Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

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La responsabilité collective demeure

François Hollande a donc décidé de renoncer à se présenter de nouveau à l’élection présidentielle. Il était temps que cette clarification intervienne, tant le sommet de l’Etat était devenu ces derniers jours une pétaudière. Il s’agissait d’une décision personnelle. Je crois que l’on peut reconnaître que cette décision est responsable et que son discours était digne. François Hollande a su reconnaître que compte tenu du bilan de son quinquennat, et de la situation de sa majorité, il n’était pas en situation de se représenter.

Le bilan de ce quinquennat est terrible, avec le sentiment que tant d’années ont été perdues.

La responsabilité de François Hollande est première dans ce bilan. L’ambiguïté et la démagogie de sa campagne de 2012 expliquent les impasses. Il doit aussi assumer directement l’abaissement de la fonction présidentielle auquel il a largement contribué.

Mais il ne faudrait pas qu’il soit le seul à “porter le chapeau”. On voit bien que nombreux à gauche tentent cette opération, en espérant que le regard sur le quinquennat se focalise sur Hollande et son départ… pour pouvoir faire apparaître une nouvelle offre de gauche.

Agir ainsi, c’est une mystification, car la responsabilité de la gauche, des composantes de la majorité présidentielle, est entière.

La majorité présidentielle sortante porte une responsabilité collective :

  • les candidats socialistes aux législatives de 2012 ont largement contribué à l’ambiguïté du projet que j’évoquais précédemment.
  • de nombreux parlementaires de cette majorité présidentielle ont aggravé le choc fiscal qui a tué la reprise en France, en durcissant les textes législatifs.
  • de nombreux ministres et parlementaires socialistes ont soutenu le “désarmement” du pays auquel s’est livrée Madame Taubira en début de quinquennat.
  • quelques semaines après les attentats, plusieurs parlementaires de la majorité présidentielle ont retrouvé leurs réflexes idéologiques refusant de concevoir l’idée même que l’on puisse penser à la déchéance de nationalité pour les terroristes, ou privilégiant les droits individuels à l’impératif de sécurité collective.
  • et que dire des postures très éclairantes de nombreux élus de gauche, dont Ségolène Royal, sur l’appréciation portée sur le régime castriste de Cuba.

Le constat est le même pour les prétendants à la succession. Leur responsabilité est entière. Elle l’est pour Montebourg, qui a été de ceux qui ont bercé le pays d’illusions au début du mandat. Elle l’est pour Valls, qui nous dit qu’il assume le bilan pour incarner la loyauté, mais dont on verra bien ce qu’il assume réellement. Elle l’est aussi pour Macron, qui a inspiré les politiques à l’Elysée et les a portées à Bercy avant de se chercher une virginité bien tardive. Et le constat vaut pour son soutien lyonnais, Gérard Collomb, qui cherche à prendre ses distances avec les mesures prises, mais qui les a toutes votées en tant que parlementaire. Par ailleurs, si son influence est si grande à Paris, pourquoi ne s’en est-il pas servi pour éviter le désastre ?

Cette responsabilité collective il faudra qu’ils la portent pendant la campagne présidentielle et pour les législatives.

Recomposition des Régions : il faut des objectifs clairs et raisonnés

Dans le cadre d’une “nième” réforme territoriale, François Hollande est sur le point de présenter une nouvelle carte des régions françaises conduisant à réduire de moitié leur nombre. Une démarche dont l’objectif affiché est de contribuer à d’importantes économies budgétaires.

Le dossier est d’importance compte tenu de ses enjeux en termes (effectivement) de dépense publique, mais aussi de dynamiques de développement, de services à la population et de démocratie territoriale.

Pour réaliser de bons découpages territoriaux pour les régions, sans doute faut-il avoir quelques principes clairs :

