Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

Étiquette : Friche RVI Page 1 of 2

Devinette

Grosse devinette de rentrée : que lance-t-on dans le 3e arrondissement, à la mi-juillet, en toute discrétion ? Des travaux dans les écoles ? Oui mais ça c’est normal. De multiples travaux de voirie qui bloquent la circulation ? Non, ça on préfère le faire dès le mois de juin, histoire de bien en profiter ! La campagne des primaires du PS ? Oui sans doute, mais on en parlera une autre fois.

Un indice : c’est en rapport avec l’urbanisme, dans un arrondissement dont le Maire, Thierry Philip, se dit champion en concertation et dont la devise est l’urbain et l’humain !

Aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est la concertation préalable sur l’aménagement du tènement RVI qui a été lancée en pleine période de vacances, dans la plus complète discrétion ; une période tout à fait « idéale » quand le but de la démarche est d’écouter la population !

Un mot sur la procédure : il s’agit d’une concertation relevant de l’article L300-2 du Code de l’urbanisme, article qui dispose qu’une telle concertation est obligatoire pour toute opération d’aménagement, lorsque par son importance ou sa nature, cette opération modifie de façon substantielle le cadre de vie. Si ce n’est pas le cas pour le projet lui-même, la dimension urbanistique d’ampleur est au moins reconnue sur le plan de la procédure !

Le plus fort dans l’histoire, c’est qu’au moment même où cette « concertation » officielle était lancée, la Mairie du 3e éditait, avec votre argent, ses lettres de quartier. Cette publication, distribuée dans les boîtes, aurait été une bonne occasion d’annoncer à Montchat et Sans Souci comment il est possible de donner son avis sur le projet. Las, aucune information de ce type. Mais le (encore) plus fort, c’est que l’on trouve par contre un encart dans cette publication intitulé « RVI le planning » qui annonce ce qui va se faire. A quoi sert la concertation si tout est déjà ficelé ? Je ne peux m’empêcher de citer la définition de « concertation » dans le Robert : « politique de consultation des intéressés avant toute décision ».

Avec ce type de situation, n’atteint-on pas le summum d’aberration politico-administrative, pour ne pas parler d’hypocrisie ?

Des garanties insuffisantes

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Intervention lors du Conseil d’arrondissement du 7 octobre 2010

“Il ne me semble pas souhaitable d’approuver en l’état les conventions de mise à disposition du bâtiment de la rue Lamartine pour y relocaliser une partie des espaces de production artistique de la friche RVI.

D’abord, il apparaît assez évident que ce bâtiment, enclavé, bordant une petite rue résidentielle, à quelques mètres des habitations, qui plus est dans une rue qui connaît déjà des problèmes de maîtrise de son occupation du fait d’un statut complexe, n’est pas une localisation adaptée pour une relocalisation de la friche. La proximité de cette dernière ne saurait constituer une raison suffisante. Et notre responsabilité d’élus du 3e arrondissement est de veiller au cadre de vie des habitants.

Je précise, pour que les choses soient bien claires, et ne donnent pas lieu à une présentation erronée, que je ne suis pas opposé au principe des espaces de production artistique sous forme de friches. Je précise aussi, que, oui, il y a eu une activité intéressante de création artistique sur la friche RVI.

Le problème c’est que les conventions qui nous sont soumises ne présentent pas les garanties pour assurer la tranquillité publique à laquelle ont droit les habitants.

Qu’est-ce qui permet de porter cette appréciation ? Tout simplement l’expérience de la friche RVI. Que nous apprend cette expérience ?

  • Que l’on a beau prendre toutes les précautions sur le caractère précaire et temporaire de la mise à disposition, il est toujours difficile d’y mettre un terme. Ce type de projet enclenche du « provisoire qui dure ». Les habitants, comme les porteurs du projet d’extension du stade Foe ont toutes les raisons de craindre « un provisoire qui dure ».
  • 2e enseignement : malgré leur bonne volonté, les acteurs de la friche autogérée, ont été débordés par certains occupants, ce qui a rendu comme vous le savez problématique la maîtrise de ce qui se passait sur le tènement, provoquant des nuisances importantes pour le voisinage.

 Que prévoient les conventions ?

