Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

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Pas de construction durable sans fondations solides

Je n’ai soutenu Emmanuel Macron, ni au 1er tour de la présidentielle, ni aux législatives. Je n’ai pas fait partie non plus des séduits de la seconde heure, mais pour autant, j’ai observé les premiers mois du mandat sans opposition systématique ou ressentiment revanchard. Je ne suis cependant toujours pas convaincu.

Il y a d’abord l’exercice du pouvoir. Nous avons eu beaucoup de symboles habiles, mais cet exercice de la fonction présidentielle, ponctué de “belles images”, de propos provocants et surtout de promotion personnelle laisse dubitatif. Avec la dernière mise en scène à Athènes, devant l’Acropole, alors que l’impératif c’était la réponse à l’ouragan Irma, on a frôlé l’overdose…

Il y a ensuite les réformes engagées… Reconnaissons-le, il y a du volontarisme et certaines vont dans le bon sens, certaines étaient attendues. Nous l’avions d’ailleurs dit lors de la campagne des législatives : les bonnes propositions seraient soutenues. Il faut dire que la méthode Macron pour préparer la présidentielle a été habile : du porte-à-porte pour recueillir les attentes des Français, puis des mesures ponctuelles phares pour y répondre. Ce fut le cœur du “et droite, et gauche”. Chaque électeur pouvait ainsi trouver son point d’intérêt. Nous l’avons bien vu avec les mesures revenant sur les aberrations de Hollande au plan scolaire (classes européennes par exemple), l’indemnisation du chômage en cas de démission, la suppression du RSI…

Certaines réformes vont donc dans le bon sens, mais on sera vigilant sur la réalité de la mise en œuvre. On s’assurera aussi que ce qui est accordé d’une main, n’est pas repris de l’autre… Et puis surtout, soyons conscients que les défis de la France ne se résoudront pas par des réformes parcellaires. Prenons les réformes du marché du travail. Aussi utiles que soient ces réformes, elles ne sont pas l’alpha et l’omega de notre agenda politique. Je suis surpris de voir comment certains ont restreint leur vision politique à ce sujet. D’ailleurs, même en se limitant au travail et à l’emploi, pour bien résoudre les problèmes, il faudrait aussi aborder la question de l’attractivité de tous les emplois.

Mais la première faiblesse du macronisme, c’est la vision pour la France. L’interview fleuve de rentrée dans le Point était censée y remédier. Elle est surtout un révélateur. Le diagnostic qui fonde cette vision apparaît très incomplet et penche à gauche. L’approche du terrorisme et de la menace islamiste est révélatrice. Les propos du Président apparaissent d’une grande naïveté, avec la mise en avant de multiples causes et la classique tentation de la victimisation. Ainsi peut-on lire que le départ des djihadistes répond à une “soif d’engagement” ou que “la guerre civile du monde musulman – sunnites contre chiites – s’exporte dans nos sociétés et nourrit le terrorisme”. On aurait surtout voulu lire que le terrorisme islamiste est un projet global et construit contre nos valeurs occidentales et qu’il faut donc le combattre en fonction de cela.

Il en va de même pour le rétablissement du respect des règles de notre République. La hausse des moyens d’action est évoquée (sécurité, justice), mais rien n’est dit que sur le terrain qu’il faut reconquérir. Pour reprendre une expression d’Emmanuel Macron, les “problèmes ne sont pas nommés”, on peut donc douter des solutions.

Autre limite fondamentale, celle de l’analyse des fractures économiques et sociales de la France. On constatera d’abord que les difficultés du monde rural et de l’agriculture, des travailleurs pauvres, des petites retraites, ne sont pas dans le radar présidentiel. On lit des développements sur les Français les plus en difficultés, mais les agriculteurs qui travaillent du matin au soir sans rien gagner, les jeunes qui n’ont pas d’espoir à attendre dans l’espace rural, les retraités qui ne s’en sortent pas, n’en font pas partie. Et puis, au plan économique, il y a cette fascination qui transparait pour la destruction-créatrice, semblant oublier que l’action politique, le gouvernement du pays, ce n’est pas se laisser aller au fil-de-l’eau des évolutions économiques.

Je crois encore que cette vision présidentielle, construite sur un diagnostic incomplet et sous-tendue par un libéralisme mondialisé, aura bien du mal à répondre durablement et en profondeur aux défis de la France.

