Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

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Si loin… la France !

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A l’occasion d’un séjour à l’Ile Maurice, j’ai pu mesurer combien les DOM-TOM sont un atout pour la France. En regardant les 8e Jeux de l’Océan indien organisés aux Seychelles, j’ai pu constater que la France, avec la Réunion et Mayotte, figurait pleinement parmi les nations participantes aux côtés de Madagascar, Maurice, des Comores, Seychelles et Maldives.

Les sportifs de la Réunion et de Mayotte ont accompli de belles performances. La France de l’Océan indien finit ainsi première au palmarès des médailles, avec 58 médailles d’or. Nos sportifs ont notamment brillé en natation, judo… et lors du marathon !

Mais la participation française à cet événement qui compte dans l’Océan indien a une dimension qui dépasse d’évidence la dimension sportive. L’image de la délégation française, derrière le drapeau national, lors de la cérémonie d’ouverture aux Seychelles faisait plaisir à voir. Lors de ce séjour dans les Mascareignes, j’ai aussi pris la mesure de ce monde qui change, avec l’affirmation des nouvelles puissances. Dans cette région où vit une forte communauté hindoue, grande est l’influence de l’Inde. L’Afrique du Sud confirme son rôle de grande puissance africaine. Et la Chine, avec d’autres pays asiatiques comme Singapour, développe sa présence économique. Lors d’un déplacement au Botswana ces derniers jours, le Premier ministre mauricien vantait ainsi le positionnement de plate-forme pour les échanges entre la Chine et l’Afrique que voulait assurer l’Ile Maurice.

On voit bien ainsi comment le monde change, avec l’affirmation de nouvelles puissances et le développement des relations Sud-Sud. Dans ce contexte, la présence de la France dans le monde, grâce à ses départements, collectivités et territoires d’outre-mer, me semble être un atout majeur pour s’insérer dans la nouvelle organisation mondiale. La présence de nos sportifs parmi ceux de l’Océan indien, qui incarne l’intégration de la France à cette partie du monde, est à cet égard porteuse de sens.

Lors de ce séjour à l’Ile Maurice, j’ai aussi pu constater avec plaisir la vigueur de la francophonie dans ce pays. Un article récent du Figaro alertait sur les menaces qui pèsent sur la francophonie. Pour ma part, c’est avec satisfaction que j’ai entendu que le Français était plus que couramment pratiqué, dans un pays dont la langue officielle est pourtant l’anglais (certes, à l’échelle mondiale l’impact est limité le pays comptant 1,2 million d’habitants). Là encore, le voisinage de la Réunion n’est sans doute pas neutre.

Question après une non boulette

La proposition d’Eva Joly, en pleine Fête nationale, de supprimer le défilé militaire du 14 juillet, a suscité avec raisons ces derniers jours un large tollé. A mon avis, il ne s’agit certainement pas d’une boulette, ni d’un propos isolé de Mme Joly. Cela pose en tous cas une fois de plus la question de la Vision pour la France de la gauche plurielle.

Cette proposition d’Eva Joly de supprimer le défilé militaire du 14 juillet est d’abord scandaleuse puisqu’elle survient alors-même que la France vient de perdre encore plusieurs soldats engagés en Afghanistan. Le moment devait plutôt être celui de l’hommage aux armées et à leur engagement, un hommage tout particulier à ceux qui servent la politique de la France sur les théâtres étrangers.

Cet appel est aussi significatif et il n’est certainement pas une boulette maladroite. En refusant de mettre les forces armées à l’honneur le jour de la Fête nationale, cet appel est bien l’expression d’une opinion d’une des leaders de la gauche plurielle. Eva Joly a depuis cherché à corriger le tir en disant qu’elle est pleinement sensibilisée aux questions de défense, qu’il faut un autre symbole pour la Fête nationale et que ce défilé militaire pourrait se faire le 8 mai ou le 11 novembre. Ce complément n’est pas «convaincant ». D’abord la Fête nationale ne se limite pas aujourd’hui aux défilés militaires ; c’est aussi un jour férié censé être porteur de sens sur la République, ce sont aussi des bals populaires et autres animations devant incarner la cohésion nationale. Quant à l’idée de limiter les défilés militaires aux jours des commémorations d’armistices, ce serait un message inadapté : le regard sur les forces de défense ne peut être tourné que vers l’Histoire.

Cette proposition n’est pas non plus une position isolée. Elle n’est pas surprenante de la part de la candidate d’Europe Ecologie Les Verts à la présidentielle. Je pense même qu’elle est tout à fait calculée pour séduire le cœur de l’électorat vert, et s’assurer un bon score de 1er tour pour la présidentielle. Et au-delà, les désaccords exprimés par certains leaders socialistes ne doivent pas masquer le fait qu’une telle proposition ne peut que satisfaire une partie de la gauche, y compris au PS.