  • Tout d’abord une gestion du site Lamartine qui de nouveau est porteuse de dérapages. L’association de gestion « Lamartine » va coiffer des collectifs d’artistes, des conventions étant signées à la fois avec l’une et avec les autres. Mais comment l’association Lamartine, qui aura la charge d’attribuer les clés, sera-t-elle en mesure concrètement de contrôler qui peut séjourner dans le bâtiment ? Et cette association, comme les collectifs, risquent d’être soumis comme cela a été le cas sur la friche RVI, à une « pression sociale » conduisant à étendre les droits d’accès.
  • 2e constat : pour faciliter le montage, la Ville de Lyon fait le choix de dire que le bâtiment ne sera pas un ERP (établissement recevant du public). Cela l’exonère ainsi d’un certain nombre de mesures. Mais dans les faits, les conventions le disent elles-même, il y aura des visiteurs et des clients qui accéderont au bâtiment, bâtiment qui sera libre d’accès et non doté d’un gardien. On en arrive ainsi à une situation étonnante : le Foyer de Montchat, qui accueille des associations, dispose d’un gardien, avec des règles d’utilisation très strictes qui pénalisent parfois l’activité de ces associations. Dans le futur bâtiment Lamartine, rien de tout cela… La Ville fait ainsi le choix de se tenir en marge : il est même précisé qu’elle ne pourra pas se rendre dans le bâtiment avant un délai de 24H après l’annonce de sa venue…
  • Si l’on ajoute qu’il reste des interrogations sur le respect des normes « sécurité », qu’il n’y a pas de limites dans les horaires d’utilisation, alors que certaines activités sont potentiellement bruyantes, on voit bien que toutes les précautions ne sont pas prises et que la Ville ne se donne pas les moyens de maîtriser l’utilisation future du site.

Dans ces conditions, il ne me semble pas possible de voter favorablement. Et l’on ne peut que souhaiter que ces conventions soient revues d’ici le Conseil municipal, en prévoyant au minimum, la présence d’un gardien et une référence à des horaires d’utilisation.

Enfin, si l’on élargit les constats, il apparaît assez clairement que ce secteur de notre arrondissement fait l’objet d’une gestion très approximative. La rue Lamartine se voit attribuer une nouvelle vocation dans la précipitation, avec une Ville de Lyon qui ne se donne pas les moyens de son discours. La sortie de la friche RVI est dans le même temps mal négociée. Parallèlement, tout le secteur fait l’objet d’un aménagement sans vision urbanistique d’ensemble. Cela donne une impression de « ni fait, ni à faire ». Comme l’a souligné justement Mme Panassier, le secteur RVI Merck est aussi vaste que celui des Grattes ciels à Villeurbanne. Imagine-t-on un instant le Maire de Villeurbanne lotir cet espace comme les choses s’annoncent pour Merck-RVI ?

Exaspération mal venue

J’ai découvert dans le Progrès de dimanche la confirmation de ce dont j’avais entendu parler samedi au Forum des associations. A savoir les paroles du Maire du 3e lors d’une concertation avec les riverains de la rue Lamartine, à propos de la relocalisation des occupants de la friche RVI. Je cite les propos de Thierry Philip rapportés dans le journal : « Si vous ne faites pas confiance à la mairie, allez devant le tribunal ! Démerdez-vous ! Moi je vais démissionner et vous vous débrouillerez directement avec la Mairie centrale ! ».

De mon point de vue, cette exaspération n’a pas lieu d’être. La préoccupation exprimée par les riverains de la rue Lamartine me semble bien légitime, compte tenu des éléments suivants :

  1. L’expérience de la friche RVI a clairement montré ces dernières années la difficulté de la Ville de Lyon à maîtriser l’occupation et l’utilisation du site, d’où les nuisances réelles qu’ont du subir les riverains du tènement. On comprend que les riverains du nouveau site, face à ce constat, expriment leurs inquiétudes.
  2. Le choix de l’immeuble de la rue Lamartine, pour relocaliser la friche, présente toutes les caractéristiques du dossier géré dans l’urgence, avec son lot d’approximations. Le flou sur le calendrier du transfert le démontre clairement.
  3. Il semble décidément bien difficile d’obtenir des assurances de la Ville quant aux mesures qui seront prises pour maîtriser le futur site (droit d’accès et contrôle de ces accès, conventions d’occupation, réglementation des activités…). Je n’ai moi même pas pu obtenir pour l’instant le texte de la convention-type. Si j’ai bien compris, c’est pourtant cela que veulent les riverains mis devant le fait accompli : des garanties que la Ville prend des mesures pour prévenir les dérapages.

Quant à l’allusion « c’est pas nous, c’est la Mairie centrale », c’est un peu facile. Cela fait penser au « c’est la faute à l’Europe » quand on doit faire passer une mesure politique difficile. Et on a déjà tenté de nous faire le coup avec la suppression de la RPA Constant…

Désinvolture

En guise de transition entre les sujets nationaux et les dossiers locaux, voici le texte que j’ai rédigé au nom des élus UMP, Radicaux et divers droite pour parution dans la Tribune d’opposition du prochain journal de la Mairie du 3e.

“Les propos ministériels rappelant que la sécurité était aussi l’affaire des maires ont fait polémique. Il y a pourtant des lacunes. Si les berges du Rhône sont un bel aménagement, la sécurité n’a pas été bien prise en compte. Les nuisances nocturnes sont très importantes pour les habitants. Difficile ainsi d’accepter les propos du Maire de Lyon en appelant à la responsabilité de l’Etat. La relocalisation de la friche RVI rue Lamartine illustre la même légèreté. Les lieux étant inadaptés, des problèmes de tranquillité sont prévisibles, mais Mairies centrale et du 3e persistent, en reconnaissant que la police n’aura pas les moyens d’empêcher tous les problèmes !”