 

Une politique à repenser

UniversiteIntervention lors du Conseil métropolitain du 21 septembre 2015 sur le soutien à la Communauté d’universités et d’établissements de Lyon.

“Le groupe Les Républicains et apparentés va voter ce soutien à l’Université de Lyon. L’engagement en faveur de l’enseignement supérieur est une nécessité, quand on sait notamment que les jeunes diplômés du supérieur ont cinq fois moins de risques d’être au chômage.

On sait aussi que beaucoup reste à faire dans notre agglomération. L’académie de Lyon est ainsi qualifiée de « cancre » en matière de logement étudiant, et c’est à Lyon que le coût de la vie étudiante est le plus élevé après l’Ile-de-France.

Nous approuvons ce soutien mais nous en appelons à une réflexion sur cette politique compte tenu du nouveau contexte que nous connaissons. Avec la réduction de la dépense publique, il sera plus que jamais nécessaire de savoir qui fait quoi et de s’assurer que toutes les interventions vont bien dans le bon sens.

Se pose d’abord la question de l’engagement de l’Etat, qui a la responsabilité de l’enseignement supérieur et de la recherche. Sur ce sujet comme sur d’autres, François Hollande avait promis beaucoup à la jeunesse, et les résultats sont bien maigres. Les moyens consacrés aux universités stagnent, alors que les effectifs étudiants continuent d’augmenter : + 65 000 pour cette année universitaire. La France est à la traine pour l’investissement par étudiant : 14e rang seulement des pays de l’OCDE. Pire, le Gouvernement vient de « faire les poches » aux universités, prélevant de l’argent dans les fonds de roulement, au risque de menacer leurs projets. Des élections se profilant, on nous annonce un plan national de la vie étudiante : quelle sera sa réalité au-delà de l’effet d’affichage ?

Se pose ensuite la question de l’articulation avec la Région. La loi NOTRe confie clairement la responsabilité à la Région d’établir un schéma régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, schéma définissant les priorités d’intervention, priorités qui devront être prises en compte par les autres collectivités. Est-il par exemple intelligent que Région et Ville de Lyon saupoudrent toutes les deux de petites aides aux colloques de quelques centaines d’euros ? Il faudra donc parler avec la Région. Nous savons que vous avez du mal à le faire actuellement. M. Bret et Mme Boudaoud doivent être les derniers socialistes à parler à M. Queyranne. Souhaitons qu’un nouveau souffle à la Région permette de dégager ces obstacles dès la fin de cette année !

Se pose enfin la question du territoire pertinent pour soutenir localement l’enseignement supérieur. La Communauté d’universités et d’établissements que nous soutenons est celle du pôle Lyon-Saint Etienne. La Métropole de Lyon n’est donc pas la seule concernée. Vous avez par ailleurs créé un pôle métropolitain avec l’agglomération de Saint-Etienne. On se demande parfois pourquoi ce pôle vient s’occuper de certains sujets ; on s’étonne par contre qu’il traite peu de l’enseignement supérieur alors que l’Université de Lyon réunit aujourd’hui Lyon et Saint-Etienne. Tout cela est décidément bien complexe, entremêlé. Cela manque un peu d’esprit cartésien pour rester dans le domaine du savoir. Certes, nous allons aussi approuver aujourd’hui la création d’un service commun entre la Ville de Lyon et la Métropole. Mais cette optimisation des moyens publics semble bien modeste par rapport aux clarifications à opérer.

Donc oui nous approuvons le soutien à l’Université de Lyon. Mais dans les temps compliqués que nous connaissons en matière d’investissement public, il faut nous assurer que nous faisons globalement au mieux pour que l’enseignement supérieur remplisse sa mission de transmission du savoir, pour que les étudiants aient de bons débouchés professionnels et pour qu’ils puissent étudier dans de bonnes conditions.

Il devient urgent de rappeler l’Etat à ses responsabilités et de débattre du qui doit soutenir quoi, entre les collectivités, pour une action conjointe optimale. Vous pouvez compter sur notre détermination, pour l’un comme pour l’autre.”

Les nouveaux rythmes scolaires en pratique…

Alors que les doutes sur la sincérité du vote des conseils d’école ne font que grandir, Gérard Collomb et son adjointe Anne Brugnera poursuivent à marche forcée la mise en place de leur réforme des rythmes scolaires, nouvelle organisation qui va coûter aux familles, coûter aux finances publiques, désorganiser la vie des familles, des écoles, des associations proposant des activités le mercredi, des professionnels dans le domaine de l’enfance… alors même que cela changera peu de choses pour améliorer l’apprentissage des enfants !

