Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

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Et si on regardait derrière le rideau ?

La personne qui serait partie sur Mars au début du quinquennat Hollande et viendrait de revenir dans notre 3e arrondissement trouverait une situation politique semblant bien changée.

La France a élu un nouveau Président. On ne sait pas trop ce qu’il a fait ces 5 dernières années… mais il est jeune, il parle bien et il est fort en symboles.

Par ailleurs, notre revenant de Mars apprendrait qu’un grand renouvellement est proposé à l’Assemblée nationale. Il entendrait ainsi sur tous les médias, du matin au soir, que des candidats “En marche” tout neuf vont tout changer au Parlement.

En regardant les tracts distribués sur les marchés il apprendrait que la candidate “En marche” pour le 3e Est est Mme Brugnera. Peu connue, il penserait qu’effectivement, il y a de la nouveauté dans cette candidature. Et il serait conforté dans cette idée en lisant que le Président d’un conseil de quartier soutient cette candidate… Si même la société civile soutient cette candidate, c’est vraiment que le renouveau est à l’œuvre…

Maintenant, si on veut bien lever le rideau, que constate-t-on ?

On essaye d’abord de se rappeler que le nouveau Président a en fait été le conseiller économique, puis le Ministre de l’économie de François Hollande, donc porteur d’une part importante de l’héritage du quinquennat passé.

Pour ce qui est de la candidate “En marche” sur le 3e Est, elle est en fait Présidente du groupe PS à la Métropole, même si elle se garde bien de le mentionner sur ses documents de campagne. Elle a déjà été candidate PS aux législatives de 2012 pour “Donner une majorité au changement avec Hollande” comme elle l’écrivait à l’époque ! Personne ne l’a jamais entendu exprimer de divergences avec la politique de François Hollande entre 2012 et 2017.

Quant à notre Président de Conseil de quartier qui n’hésite pas à afficher cette qualité pour soutenir la candidate “En marche”, on apprend qu’il était candidat sur la liste PS du 3e arrondissement pour les Municipales 2014 !

Vu comme cela, tout cela n’a plus la même allure ! On se demande bien à qui on parle de donner une chance !

La responsabilité collective demeure

François Hollande a donc décidé de renoncer à se présenter de nouveau à l’élection présidentielle. Il était temps que cette clarification intervienne, tant le sommet de l’Etat était devenu ces derniers jours une pétaudière. Il s’agissait d’une décision personnelle. Je crois que l’on peut reconnaître que cette décision est responsable et que son discours était digne. François Hollande a su reconnaître que compte tenu du bilan de son quinquennat, et de la situation de sa majorité, il n’était pas en situation de se représenter.

Le bilan de ce quinquennat est terrible, avec le sentiment que tant d’années ont été perdues.

La responsabilité de François Hollande est première dans ce bilan. L’ambiguïté et la démagogie de sa campagne de 2012 expliquent les impasses. Il doit aussi assumer directement l’abaissement de la fonction présidentielle auquel il a largement contribué.

Mais il ne faudrait pas qu’il soit le seul à “porter le chapeau”. On voit bien que nombreux à gauche tentent cette opération, en espérant que le regard sur le quinquennat se focalise sur Hollande et son départ… pour pouvoir faire apparaître une nouvelle offre de gauche.

Agir ainsi, c’est une mystification, car la responsabilité de la gauche, des composantes de la majorité présidentielle, est entière.

La majorité présidentielle sortante porte une responsabilité collective :

  • les candidats socialistes aux législatives de 2012 ont largement contribué à l’ambiguïté du projet que j’évoquais précédemment.
  • de nombreux parlementaires de cette majorité présidentielle ont aggravé le choc fiscal qui a tué la reprise en France, en durcissant les textes législatifs.
  • de nombreux ministres et parlementaires socialistes ont soutenu le “désarmement” du pays auquel s’est livrée Madame Taubira en début de quinquennat.
  • quelques semaines après les attentats, plusieurs parlementaires de la majorité présidentielle ont retrouvé leurs réflexes idéologiques refusant de concevoir l’idée même que l’on puisse penser à la déchéance de nationalité pour les terroristes, ou privilégiant les droits individuels à l’impératif de sécurité collective.
  • et que dire des postures très éclairantes de nombreux élus de gauche, dont Ségolène Royal, sur l’appréciation portée sur le régime castriste de Cuba.

Le constat est le même pour les prétendants à la succession. Leur responsabilité est entière. Elle l’est pour Montebourg, qui a été de ceux qui ont bercé le pays d’illusions au début du mandat. Elle l’est pour Valls, qui nous dit qu’il assume le bilan pour incarner la loyauté, mais dont on verra bien ce qu’il assume réellement. Elle l’est aussi pour Macron, qui a inspiré les politiques à l’Elysée et les a portées à Bercy avant de se chercher une virginité bien tardive. Et le constat vaut pour son soutien lyonnais, Gérard Collomb, qui cherche à prendre ses distances avec les mesures prises, mais qui les a toutes votées en tant que parlementaire. Par ailleurs, si son influence est si grande à Paris, pourquoi ne s’en est-il pas servi pour éviter le désastre ?