  • le premier est de s’assurer qu’une telle opération de redécoupage territorial ne vise pas d’abord ou seulement à réaliser un coup politique. La précipitation et l’improvisation de la réforme annoncée par François Hollande et Manuel Valls font planer de forts doutes en la matière.
  • le second, c’est de ne pas rechercher à maximiser les chances de victoire aux élections, en s’arrangeant pour répartir au mieux les potentiels électoraux pour gagner dans le maximum de territoires. A cet égard, le redécoupage des cantons effectué par les socialistes ne peut que nous rendre inquiets.
  • le troisième, c’est de ne pas faire du “légo régional” depuis Paris, c’est-à-dire des sommes de région avec uniquement pour objectif de parvenir à un certain niveau de population ou de PIB régional, dans une perspective de comparaison européenne. Sans doute le fait même de fusionner des régions peut générer “automatiquement” quelques économies de fonctionnement, ne serait-ce que par la disparition de sièges de régions. Mais les économies de dépenses publiques sont à rechercher de façon encore plus structurelle, dans la mise en place de politiques plus efficientes à un bon niveau territorial. Or on sait bien que la création de toutes pièces d’ensembles territoriaux artificiels génère aussi des coûts cachés, parce qu’il faut négocier des contreparties ou bien parce que des rivalités internes deviennent des facteurs de blocage (cf. la relation Marseille-Nice au sein de PACA).

Ne pas faire du “légo régional”, c’est concevoir de nouveaux territoires régionaux en se basant sur les critères suivants :

  • le nouveau territoire est-il susceptible de susciter à terme un sentiment d’appartenance de ses habitants, parce qu’il a un potentiel pour se constituer une identité régionale ? L’histoire de Rhône-Alpes en est un bon exemple.
  • le nouveau territoire est-il cohérent en termes de flux de personnes : domicile-travail, parcours étudiants, lieux de loisirs… ? En clair, va-t-il être un + pour aider les habitants dans leurs parcours de vie.
  • le nouveau territoire permet-il de mieux prendre en compte la protection ou la valorisation de l’environnement, parce qu’il rassemble des milieux et paysages présentant les mêmes caractéristiques ?
  • le nouveau territoire permet-il de renforcer des dynamiques économiques qui existent entre des bassins aujourd’hui dans des régions différentes ?

Si l’on suit une telle approche, sans doute est-il possible d’envisager une région Rhône-Alpes élargie, contribuant à la fois à affirmer Rhône-Alpes dans le concert des régions européennes et à générer des économies de dépense publique. Mais encore une fois, une telle démarche ne peut résulter d’un Coup politique ou de petits calculs politiciens. Et elle ne peut réussir qu’en impliquant les citoyens concernés.

 

Mauvais départ pour la Métropole

Voilà des mois que l’on nous rebat les oreilles avec la Métropole, future collectivité territoriale de plein exercice devant assurer l’avenir de l’agglomération lyonnaise. Malheureusement, l’élection du Président du Grand Lyon, mercredi dernier, préfigure un avenir qui semble nettement moins radieux.

Les dernières élections municipales ont montré que les forces de gauche sont minoritaires dans l’agglomération. Le centre et la droite réunis l’ont emporté de 20 000 suffrages. Mais c’est pourtant Gérard Collomb, maire PS de Lyon, qui est réélu à la tête du Grand Lyon, de toute évidence grâce au vote de conseillers communautaires qui ne sont pas de gauche. On devait assister à l’avènement d’une collectivité d’avenir, on commence avec une comédie “IVe République“. Comme je l’ai dit à chaud, s’il ne s’agit pas de remettre en cause juridiquement cette élection du Président, il faut souligner qu’elle n’est pas opportune pour l’expression démocratique des Grandlyonnais. Le Grand Lyon, et début 2015 la Métropole, n’auront ainsi pas un exécutif conforme à l’expression majoritaire des habitants de l’agglomération.

Cette élection communautaire de mars 2014 était bien une élection politique. La Métropole sera une collectivité de plein exercice et ses élus ont été choisis directement par les électeurs. A ceux qui disent (notamment parmi les conseillers communautaires soutenant Collomb bien qu’ayant été élus à droite) qu’il s’agit de se prononcer pour un projet non politisé, il faut rappeler que la logique est maintenant différente. Il ne s’agit pas de se prononcer sur telle ou telle clé de répartition des crédits de voirie. Il s’agit bien de mettre en œuvre un projet politique capable d’assurer le développement, le rayonnement et la cohésion de notre agglomération. Donc avec une ligne politique claire…

Si l’on ajoute le fait que la coalition locale rouge-rose-verte est plus que bancale, il y a vraiment de quoi être inquiet. Car effectivement, la coalition rose-verte a étalé ses divisions ces derniers jours. Un jour ils nous disent qu’ils ne sont pas d’accord sur les objectifs, comme Etienne Tête lors du 1er Conseil municipal de Lyon, et le lendemain ils s’entendent pour se partager les postes. Dans le 3e arrondissement et à Lyon, il n’y a pas de participation à l’exécutif, mais au Grand Lyon si… Non seulement cette “majorité” au sein du Conseil communautaire est opaque, mais elle va être précaire. On imagine que le résultat sera similaire à celui du Conseil régional. Beaucoup de glose, de la négociation permanente, pour une action publique inefficace.