Je rencontre de nombreux parents révoltés ou consternés par cette situation et j’ai proposé à l’un d’entre eux de publier son « témoignage ». Rien de tel que du vécu pour dénoncer les aberrations !

« En tant que parent, je ne comprends pas et je n’accepte pas l’organisation des rythmes scolaires proposée par Monsieur Gérard Collomb le 14 mai dernier suite au décret Hamon.

En effet, il me semble important de rappeler les fondements de cette réforme centrée sur l’intérêt de l’enfant et sur sa bonne prise en charge tout au long de la semaine scolaire : l’objectif est de mieux répartir le temps d’apprentissage sur la semaine en assurant une grande régularité dans les apprentissages (respect des rythmes d’apprentissage et de repos).

Le choix fait par Gérard Collomb et son équipe ne va pas dans ce sens. Choisir de regrouper toutes les activités  sur une demi- journée – et pas n’importe laquelle – le vendredi n’est pas synonyme de régularité mais plutôt de weekend de 2,5 jours (pour les enseignants, pour les parents pouvant facilement caler leurs absences professionnelles sur celles de leur enfant).

Le choix du mercredi matin travaillé et du vendredi après midi réservé à des activités périscolaires facultatives vont par ailleurs impacter dès la rentrée mes finances et mon organisation.

Je vais payer à mon assistante maternelle les 3 heures du mercredi matin pour pouvoir garantir son pouvoir d’achat et qu’elle puisse ainsi m’assurer la garde de mon enfant sur le temps du déjeuner, le soir après l’école, les mercredis après midi et les vacances scolaires. Qui a pris en compte les impacts organisationnels et financiers pour les assistantes maternelles ?  L’évolution de ce métier qui va tendre uniquement vers la garde d’enfants non scolarisés ?

Je vais payer l’activité périscolaire du vendredi 200 euros/an en m’engageant pour une année sur une activité non connue lors de la préinscription. Initialement, le montant était de 20 euros par an !

J’espère que l’activité « choisie » du mercredi matin sera planifiée le mercredi dans l’après midi et pas un soir de semaine pour que mon enfant puisse continuer à s’épanouir dans une activité qui lui plait.

Le mieux serait d’annuler cette réforme en raison de son coût pour la collectivité, pour les parents, pour l’économie. En effet, le mercredi matin depuis des années génère des revenus à l’Etat (ex : emploi des assistantes maternelles, écoles de musique, associations sportives et culturelles, professeurs de musique particuliers, orthophoniste, orthodontiste, station de ski, organisation du 4/5….). Comment ces impacts ont il été mesurés ? Est-ce que toutes ces activités pourront être réalisées le samedi ou le soir sans fatiguer plus nos enfants?

Le moins pire à Lyon serait d’étudier une répartition des activités sur deux demi journées (mardi et jeudi) pour répondre aux critères initiaux de la réforme et non une demi-journée le vendredi pour faciliter la gestion du personnel et des équipements de la ville. »

Réforme territoriale

Mon intervention lors du débat du 20 juin du Conseil régional sur la réforme territoriale et la perspective de la constitution d’une région Rhône-Alpes/Auvergne. Contrairement à ce que titre aujourd’hui le Progrès, le groupe de l’Union de la droite et du centre ne refuse pas une éventuelle fusion. Il a par contre souhaité une réforme plus réfléchie, dans la concertation, en donnant la parole aux habitants des deux régions via un référendum.

Tout ça pour ça !

Voici le texte de mon intervention lors du Conseil d’arrondissement du 2 juin sur l’organisation des rythmes scolaires proposée par Gérard COLLOMB et Anne BRUGNERA.

« Enfin, nous abordons le sujet des rythmes scolaires, c’est un sujet très important et on sait combien il préoccupe les parents et les enseignants.

Nous allons voter contre cette délibération comme nous l’avons expliqué en conseil municipal.

La première raison est le défaut de concertation et l’absence de débat démocratique sur la question, cela mérite un vote négatif. Il est consternant de constater que c’est le 2 juin, à deux semaines de la fin des cours et à quelques mois de la rentrée, avec les vacances au milieu, que les parents d’élèves connaissent les modalités de l’organisation de la semaine, ce qui leur pose d’énormes problèmes.