Cette responsabilité collective il faudra qu’ils la portent pendant la campagne présidentielle et pour les législatives.

Le bébé et l’eau du bain

img-20161017-01212Les 17 et 18 octobre derniers, j’ai participé avec un grand intérêt à un séminaire au Parlement européen entre nos députés européens du PPE et des élus régionaux ; l’occasion de porter un regard pragmatique sur les questions européennes.

Parmi les nombreux sujets évoqués, Françoise Grossetête qui siège dans la Commission “Environnement, Santé” a expliqué les projets en cours en matière de sécurité alimentaire ou encore de gestion des déchets. Nous avons aussi traité de la question de la révision de la directive sur les travailleurs détachés et abordé bien sûr la question des fonds européens disponibles au niveau des régions.

Cette rencontre au Parlement européen intervenait à une période peu favorable pour l’Union européenne : Brexit, affaire Barroso, feuilleton mouvementé de la signature de l’accord CETA entre l’UE et le Canada.

Il y a bien sûr des choses à changer dans les institutions et dans les politiques européennes, mais cela ne veut pas dire qu’il faille jeter le bébé avec l’eau du bain.

Soyons tout d’abord conscients des avancées réalisées sur des sujets clés. Le député européen Arnaud Danjan a ainsi expliqué comment la coopération policière était en train de monter en puissance, au grand bénéfice de la lutte contre le terrorisme. Il a aussi souligné les progrès réalisés en moins d’un an sur FRONTEX, avec un triplement des moyens, pour maîtriser les frontières extérieures de l’Union. On peut regretter que cela n’ai pas été réalisé plus tôt, mais reconnaissons néanmoins les avancées… et l’intérêt de traiter ces sujets clés à un niveau pertinent.

Qu’on le veuille ou non en effet, il est des sujets qu’il est difficile de bien traiter au niveau national. Prenons les accords de libre-échange, et notamment l’affaire du CETA. Oui il est très important de préparer dans le détail ces accords, pour être gagnants en termes de défense de nos intérêts économiques. Mais pouvons-nous nous satisfaire du statu quo. Et qui peut croire aujourd’hui, dans le contexte géo-économique que nous connaissons, qu’un pays européen peut vivre en autarcie, et plus encore qu’une région européenne peut négocier de tels accords avec les puissances économiques mondiales.

Alors la vraie question est celle de la mobilisation pour la défense de nos intérêts dans une Europe forte. Michel Barnier, qui va négocier le Brexit pour le compte de l’Union, nous a rappelés que l’objectif est une Europe unie et pas une Europe uniforme. Et Françoise Grossetête a souligné la question clé de l’influence française à Bruxelles… une dimension parmi tant d’autres pour laquelle le quinquennat Hollande aura été catastrophique !

 

Plus qu’un manque, une défaillance de moyens

Notre pays connait la situation inédite de manifestations de policiers. Une situation inédite provoquée par des attaques elles-aussi inédites, et abjectes, contre les forces de police : attaque terroriste de policiers à leur domicile familial, tentatives de meurtres contre des policiers en mission lors d’émeutes urbaines. Le pays doit comprendre ce signal d’alarme de la police et entendre le message. Les policiers doivent avoir les moyens de remplir leur mission.

A la suite de l’attaque de policiers à Viry-Chatillon, Manuel Valls a annoncé de nouveaux équipements de sécurité, pour protéger notamment les véhicules contre le feu. Mais ce scandaleux état de fait ne peut se régler seulement par une “course technologique”. On ne peut se contenter d’acter que de nouveaux types d’agression se produisent. Il faut bien évidemment aussi une réponse répressive, rapide, à la hauteur du comportement criminel. Face à de telles attaques, oui on peut blinder les véhicules d’intervention, mais il faut aussi “blinder” la traque et la répression contre les auteurs de tels actes.

Et le Gouvernement peut dire ce qu’il veut, chacun mesure combien ce quinquennat Hollande aura été néfaste. De même que les choix fiscaux du débat de mandat ont plombé la situation économique, les signaux envoyés par la politique Taubira ont fait sauter de nombreux verrous. Le syndicat de la magistrature se défend d’insuffisance des peines, évoquant l’augmentation du nombre de personnes incarcérées. Mais rien ne dit que cette hausse est à la hauteur de la progression des délits, en nombre et en gravité. Encore une fois, il faut entendre les policiers qui expriment leur ras-le-bol de voir des fauteurs de troubles graves revenir rapidement dans la rue.

