
Voici le texte de mon intervention lors du Conseil du Grand Lyon du 23 juin 2014 sur le programme d’infrastructures et d’aménagement d’espaces publics “Part-Dieu 2021” : le temps est venu d’examiner les implications concrètes des projets, sans en rester aux concepts à la mode…
“Nous, élus UMP, nous approuvons ce projet de développement du pôle d’échanges multimodal de la Part‑Dieu. Nous pensons qu’il y a besoin d’un projet d’ensemble qui permette effectivement d’assurer la bonne desserte ferroviaire de cette agglomération et donc notre accessibilité internationale, qui connecte cette gare à notre système de transports en commun et qui s’inscrive dans un projet d’urbanisme global qui va conforter le quartier d’affaires de la Part-Dieu mais qui n’oublie pas pour autant -et nous l’avons suffisamment dit dans la campagne- que la Part-Dieu est aussi un quartier à vivre.
Dans ce programme, vous nous proposez un certain nombre d’aménagements qui sont liés à ce pôle d’échanges multimodal. Sur certains de ces projets, nous sommes d’accord, je ne vais pas m’étendre sur ceux-là. Par contre, un certain nombre nous posent problème et je serai plus concret et un peu moins lyrique que mes collègues, mesdames Panassier et Bouzerda, dans leur présentation.
Se pose d’abord le problème de la réduction de cinq à deux voies de l’avenue Pompidou sous les voies ferrées. Cet aménagement va bien sûr poser un problème d’accessibilité majeur pour la gare parce que c’est un fonctionnement essentiel tout autour de cette gare qui est permis par cette voirie et c’est un problème d’accessibilité en plus pour le quartier Villette-Paul Bert qui se trouve juste derrière, qui est déjà un peu enclavé et que l’on va un peu plus fermer du reste de la ville. J’en parle ici parce que je pense que le Maire d’arrondissement n’a sans doute pas suffisamment défendu les intérêts de ce quartier. La concertation elle-même l’a évoqué : si vous avez lu le rapport de concertation, il est dit par beaucoup d’habitants et d’actifs qu’il ne faut pas réduire plus la voirie dans ce secteur au risque d’asphyxier complètement le quartier. Lors d’une réunion technique en août 2011 au Grand Lyon, il est d’ailleurs indiqué que votre projet va réduire de 15 % la capacité de voirie sur la Part-Dieu, donc c’est tout à fait significatif.
Vous allez me dire, monsieur le Président : “Mais vous avez d’autres solutions à nous proposer pour ces nouveaux accès à la gare de la Part-Dieu ?” Moi, je pense que l’option Bonnel n’a pas été suffisamment étudiée, qu’il y avait sans doute une possibilité de faire sans réduire la voirie Pompidou et j’ai quelques doutes sur les études qui ont justifié ce choix.
Deuxième dossier qui pose problème, c’est le détournement de la circulation de la rue Servient vers la rue Bouchut prolongée. La couverture de Servient va effectivement obliger à ce que la circulation automobile soit déviée en amont par la rue Bouchut. Le mail Bouchut aujourd’hui, que les cyclistes et les piétons connaissent bien, est l’un des rares endroits de la Part-Dieu relativement convivial.
J’ajoute que, sur la section de Vivier-Merle entre la rue Pompidou et la rue Servient, ce sont 600 véhicules par heure qui vont effectivement passer par la rue André Philip et la rue Mazenod ; on va détourner un trafic qui passait sous la Part-Dieu vers des rues résidentielles, ce qui est bien évidemment un problème.
On pourrait dire aussi que la densification du secteur Desaix n’est pas forcément une bonne idée, que l’aménagement de la place de Francfort a donné lieu a de multiples épisodes, on nous a présenté des projets puis ils ont été retirés et on nous en a présenté d’autres.
Je dirai que cela illustre une chose : c’est le caractère indigeste de notre millefeuille administratif au plan démocratique puisque de tels projets, on ne les discute pas dans cette enceinte, bien évidemment, on n’a pas le temps, on ne les discute pas en Conseil municipal de Lyon et on ne les discute même pas en Conseil du troisième arrondissement, ce qui veut dire que l’on impose, en fait, à 20 000 habitants des projets qu’ils n’ont pas vraiment l’occasion de débattre avec leurs élus.
Enfin, dernier point, le parking sous la place Béraudier. Oui il faut accroître les capacités de stationnement à proximité de la gare, c’est bien évident. Je ferai juste une remarque : il ne faudrait pas que ce parking, financé par des fonds publics, vienne servir à des tours dont vous autorisez la construction sans permettre de parking parce que, là, il y a bien évidemment un risque que ce parking public, qui a vocation à desservir la gare, ait un autre usage et je ne pense pas que ce soit aux fonds publics de financer de tels aménagements.
Le Maire du troisième arrondissement, votre Vice-Président, prétend souvent que son opposition UMP est dans la caricature sur Part-Dieu. Réduction de cinq à deux voies sur l’avenue Pompidou, circulation automobile que l’on détourne de dessous la Part-Dieu pour l’emmener vers des rues résidentielles, je pense que cette caricature a une drôle d’allure de réalité et qu’en termes de qualité de vie, il y a effectivement une dégradation. Rendre le sol facile, c’est bien, ne pas dégrader la vie des cœurs de quartier, c’est mieux, monsieur le Président. Je pense qu’il faut cesser de nous bercer de concepts, il faut prendre un peu à bras-le-corps certaines réalités.
Nous sommes donc favorables à la modernisation et au développement de la gare, nous sommes favorables à l’extension des capacités de stationnement à proximité de la gare, nous sommes favorables à la nouvelle place Béraudier, nous sommes favorables à la place de Francfort si elle est concertée. Par contre, nous sommes opposés aux restrictions et aux détournements de circulation que vous allez provoquer et à la dégradation des lieux de vie qui entourent la Part-Dieu. Vous disiez tout à l’heure que le Grand Lyon devait passer à l’acte ; sur ces derniers points, nous vous demandons de ne pas passer à l’acte.
C’est cet avis partagé qui nous amène à nous prononcer pour une abstention sur ce dossier qui n’est pas une abstention de retrait -vous l’avez compris- mais qui résulte de la difficulté de faire la part entre les bons et les mauvais projets de votre délibération.”