Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

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Colmatage

La conférence de presse du Président de la République du 25 avril vient enfin d’engager la sortie du Grand débat. Après bientôt six mois de tensions et de mouvement social, il est plus que temps pour le pays de repartir de l’avant.

Si la longueur et la mise en scène de cet échange avec la presse à l’Elysée donne une impression de grand bavardage, et si plusieurs des mesures évoquées restent à préciser ou clarifier, je ne dirais pas comme certains qu’Emmanuel Macron n’a rien annoncé. Il y a bien un certain nombre d’évolutions et de projets dans ses réponses. On retiendra notamment la baisse d’impôt sur le revenu dont devraient bénéficier certains contribuables de la classe moyenne ainsi que le coup de pouce aux petites retraites, et même à l’ensemble des retraites d’ici 2021. Ce sont des avancées. Dans le domaine de l’enseignement supérieur que je suis à la Région, j’ai noté aussi l’annonce d’un développement des filière universitaires courtes.

Des changements sont donc annoncés pour répondre à la colère sociale qui s’est notamment exprimée dans le mouvement des gilets jaunes. Après les premières mesures annoncées en décembre, pour un coût de 10 Md d’euros, les dernières annonces ont aussi un coût conséquent : on parle de 5 Md d’euros pour la réduction d’IRPP, de 3 Md d’euros pour l’indexation des retraites à l’horizon 2021.

Mais pour ma part, ces annonces de décembre et d’avril m’évoquent une double interrogation.

La première est celle de leur financement. Comment cela va-t-il être financé, qui va “payer” ? Les indications manquent de clarté et ne semblent pas à la hauteur du chantier.

La deuxième interrogation porte sur la cohérence de l’ensemble des mesures. Je ne perçois pas comment cela constitue un plan d’ensemble permettant de répondre aux défis du pays. Je n’y trouve pas de réponse à ce qui est à mon avis la problématique essentielle : comment retrouver la cohésion nationale et les marges de manœuvre financières pour que la France soit en mesure de faire face aux enjeux : le vieillissement, l’élévation des compétences, l’innovation, la transition énergétique, la défense… ?

L’éventail des annonces laisse plutôt penser qu’Emmanuel Macron cherche à accorder des avancées à différentes catégories de Français, pour que le plus possible puissent se dire qu’ils ont obtenu quelque chose. Cela rappelle finalement la campagne présidentielle, avec un patchwork de promesses qui n’a pas fait un projet politique cohérent… et qui a conduit à la crise quelques mois après.

Il y a donc de quoi être inquiets quant à la marche en avant que doit reprendre le pays. Et on peut aussi craindre que les élections européennes servent du coup à s’exprimer sur cette sortie de crise. Ce serait dramatique. Car après une élection présidentielle en 2017 qui n’a pas vraiment permis au pays de se prononcer sur le chemin qu’il voulait emprunter, on risque donc de passer à côté d’une élection européenne qui elle-aussi a vocation à trancher des choix importants : sur quels sujets et comment l’Union européenne doit-elle apporter une valeur ajoutée aux pays européens pour faire face aux défis de notre temps…

Interview de rentrée

Face à faceFin de la trêve des confiseurs, j’ai eu le plaisir hier d’être l’invité de Loic Besson pour Face à face sur TLM.

L’occasion d’échanger sur la sécurité et la dernière attaque contre les policiers – alors que l’insécurité revient parmi les toutes premières préoccupations des Français -, sur le retour en France des djihadistes, sur les premiers mois du quinquennat Macron et sur la refondation à droite.

Pour voir l’émission, c’est ici.

Pas de construction durable sans fondations solides

Je n’ai soutenu Emmanuel Macron, ni au 1er tour de la présidentielle, ni aux législatives. Je n’ai pas fait partie non plus des séduits de la seconde heure, mais pour autant, j’ai observé les premiers mois du mandat sans opposition systématique ou ressentiment revanchard. Je ne suis cependant toujours pas convaincu.