Le texte est court mais nous n’avons pas plus de place dans la Tribune d’opposition ! Il faut d’ailleurs savoir que pour l’équipe PS du 3e, en termes de volume de texte, c’est la même chose pour 5 élus UMP-DVD et 1 élu du Centre ! Mais je ferme la parenthèse, nous aurons peut être la nécessité d’en reparler si cette situation persiste.

Ce que je rajouterais à ce texte, c’est que la question n’est pas de faire des Maires des super-shérifs. Mais il est évident qu’ils doivent prendre part aux politiques de sécurité et de tranquillité publique, ce que la plupart d’entre eux font très bien d’ailleurs. Et pour le moins, ils ne doivent pas, par leurs décisions et aménagements, créer des conditions favorisant l’insécurité ou les atteintes à la tranquillité publique.

Concernant les exemples donnés sur la situation lyonnaise, nous aurions pu aussi ajouter la Confluence, comme l’actualité vient de le montrer avec les inondations de cette semaine. La Ville de Lyon peut bien essayer de mettre en cause les services de l’Etat ; le problème vient bien du plan d’aménagement de ce nouveau quartier, avec un seul accès à la zone des Docks !

Pourquoi se priver de la possibilité de choisir ?

Reprise des activités du blog avec quelques réactions à des billets lus cet été. La première porte sur le tènement RVI, comme mon dernier post avant la coupure estivale, après avoir découvert par les « miracles » d’une recherche google un billet de mai dernier de D.A., habitant du 3e sur le blog participatif de Vision 3e.

Dans ce billet, M. A. s’étonne des promesses non tenues par la liste PS concernant le devenir de la friche RVI, en faisant état de propos de Mme Belkacem annonçant « le premier coup de pioche de la réhabilitation du tènement RVI, pour y réaliser école et parc, dès le lendemain de la victoire de la gauche aux élections municipales… ». 2 ans et demi après, je comprends bien le désarroi et la frustration de cet habitant du 3e.

Mais je voudrais surtout réagir à un propos de ce billet sur nos propositions alternatives à l’époque. Je cite « Pour être juste, le principal parti adverse proposait à l’époque un projet pharaonique qui n’aurait, parait-il, pas coûté un euro de plus à la collectivité. Que serait-il advenu de ce projet si ce parti avait été élu ? ».

Il est ainsi fait référence ici au projet de rénovation urbaine largement fondé sur la réalisation d’un centre nautique, que notre liste « Grandissons à Lyon » portait en mars 2008. Ces propos m’inspirent deux réactions.

Tout d’abord, il montre je crois qu’il faut vraiment accorder toute son importance au débat démocratique sanctionné par les élections, et ne pas s’enfermer dans un résultat couru d’avance. Dommage de ne pas avoir cru qu’une autre approche était possible. Oui il y avait une alternative, d’autant plus réelle que ce projet était au cœur de notre campagne.

Ensuite, pour ma part, je n’ai jamais prétendu que le projet que nous proposions ne couterait rien à la collectivité. Celle-ci aurait pu contribuer à l’investissement. C’est une question de choix et de priorité en matière d’investissement. Je pense que la création d’un centre nautique et de loisirs, au cœur du 3e, dans une optique de réhabilitation et de dynamisation, méritait un effort financier. Et cette « vision » apparaît aujourd’hui d’autant plus crédible que la Ville a renoncé au projet de piscine du futur parc Blandan ainsi qu’à celui de la Confluence.

Autre réaction : s’il faut effectivement souhaiter une réhabilitation urbaine rapide, attention à mon avis de ne pas se satisfaire en la matière de n’importe quelle construction, même si on peut comprendre le ras-le-bol devant des locaux en ruine. Ce que l’on construit, c’est un urbanisme pour au moins 50 ans, avec le fonctionnement du quartier qui va avec.

L’adjointe à l’urbanisme du 3e a semble-t-il souligné, avec pertinence, lors d’une réunion du quartier début juillet, qu’il fallait avoir à l’esprit que le tènement RVI, c’est aussi grand que le quartier des Gratte-ciel à Villeurbanne. Bien vu. Vous imaginez le Maire de Villeurbanne engager un projet de rénovation urbaine de ce quartier, en concentrant « ici et là » des m² sans vision d’ensemble ?

Pour ce qui est de la déception de M. D.A. quant aux promesses non tenues par Madame Belkacem, qu’il ou elle se rassure de ne pas être seul(e) dans ce cas ! Combien de Montchatois n’ai-je pas rencontré depuis les élections qui me reparlent de la promesse du retour d’un « garde champêtre » à Montchat ? Même bien « marketé », le vent reste le vent !

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