Je lisais également aujourd’hui dans le journal le compte-rendu d’une réunion publique dans le quartier Etats-Unis au cours de laquelle les habitants avaient exprimé leur ras-le-bol face à la délinquance quotidienne, qui reste sans réponse efficace. Et la situation reste sensible à Vénissieux.

Nous avons aujourd’hui le sentiment qu’à tous les niveaux d’agression, qu’il s’agisse d’entreprise terroriste, de rébellion criminelle ou de “petite délinquance du quotidien”, le niveau de la réponse répressive est largement en-dessous du seuil requis. Au-delà d’un manque de moyens à combler, il y a des défaillances de moyens à corriger.

Une politique à repenser

UniversiteIntervention lors du Conseil métropolitain du 21 septembre 2015 sur le soutien à la Communauté d’universités et d’établissements de Lyon.

“Le groupe Les Républicains et apparentés va voter ce soutien à l’Université de Lyon. L’engagement en faveur de l’enseignement supérieur est une nécessité, quand on sait notamment que les jeunes diplômés du supérieur ont cinq fois moins de risques d’être au chômage.

On sait aussi que beaucoup reste à faire dans notre agglomération. L’académie de Lyon est ainsi qualifiée de « cancre » en matière de logement étudiant, et c’est à Lyon que le coût de la vie étudiante est le plus élevé après l’Ile-de-France.

Nous approuvons ce soutien mais nous en appelons à une réflexion sur cette politique compte tenu du nouveau contexte que nous connaissons. Avec la réduction de la dépense publique, il sera plus que jamais nécessaire de savoir qui fait quoi et de s’assurer que toutes les interventions vont bien dans le bon sens.

Se pose d’abord la question de l’engagement de l’Etat, qui a la responsabilité de l’enseignement supérieur et de la recherche. Sur ce sujet comme sur d’autres, François Hollande avait promis beaucoup à la jeunesse, et les résultats sont bien maigres. Les moyens consacrés aux universités stagnent, alors que les effectifs étudiants continuent d’augmenter : + 65 000 pour cette année universitaire. La France est à la traine pour l’investissement par étudiant : 14e rang seulement des pays de l’OCDE. Pire, le Gouvernement vient de « faire les poches » aux universités, prélevant de l’argent dans les fonds de roulement, au risque de menacer leurs projets. Des élections se profilant, on nous annonce un plan national de la vie étudiante : quelle sera sa réalité au-delà de l’effet d’affichage ?

Se pose ensuite la question de l’articulation avec la Région. La loi NOTRe confie clairement la responsabilité à la Région d’établir un schéma régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, schéma définissant les priorités d’intervention, priorités qui devront être prises en compte par les autres collectivités. Est-il par exemple intelligent que Région et Ville de Lyon saupoudrent toutes les deux de petites aides aux colloques de quelques centaines d’euros ? Il faudra donc parler avec la Région. Nous savons que vous avez du mal à le faire actuellement. M. Bret et Mme Boudaoud doivent être les derniers socialistes à parler à M. Queyranne. Souhaitons qu’un nouveau souffle à la Région permette de dégager ces obstacles dès la fin de cette année !

Se pose enfin la question du territoire pertinent pour soutenir localement l’enseignement supérieur. La Communauté d’universités et d’établissements que nous soutenons est celle du pôle Lyon-Saint Etienne. La Métropole de Lyon n’est donc pas la seule concernée. Vous avez par ailleurs créé un pôle métropolitain avec l’agglomération de Saint-Etienne. On se demande parfois pourquoi ce pôle vient s’occuper de certains sujets ; on s’étonne par contre qu’il traite peu de l’enseignement supérieur alors que l’Université de Lyon réunit aujourd’hui Lyon et Saint-Etienne. Tout cela est décidément bien complexe, entremêlé. Cela manque un peu d’esprit cartésien pour rester dans le domaine du savoir. Certes, nous allons aussi approuver aujourd’hui la création d’un service commun entre la Ville de Lyon et la Métropole. Mais cette optimisation des moyens publics semble bien modeste par rapport aux clarifications à opérer.

Donc oui nous approuvons le soutien à l’Université de Lyon. Mais dans les temps compliqués que nous connaissons en matière d’investissement public, il faut nous assurer que nous faisons globalement au mieux pour que l’enseignement supérieur remplisse sa mission de transmission du savoir, pour que les étudiants aient de bons débouchés professionnels et pour qu’ils puissent étudier dans de bonnes conditions.

Il devient urgent de rappeler l’Etat à ses responsabilités et de débattre du qui doit soutenir quoi, entre les collectivités, pour une action conjointe optimale. Vous pouvez compter sur notre détermination, pour l’un comme pour l’autre.”

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