Il y a d’abord l’exercice du pouvoir. Nous avons eu beaucoup de symboles habiles, mais cet exercice de la fonction présidentielle, ponctué de “belles images”, de propos provocants et surtout de promotion personnelle laisse dubitatif. Avec la dernière mise en scène à Athènes, devant l’Acropole, alors que l’impératif c’était la réponse à l’ouragan Irma, on a frôlé l’overdose…

Il y a ensuite les réformes engagées… Reconnaissons-le, il y a du volontarisme et certaines vont dans le bon sens, certaines étaient attendues. Nous l’avions d’ailleurs dit lors de la campagne des législatives : les bonnes propositions seraient soutenues. Il faut dire que la méthode Macron pour préparer la présidentielle a été habile : du porte-à-porte pour recueillir les attentes des Français, puis des mesures ponctuelles phares pour y répondre. Ce fut le cœur du “et droite, et gauche”. Chaque électeur pouvait ainsi trouver son point d’intérêt. Nous l’avons bien vu avec les mesures revenant sur les aberrations de Hollande au plan scolaire (classes européennes par exemple), l’indemnisation du chômage en cas de démission, la suppression du RSI…

Certaines réformes vont donc dans le bon sens, mais on sera vigilant sur la réalité de la mise en œuvre. On s’assurera aussi que ce qui est accordé d’une main, n’est pas repris de l’autre… Et puis surtout, soyons conscients que les défis de la France ne se résoudront pas par des réformes parcellaires. Prenons les réformes du marché du travail. Aussi utiles que soient ces réformes, elles ne sont pas l’alpha et l’omega de notre agenda politique. Je suis surpris de voir comment certains ont restreint leur vision politique à ce sujet. D’ailleurs, même en se limitant au travail et à l’emploi, pour bien résoudre les problèmes, il faudrait aussi aborder la question de l’attractivité de tous les emplois.

Mais la première faiblesse du macronisme, c’est la vision pour la France. L’interview fleuve de rentrée dans le Point était censée y remédier. Elle est surtout un révélateur. Le diagnostic qui fonde cette vision apparaît très incomplet et penche à gauche. L’approche du terrorisme et de la menace islamiste est révélatrice. Les propos du Président apparaissent d’une grande naïveté, avec la mise en avant de multiples causes et la classique tentation de la victimisation. Ainsi peut-on lire que le départ des djihadistes répond à une “soif d’engagement” ou que “la guerre civile du monde musulman – sunnites contre chiites – s’exporte dans nos sociétés et nourrit le terrorisme”. On aurait surtout voulu lire que le terrorisme islamiste est un projet global et construit contre nos valeurs occidentales et qu’il faut donc le combattre en fonction de cela.

Il en va de même pour le rétablissement du respect des règles de notre République. La hausse des moyens d’action est évoquée (sécurité, justice), mais rien n’est dit que sur le terrain qu’il faut reconquérir. Pour reprendre une expression d’Emmanuel Macron, les “problèmes ne sont pas nommés”, on peut donc douter des solutions.

Autre limite fondamentale, celle de l’analyse des fractures économiques et sociales de la France. On constatera d’abord que les difficultés du monde rural et de l’agriculture, des travailleurs pauvres, des petites retraites, ne sont pas dans le radar présidentiel. On lit des développements sur les Français les plus en difficultés, mais les agriculteurs qui travaillent du matin au soir sans rien gagner, les jeunes qui n’ont pas d’espoir à attendre dans l’espace rural, les retraités qui ne s’en sortent pas, n’en font pas partie. Et puis, au plan économique, il y a cette fascination qui transparait pour la destruction-créatrice, semblant oublier que l’action politique, le gouvernement du pays, ce n’est pas se laisser aller au fil-de-l’eau des évolutions économiques.

Je crois encore que cette vision présidentielle, construite sur un diagnostic incomplet et sous-tendue par un libéralisme mondialisé, aura bien du mal à répondre durablement et en profondeur aux défis de la France.

 

Consternante armée mexicaine !

MexiqueAprès la démission de la présidence de Gérard Collomb, un nouvel exécutif de la Métropole de Lyon a été mis en place. Dans la torpeur du début d’été, cette liste de vice-présidents et de conseillers délégués n’a pas été largement communiquée et commentée, ce qui a bien arrangé la majorité de cette collectivité…

Je ne résiste pas à la diffusion de cette liste, bien qu’elle soit – et pour cause – fort longue et indigeste. Mais il faut bien informer le citoyen contribuable de notre agglomération.

Ce sont ainsi pas moins de 51 vice-présidents et conseillers délégués qui ont été nommés ! On saluera l’indéniable créativité pour trouver des fonctions à tous ces élus et on notera combien ces désignations sont en phase avec les concepts à la mode… Mais plus sérieusement, tout cela est consternant. Comment une telle armée mexicaine peut-elle être efficace ? Et comment accepter le coût financier correspondant que l’on peut estimer à 64 000 euros par mois d’indemnités supplémentaires, 766 000 euros par an !!!!

On rappelle que la Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui compte six fois plus d’habitants que la Métropole de Lyon, est gérée avec 15 vice-présidents et 8 conseillers délégués.

