François Hollande a donc décidé de renoncer à se présenter de nouveau à l’élection présidentielle. Il était temps que cette clarification intervienne, tant le sommet de l’Etat était devenu ces derniers jours une pétaudière. Il s’agissait d’une décision personnelle. Je crois que l’on peut reconnaître que cette décision est responsable et que son discours était digne. François Hollande a su reconnaître que compte tenu du bilan de son quinquennat, et de la situation de sa majorité, il n’était pas en situation de se représenter.
Le bilan de ce quinquennat est terrible, avec le sentiment que tant d’années ont été perdues.
La responsabilité de François Hollande est première dans ce bilan. L’ambiguïté et la démagogie de sa campagne de 2012 expliquent les impasses. Il doit aussi assumer directement l’abaissement de la fonction présidentielle auquel il a largement contribué.
Mais il ne faudrait pas qu’il soit le seul à “porter le chapeau”. On voit bien que nombreux à gauche tentent cette opération, en espérant que le regard sur le quinquennat se focalise sur Hollande et son départ… pour pouvoir faire apparaître une nouvelle offre de gauche.
Agir ainsi, c’est une mystification, car la responsabilité de la gauche, des composantes de la majorité présidentielle, est entière.
La majorité présidentielle sortante porte une responsabilité collective :
- les candidats socialistes aux législatives de 2012 ont largement contribué à l’ambiguïté du projet que j’évoquais précédemment.
- de nombreux parlementaires de cette majorité présidentielle ont aggravé le choc fiscal qui a tué la reprise en France, en durcissant les textes législatifs.
- de nombreux ministres et parlementaires socialistes ont soutenu le “désarmement” du pays auquel s’est livrée Madame Taubira en début de quinquennat.
- quelques semaines après les attentats, plusieurs parlementaires de la majorité présidentielle ont retrouvé leurs réflexes idéologiques refusant de concevoir l’idée même que l’on puisse penser à la déchéance de nationalité pour les terroristes, ou privilégiant les droits individuels à l’impératif de sécurité collective.
- et que dire des postures très éclairantes de nombreux élus de gauche, dont Ségolène Royal, sur l’appréciation portée sur le régime castriste de Cuba.
Le constat est le même pour les prétendants à la succession. Leur responsabilité est entière. Elle l’est pour Montebourg, qui a été de ceux qui ont bercé le pays d’illusions au début du mandat. Elle l’est pour Valls, qui nous dit qu’il assume le bilan pour incarner la loyauté, mais dont on verra bien ce qu’il assume réellement. Elle l’est aussi pour Macron, qui a inspiré les politiques à l’Elysée et les a portées à Bercy avant de se chercher une virginité bien tardive. Et le constat vaut pour son soutien lyonnais, Gérard Collomb, qui cherche à prendre ses distances avec les mesures prises, mais qui les a toutes votées en tant que parlementaire. Par ailleurs, si son influence est si grande à Paris, pourquoi ne s’en est-il pas servi pour éviter le désastre ?
Cette responsabilité collective il faudra qu’ils la portent pendant la campagne présidentielle et pour les législatives.