Gérard COLLOMB avait décidé de se donner un an de plus pour donner le temps à la réflexion ; cette année n’a servi à rien car il n’y a pas eu de concertation ni de débat démocratique alors que la campagne municipale aurait dû être l’occasion de débattre de ce sujet. Vous avez fait preuve d’un évitement permanent sur la question. Il était répondu aux parents dans les conseils d’école que nous ne pouvions pas aborder le sujet étant en campagne électorale, ce qui est un comble puisque nous étions là au cœur du débat municipal.

Il y a eu mensonge en plus puisque Gérard COLLOMB, dans la seule information qu’il avait pu donner, avait annoncé un coût pour les familles de 2 à 19 euros par an et que, quelques jours après les élections, c’est devenu un coût de 2 euros à 20 euros par mois ce qui, en termes de déontologie démocratique, pose un problème. Comment peut-on se renier ainsi en quelques jours ? Vous avez inventé l’école publique payante ! C’est tromper les Lyonnais que d’avoir fait ce type de fausse information.

Pour toutes ces raisons, cela méritait déjà de marquer le coup par un vote négatif.

Le deuxième point c’est sur le fond de la réforme ; nous avons complètement perdu de vue l’objectif de départ de cette réforme. Je rappelle pour Madame BRUGNERA, qui n’est pas là ce soir, mais qui l’a dit largement dans les médias, l’objectif n’est pas de rendre le planning lisible pour les élèves, ni de ne pas compliquer l’organisation dans les établissements scolaires mais, l’objectif est bien d’alléger le temps scolaire pour que les enfants puissent mieux apprendre à l’école. En la matière, il y a des besoins.

Aujourd’hui, vous nous proposez de basculer les heures d’apprentissage du vendredi après-midi sur le mercredi matin, on est bien loin de l’objectif de l’allègement puisque le rythme va rester soutenu pendant une bonne partie de la semaine pour les enfants.

Je souscris assez à la formule « tout ça pour ça » parce qu’il n’était pas utile de se lancer dans un tel “barnum” pour aboutir à un résultat finalement aussi marginal.

Votre proposition est habile parce que finalement, elle va arranger beaucoup de monde et nous retrouvons le modèle lyonnais de Gérard COLLOMB, c’est « socialo-démago » car  en faisant ça, on ne bouscule pas trop les choses et on va se mettre « dans la poche » un certain nombre de personnes. Le problème, c’est que cette réforme, qui ne change rien sur le fond,  a un coût, pour la collectivité et pour les familles. Il est estimé entre 8 et 9 millions d’euros par an. Dans le contexte actuel, c’est une somme significative, c’est une nouvelle école par an en termes d’investissement.

Il s’agit donc d’une réforme a minima, qui ne change pas grand-chose, mais qui va obérer nos capacités budgétaires dans un contexte que l’on sait déjà très contraint.

La troisième raison, dont on a peu parlé – mais en politique il faut avoir des positions fermes et les assumer -, c’est qu’il y a un très mauvais signal politique qui est donné car, derrière, c’est le weekend de 2 jours ½ qui est proposé. Aujourd’hui où l’on est plutôt dans une logique où il faudrait que la France travaille plus, pour nous sortir des difficultés dans lesquelles nous sommes, par le biais de cette réforme, vous allez donner un encouragement au week-end de 2 jours ½. En termes philosophiques ou d’organisation de la société, ce n’est pas un bon message mais il est cohérent avec votre logique socialiste que vous avez développée depuis quelques années. Par ailleurs, une telle interruption n’est pas bonne pour les rythmes scolaires !

Pour ces trois raisons et, face à cette réforme qui s’avère être un fiasco, à la fois national et local, puisqu’encore une fois, cette réforme ne débouche pas sur grand-chose pour un coût important, nous allons voter contre cette délibération. Aujourd’hui, la meilleure solution serait d’annuler cette réforme ; reste à espérer que la raison l’emporte et qu’au niveau national, face au résultat que l’on va obtenir, le Gouvernement revienne sur ce sujet. Nous manifesterons samedi, devant le Rectorat, pour demander l’annulation de cette réforme car, nous sommes nombreux à nous y opposer en l’état.

Nous sommes devant une réforme malmenée qui perd ses objectifs de départ et qui est moins favorable que ce que nous pouvions avoir.  Merci. »

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