Le Président Macron a exprimé son intention que soit réduit le nombre des élus locaux. Plutôt que de jeter la suspicion sur les milliers d’élus locaux qui oeuvrent chaque jour dans leur commune, notamment rurales, peut-être ferait-il mieux de contraindre ses amis et soutiens politiques à revenir à la raison !

Voici cette liste qui n’est malheureusement pas un poisson d’avril :

  • Marc GRIVEL, 1er vice-président délégué à l’Organisation, la cohésion territoriale et les synergies métropolitaines transversales ainsi qu’aux Ressources humaines,
  • Fouziya BOUZERDA, 2ème vice-présidente déléguée à l’Économie et à l’Insertion,
  • Jean-Paul BRET, 3ème vice-président délégués aux Universités,
  • Michèle VULLIEN, 4ème vice-présidente déléguée aux Déplacements et aux Intermodalités,
  • Richard BRUMM, 5ème vice-président délégué aux Finances,
  • Jean-Luc DA PASSANO, 6ème vice-président délégué aux Grands ouvrages aux Grandes infrastructures, à la Prévention des risques naturels et technologiques et au Devoir de mémoire,
  • Myriam PICOT, 7ème vice-présidente déléguée à la Culture,
  • Michel LE FAOU, 8ème vice-président délégué à l’Urbanisme et renouvellement urbain, à l’Habitat et au Cadre de vie,
  • Pierre ABADIE, 9ème vice-président délégué à la Voirie, hors grands ouvrages et grandes infrastructures,
  • Roland CRIMIER, 10ème vice-président délégué à l’Énergie et aux Projets Carré de Soie et Grand Montout,
  • Thierry PHILIP, 11ème vice-président délégué à l’Environnement, à la Santé et au bien-être dans la ville,
  • Alain GALLIANO, 12ème vice-président délégué aux Relations internationales et à l’Attractivité
  • Karine DOGNIN-SAUZE, 13ème vice-présidente déléguée à l’Innovation, à la Métropole Intelligente, au Développement numérique et à la Mobilité intelligente,
  • Jean-Paul COLIN, 14ème vice-président délégué à l’Eau et à l’Assainissement,
  • Bruno CHARLES, 15ème vice-président délégué au Développement durable, à la Biodiversité, à la Trame verte et à la Politique Agricole
  • Hélène GEOFFROY, 16ème vice-présidente déléguée à l’Action foncière,
  • Murielle LAURENT, 17ème vice-présidente déléguée à l’Action sociale et éducative,
  • Laura GANDOLFI, 18ème vice-présidente déléguée au Déploiement des politiques de solidarités en direction des personnes âgées et personnes en situation de handicap,
  • Guy BARRAL, 19ème vice-président délégué à la Politique sportive,
  • Sandrine FRIH, 20ème vice-présidente déléguée à la Politique de concertation, à la Participation citoyenne et à la Vie associative,
  • Gérard CLAISSE, 21ème vice-président délégué à la Politique d’achat public, aux Gestions externes, aux Affaires juridiques et assurances,
  • Béatrice VESSILLER, 22ème vice-président délégué à la Rénovation thermique des logements (parc social, parc privé), aux Programmes d’intérêt général (PIG) énergétiques, au Pilotage des aides de l’ANAH et au Fond de solidarité énergétique,
  • Renaud GEORGE, 23ème vice-président délégué au Pacte et à la démarche prospective métropolitains,
  • Prosper KABALO, 24ème vice-président délégué à l’Administration générale, à la Logistique et au Patrimoine bâti,
  • Georges KEPENEKIAN, 25ème vice-président délégué à la Politique de la ville
  • Nathalie FRIER, 1ère conseillère déléguée à l’Économie résidentielle, au Commerce de proximité et au Suivi politique de la ville,
  • Corinne CARDONA, 2ème conseillère déléguée au Logement social,
  • Max VINCENT, 3ème conseiller délégué à la Coopération décentralisée,
  • Michel ROUSSEAU, 4ème conseiller délégué aux Ressources humaines et aux Conditions de travail,
  • Éric DESBOS, 5ème conseiller délégué à l’Éducation, aux Collèges et aux Actions éducatives,
  • Valérie GLATARD, 6ème conseillère déléguée aux Politiques d’insertion sur le territoire,
  • Jean-Michel LONGUEVAL, 7ème conseiller délégué aux Grands équipements du développement économique,
  • Thierry POUZOL, 8ème conseiller délégué aux Rapprochements et aux Communes nouvelles,
  • Lucien BARGE, 9ème conseiller délégué aux Enjeux fonciers agricoles et au Suivi du projet d’aménagement de la plaine St-Exupéry,
  • Gérald EYMARD, 10ème conseiller délégué à l’Évaluation et au suivi de la politique budgétaire,
  • Thérèse RABATEL, 11ème conseillère déléguée à la Politique du handicap,
  • Roland BERNARD, 12ème conseiller délégué au Fleuve et à l’Aménagement et usages
  • Virginie POULAIN, 13ème conseillère déléguée à l’Adoption, à l’accompagnement des familles, à la Vie Associative (ouest Métropole)
  • Gilles PILLON, 14ème conseiller délégué à la Mobilisation des entreprises pour l’insertion et l’emploi,
  • Catherine PANASSIER, 15ème conseillère déléguée au Développement d’une démarche de prospective appliquée pour une culture métropolitaine,
  • Émeline BAUME, 16ème conseillère déléguée à la Prévention des déchets et à l’Économie circulaire,
  • Jean-Pierre CALVEL, 17ème conseiller délégué à la Logistique et aux transports de marchandises en ville,
  • Jean-Jacques SELLES, 18ème conseiller délégué à la Coordination des animations sportives et aux Parcs de Lacroix-Laval et de Parilly,
  • Gilbert SUCHET, 19ème conseiller délégué à Voirie et à la Proximité,
  • Patrick VERON, 20ème conseiller délégué aux Règlements locaux de publicité et aux services aux Communes en matière d’instruction des autorisation du droit des sols (ADS), aux Parcs-relais, aux gares de trains express régionaux, aux haltes ferroviaires et aux pôles d’échanges multimodaux,
  • Pierre HEMON, 21ème conseiller délégué aux Mobilités actives,
  • Samia BELAZIZ, 22ème conseillère déléguée aux Énergies renouvelables et aux Réseaux de chaleur ou de froid urbains,
  • Rolland JACQUET, 23ème conseiller délégué à l’Évaluation des politiques publiques d’innovation et de territorialisation de la production industrielle,
  • Loïc CHABRIER, 24ème conseiller délégué aux Enseignements artistiques,
  • Sarah PEILLON, 25ème conseillère déléguée à la Vie étudiante et aux Industries créatives,
  • Brigitte JANNOT, 26ème conseillère délégué au Suivi des instances locales de l’habitat et des attributions (ILHA) et à la Vie associative (centre et est Métropole)