Et c’est bien là que réside la vraie question. La proposition d’Eva Joly démontre la vision « bisounours » d’une partie de la gauche sur la géopolitique mondiale et les questions de sécurité. Elle témoigne aussi d’une aversion de cette même gauche à une France qui tient son rang dans le monde et du manque de considération pour l’Armée en tant qu’institution de la République. Nous sommes bien là au cœur du débat sur la vision que nous avons pour la France. Et sur ce sujet de la Défense nationale, comme sur celui des choix énergétiques, du sens de la nationalité, des libertés au plan économique, la vraie question que chacun devra se poser d’ici 2012 est la suivante : quelle serait la politique d’un Gouvernement de gauche plurielle ?

Face à la montagne

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Chers lecteurs de mon blog, en cette période particulière, entre bilan et bonnes résolutions, je souhaite que 2011 soit pour vous une belle année. Ce sont donc des vœux de bonne santé, de joies en famille et avec vos amis, de réussites et de réalisations que je vous adresse bien sincèrement.

Comment faut-il collectivement aborder cette année nouvelle ? J’ai relu mon post d’il y a un an. Ce n’est pas par paresse intellectuelle, mais je crois qu’il reste, un an après, pleinement d’actualité. Oui, il faut (toujours) garder le cap ! Face à la montagne de défis, conjoncturels et structurels, auxquels est confrontée la France, il faut poursuivre sur le chemin « de réalité » qui permettra d’y faire face. Et sur ce chemin, il y a des réformes à effectuer, des approches à modifier. Garder le cap, alors que cette période de sortie de crise reste très dure, tout particulièrement pour ceux qui sont privés d’emploi, cela ne veut pas dire que la France n’a pas progressé. Notre pays a avancé ses dernières années : des capacités d’innovation et d’entrepreneuriat ont été libérées et porteront demain leurs fruits en termes d’emploi, l’impôt imbécile qu’était la TP a été réformé, l’autonomie des universités fait son chemin, la retraite par répartition a été sauvée, il est plus possible qu’hier de parler « défense des intérêts de la France et de l’Europe »… Alors poursuivons notre ascension, le col n’est plus très loin….

Cette période est aussi l’heure des bilans. Non pas dans une logique comptable, mais pour en tirer des enseignements pour l’avenir. Pour ce qui est de mon engagement politique, et de mes deux mandats électoraux, j’ai envie d’évoquer deux sujets. Pour le 3e arrondissement, c’est la tristesse d’avoir assisté en 2010 au démantèlement de la Résidence pour personnes âgées Constant. J’y repensais ces jours, car chaque année, le repas de Noël de la Résidence était un moment fort de convivialité. Les locaux sont aujourd’hui vides ; une « friche sociale ». Ce dossier reste l’exemple d’une aberration politique. Pour ce qui est du Conseil régional, c’est le grand regret de voir se réaliser la « chronique d’un délitement annoncé » tant la majorité régionale est composite. Et pourtant, que d’atouts en Rhône-Alpes qui ne demandent qu’à être valorisés !

Je vous souhaite de bien débuter cette année. Pour ma part, j’espère pouvoir rendre visite aux sommets enneigés, pour faire le plein de grands espaces et d’oxygène. C’est une bonne entrée en matière « annuelle ». Car en 2011, il nous faudra voir loin et nous aurons besoin de beaucoup d’énergie ! Ce ne sera pas une année d’attente. Elle devra être, à la fois, une année de concrétisation et une année de préparation des futurs grands choix pour la France.

Apprentis sorciers

On dit parfois que la gauche cherche à reprendre dans la rue ce qu’elle a perdu dans les urnes. C’est plutôt sur la place médiatique que le jeu se joue. Et je partage pleinement ce qu’expriment de nombreuses personnes que je rencontre qui me disent avoir de plus en plus de mal à suivre l’actualité à la radio ou à la télé, exaspérées par la curée médiatique quotidienne contre le « pouvoir ».  Une curée médiatique faite d’amnésie et d’outrances.

Je ne parle pas de complot journalistique : les médias retransmettent d’abord les messages qui sont exprimés par les politiques d’opposition et une certaine société civile qui se croit porteuse des valeurs nationales.

Je ne dis pas non plus que ces gens qui déplorent cette curée médiatique ne sont pas pour autant parfois critiques contre l’action gouvernementale. Mon propos n’est pas de dire que tout est parfait dans notre pays, qu’il n’y a pas d’inégalités à corriger, de détresse sociale pour laquelle il faut apporter des réponses, quelques râtés dans l’action. Le chantier reste immense.

Mais ce débat médiatique amnésique, qui oublie trop souvent le principe de réalité, est un vrai problème. Se souvient-on seulement de la situation d’il y a un an, face au choc de la crise financière mondiale ? La réaction française a été à la hauteur de la situation. Pour autant, les effets d’un tel choc ne disparaissent pas en quelques semaines. Amnésie encore, avec tous ces propos bien pensants qui oublient tout simplement que la France n’est pas une île qui peut s’exonérer des « contraintes » mondiales.

