusqu’au bout.

Ces derniers mois de mon mandat régional ont en effet été denses. La crise sanitaire m’a amené à être fortement engagé auprès des associations, des entreprises, des lycées pour les accompagner sur les aides anti-crise : « click and collect » et commerce en ligne, purificateurs d’air dans les lycées… Nous avons aussi examiné dans les dernières commissions que j’ai présidées les aides d’urgence du plan de soutien aux associations étudiantes et l’important dossier de l’implantation à Lyon de l’Académie de l’Organisation Mondiale de la Santé (voir ici). Et je suis particulièrement satisfait de terminer ce mandat en ayant permis d’assurer un soutien régional à une nouvelle étape pour le festival Yggdrasil. Un soutien qui me tenait à cœur tant le projet est remarquable en termes de dynamisme de notre jeunesse, des bienfaits des associations, d’entrepreneuriat et de vision positive sur l’avenir, ce dont nous aurons beaucoup besoin dans les mois qui viennent.

Vous m’avez aussi toujours trouvé ces derniers mois à vos côtés sur des sujets locaux pour défendre notre qualité de vie dans le 3e, face à la dégradation de la sécurité ou aux décisions politiques néfastes de la nouvelle majorité Verts-Extrême gauche.

Il est important pour moi que cette non-candidature ne soit pas vue comme un abandon du combat politique ou un désintérêt pour le devenir de notre arrondissement et de ses quartiers. Comme cela a déjà été le cas lors des élections municipales, c’est un choix des instances locales des LR avec lesquelles j’ai des divergences.

Maintenant que les élections sont passées, je peux m’exprimer sur ces divergences. Au plan politique, il m’est difficile d’être sur la ligne du chef de file de la droite au plan municipal, le sénateur Blanc ; ligne qui le conduit à souhaiter qu’Eric Zemmour puisse participer à une primaire pour désigner le candidat de la droite à la présidentielle. Je souhaite une approche plus équilibrée de la droite sur Lyon. Comme je l’ai déjà dit, je ne comprends pas que la droite exprime de façon véhémente son opposition sur tous les sujets mais que dans le même temps, au lieu de voter contre sur les sujets clés comme celui de la programmation pluriannuelle des investissements (PPI), elle fasse le choix de s’abstenir.

Je n’ai donc pas été retenu par les instances locales. C’est la règle du jeu et personne n’est bien sûr propriétaire de son mandat.

Je regrette néanmoins toujours que la réforme du conseiller territorial mise en place par Nicolas Sarkozy ait été supprimée par François Hollande. Ce mode d’élection du conseiller territorial permettait en effet aux habitants de choisir directement leur représentant dans cette collectivité très importante qu’est la Région et non pas de laisser ce choix à d’autres. Par ailleurs, cela assurait que chaque territoire soit effectivement représenté et défendu à la Région. Avec le scrutin de liste, le résultat est plus aléatoire.

En tous cas je vous dis à bientôt pour de futures rencontres dans notre 3e et aussi sans doute pour de nouveaux engagements politiques ou citoyens. Vous pourrez toujours trouver mes prises de position sur ce blog.

Dernière chance ?

« C’est le dernier mandat pour réaliser la transition écologique qui permettra de lutter contre le réchauffement climatique » : cet argument, beaucoup entendu ces derniers mois, a sans doute été puissant dans la mobilisation de l’électorat qui a fait la victoire des Verts dans les grandes villes.

Pour ma part, l’évolution sous nos yeux de la France m’amène de plus en plus à croire que les échéances nationales de 2022 seront les dernières chances de restaurer notre pacte national, tant celui-ci semble aujourd’hui atteint. Quelle est encore l’épaisseur du ciment qui fait tenir ensemble notre communauté nationale ?

Par petites touches, l’actualité nous fait prendre conscience de l’ampleur du malaise. La France est l’un des pays au monde qui présente le plus haut niveau de dépenses sociales, et pourtant une part importante de la population, et notamment des seniors qui ont contribué à la Nation pendant des années, vivent dans le plus grand dénuement et l’isolement. L’impréparation face au risque virologique nous a contraints à un confinement drastique, aux conséquences humaines, sociales et économiques colossales. Mais alors que le risque d’une 2e vague est toujours présent, nous ne sommes toujours pas capables de réactivité face à l’importation de cas depuis certaines destinations sensibles. En matière d’emplois et d’économie, il faut maintenant constamment composer avec les ambitions de nouvelles puissances, au premier desquelles la Chine. Nous avons de plus en plus de mal à faire respecter nos intérêts stratégiques, comme la crise avec la Turquie en Méditerranée vient de le montrer ouvertement. Au plan démocratique, chacun se lamente de la montée de l’abstention mais nos institutions sont incapables d’innover pour inciter à la participation politique, préférant se complaire dans les rites électoraux de la IIIe République… Et bien sûr, la situation en matière de sécurité intérieure souligne l’étendue du désastre : la République laisse des bandes prendre le contrôle de certains territoires et la barbarie gagne du terrain : agression contre Marin, attaques contre des policiers en dehors du service, agression mortelle d’un chauffeur de bus à Bayonne qui ne faisait que remplir sa mission… Certains veulent se rassurer en parlant de malheureux cas isolés alors que tout cela n’est que le résultat d’une République perçue comme désarmée et qui, il faut bien le dire, apparaît très passive.

Alors bien sûr, on peut s’émouvoir des décisions des nouveaux élus lyonnais écologistes portant atteinte à notre Fête nationale. Ils participent bien au travail de sape qui est à l’œuvre. Mais le besoin de se ressaisir est bien plus profond.

Derrière ces états de fait, n’y-a-t-il pas le manque de volonté de se surpasser pour le Bien commun que constitue la communauté nationale, l’une des familles de l’Union européenne ?

Je lisais il y a quelques jours les propos suivants de Andrew Michta : « Nos élites actuelles sont de plus en plus désancrées de leur culture et tradition politique. Elles doivent réapprendre le patriotisme : le sens de l’amour du pays, de l’héritage historique, et surtout, de l’obligation mutuelle que nous devons ressentir l’un envers l’autre quand nous appartenons à la même nation. (…) Quand on cesse d’être une nation, quand notre identité nationale est déconstruite au point que nous ne croyons plus en un bien commun, la démocratie cesse de fonctionner. » Il fait ici allusion aux Etats-Unis de Trump ! Cela ne résonne-t-il pas fortement à nos oreilles françaises ?

N’y-a-t-il pas urgence en France à faire en sorte que nous puissions encore croire au Bien commun ?

Bonne Fête nationale ! Et bon été !

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