Et si on regardait derrière le rideau ?

La personne qui serait partie sur Mars au début du quinquennat Hollande et viendrait de revenir dans notre 3e arrondissement trouverait une situation politique semblant bien changée.

La France a élu un nouveau Président. On ne sait pas trop ce qu’il a fait ces 5 dernières années… mais il est jeune, il parle bien et il est fort en symboles.

Par ailleurs, notre revenant de Mars apprendrait qu’un grand renouvellement est proposé à l’Assemblée nationale. Il entendrait ainsi sur tous les médias, du matin au soir, que des candidats “En marche” tout neuf vont tout changer au Parlement.

En regardant les tracts distribués sur les marchés il apprendrait que la candidate “En marche” pour le 3e Est est Mme Brugnera. Peu connue, il penserait qu’effectivement, il y a de la nouveauté dans cette candidature. Et il serait conforté dans cette idée en lisant que le Président d’un conseil de quartier soutient cette candidate… Si même la société civile soutient cette candidate, c’est vraiment que le renouveau est à l’œuvre…

Maintenant, si on veut bien lever le rideau, que constate-t-on ?

On essaye d’abord de se rappeler que le nouveau Président a en fait été le conseiller économique, puis le Ministre de l’économie de François Hollande, donc porteur d’une part importante de l’héritage du quinquennat passé.

Pour ce qui est de la candidate “En marche” sur le 3e Est, elle est en fait Présidente du groupe PS à la Métropole, même si elle se garde bien de le mentionner sur ses documents de campagne. Elle a déjà été candidate PS aux législatives de 2012 pour “Donner une majorité au changement avec Hollande” comme elle l’écrivait à l’époque ! Personne ne l’a jamais entendu exprimer de divergences avec la politique de François Hollande entre 2012 et 2017.

Quant à notre Président de Conseil de quartier qui n’hésite pas à afficher cette qualité pour soutenir la candidate “En marche”, on apprend qu’il était candidat sur la liste PS du 3e arrondissement pour les Municipales 2014 !

Vu comme cela, tout cela n’a plus la même allure ! On se demande bien à qui on parle de donner une chance !

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