Marre aussi de l’outrance. Outrance dans les propos, outrance dans la recherche de la « petite bête », outrance dans les attaques parfois haineuses contre Nicolas Sarkozy, outrance dans ces postures de défenseurs des valeurs de la République qu’adoptent de nombreux responsables politiques. Ces présidents de collectivités territoriales qui commettent quotidiennement des communiqués de presse appelant à la défense de la patrie en danger n’ont-ils pas mieux à faire ? Que dire aussi des propos de la romancière Marie NDiaye qui parle de « France monstrueuse » ? Pour ma part, il est évident qu’il ne saurait être question de chercher à censurer de tels propos. Mais qu’il soit permis aussi de dire combien ils sont contestables et affligeants.  Que l’on nous permette de contester ces hauts cris qui s’expriment contre des mesures visant simplement à rappeler certains fondamentaux de notre vie républicaine, à remettre sur ses pieds notre système économique et social ; des mesures qui sont l’application d’un programme électoral approuvé par 53 % des Français et dont l’équivalent existe dans la plupart des pays européens.

Quel plaisir quand on entend d’autres voix dans ce concert médiatique, comme par exemple ces propos relevés dans la Tribune de la semaine dernière : « Les dirigeants d’entreprises étrangères qui disposent de filiales en France relèvent d’abord le dynamisme d’un pays qui veut aller de l’avant, innovant, … ». Dommage que ces énergies soient trop souvent sapées par l’autodénigrement dont nous sommes les champions.

Derrière cette jacquerie médiatique orchestrée il y a ceux pour lesquels l’agit-prop est le principe de l’action politique. Mais il y a aussi tous ceux qui montent dans ce « train » par tactique politique. Que ces derniers réfléchissent bien à la « matière explosive » qu’ils manipulent comme des apprentis sorciers.

Le dit et le non-dit

Le débat sur l’identité nationale voulu par Eric Besson est bien lancé. J’ai apprécié la remarque d’un journaliste à ce sujet : la tempête médiatique démontre à elle seule la nécessité d’ouvrir ce débat. Car les réactions d’opposition ont été vives : certaines ont été pavloviennes, d’autres un peu à courte vue et d’autres enfin plus tacticiennes…

Commençons par ceux qui jugent que l’identité nationale est un tabou et qu’il n’est pas question d’en débattre. Il est assez marquant de constater qu’alors qu’il est plutôt « in » de promouvoir certaines identités, comme l’identité du terroir d’origine, du quartier, des « communautés », ou encore de l’exception culturelle française, l’identité nationale pose problème à certains.

L’identité nationale est bien sûr étroitement liée à nos valeurs et à la Nation elle-même. Ne nous y trompons pas, pour beaucoup de ceux qui jugent inconvenant d’évoquer le sujet, c’est en fait parce qu’ils sont mal à l’aise avec la Nation, étant soit adeptes de certaines idéologies « traditionnelles » ou simplement sous un effet de mode faisant office d’idéologie contemporaine. Chacun peut se vouloir exclusivement citoyen du monde, mais il faut alors avancer sans masque.

Pour moi l’identité nationale, c’est collectivement se rappeler d’où l’on vient,  pour bien savoir qui l’on est et ainsi aider à définir où l’on doit aller. Ségolène Royal s’est félicitée que l’on s’interroge sur les symboles. Mais l’identité nationale, ce ne sont pas à mon avis seulement des symboles. C’est le cadre des possibles pour notre vivre ensemble.

Autre argument des opposants au débat : le sujet est peut être légitime, mais ce n’est pas le moment. Je ne suis pas d’accord non plus. Cette question nationale me semble bien d’actualité à l’heure où figurent à l’agenda des questions majeures telles que l’équité et la solidarité entre les générations (les sujets des retraites et des déficits), le partage des richesses nationales entre les territoires, ou bien encore un sujet tel que celui de l’engagement de nos troupes en Afghanistan.

Parmi les argumentations plus tacticiennes, j’ai relevé celle de Gérard Collomb dans sa tribune de cette semaine. Il écrit que débattre de l’identité nationale ne doit « pas se réduire à convoquer l’histoire»… « La nation n’est pas simplement donnée mais construite… elle est une volonté de tous les jours ». Je peux souscrire à cette vision « évolutive » mais je sais aussi les menaces qu’elle peut comporter. Car cette « construction » de la nation et de son identité peut parfois se faire à coups de bulldozers idéologiques, ou par mitage insidieux, en cherchant systématiquement à gommer certaines origines pour servir une cause. Certains sont experts pour bâtir de l’identité avec une approche très sélective des racines historiques !

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