On ne peut aujourd’hui que regretter, et déplorer au plan démocratique, que cette élection communautaire de 2014 n’ait pas été une élection pleinement métropolitaine, avec le choix explicite d’un Président et d’une majorité pour le Grand Lyon. Avec cette expérimentation métropolitaine citée en exemple par François Hollande (Est-ce bon signe ?), nous constatons plutôt une nouvelle illustration du “ni fait, ni à faire”… Sauf à se satisfaire de montages faisant peu de cas de l’expression démocratique.

Alors quand on entend Manuel Valls exposer son volontarisme pour réformer les collectivités territoriales, on se demande si cette fois on ira – enfin – au bout de la logique. Voilà plus de dix ans que notre pays débat constamment d’une nouvelle avancée de la décentralisation, pour un renouveau démocratique et une gestion moins dispendieuse de l’argent public. Et le résultat n’est toujours pas au rendez-vous. Pire, ce reengineering permanent est source de gaspillage et d’immobilisme alors que les Français doivent se serrer de plus en plus la ceinture.

Triste et mauvais départ donc pour la Métropole. Il reste à espérer que cette expérimentation ne vienne pas en plus affaiblir la Région Rhône-Alpes.

 

Tristes palmarès

Parmi mes lectures de plage et d’alpage de cet été, j’avais emmené les résultats de l’Eurobaromètre “L’opinion publique dans l’Union européenne” (rassurez-vous, j’avais aussi des lectures plus divertissantes !). Ce baromètre mesure régulièrement l’opinion des citoyens de l’UE, dans chacun de ses pays. A quelques mois des élections européennes, cette photographie de l’opinion européenne ne manque pas d’intérêt. Par ailleurs, alors même que nous assistions au “cinéma” gouvernemental de cet été, la comparaison des résultats par pays permettait de bien fixer les choses sur l’état de la France

Premier résultat qui m’a un peu surpris, 62 % des Européens se sentent citoyens de l’Union européenne. Il s’agit d’un résultat plutôt élevé, avec une majorité dans tous les pays sauf quatre : le Royaume-Uni bien sûr, la Bulgarie, Chypre et la Grèce. La France se situe dans la moyenne à 61 %. Ce qui est plutôt encourageant pour l’avenir de l’UE, c’est que des scores élevés sont enregistrés dans des pays contributeurs nets : 73 % en Allemagne, 71 % au Danemark, 69 % en Suède.

Pour les Européens, les premiers résultats de la construction européenne sont la libre circulation dans l’UE et le maintien de la paix en Europe. Par contre, pour les enjeux économiques et sociaux du moment, les résultats sont, sans surprise, nettement plus mitigés. Il en va de même logiquement pour le futur de l’UE : 49 % des Européens sont optimistes pour 46 % de pessimistes. La situation varie toutefois selon les pays : 72 % des Danois et 55 % des Allemands sont optimistes ; par contre en Italie, en Espagne, mais aussi en France, les pessimistes sont majoritaires… Cela donne une idée de l’ampleur du défi pour proposer une vision de l’Europe répondant aux attentes des Français.

Mais le pessimisme s’explique aussi par les politiques nationales, avec de terribles écarts de perception selon les pays. Quand on interroge les Européens sur la situation économique dans leur pays, 80 % des Suédois, 77 % des Allemands et 63 % des Autrichiens la considèrent bonne. La France fait par contre partie des 10 pays dans lesquels moins de 10 % des habitants la trouve bonne !!! La France se trouve ainsi au même niveau qu’en Roumanie, en Irlande, en Italie, au Portugal, en Espagne ou encore en Grèce… Quel drame ! Arrivés à une telle situation, il est effectivement urgent Monsieur le Président que la reprise frappe à la porte !

Autre résultat frappant : quand on demande aux Européens de citer les deux préoccupations les plus importantes au niveau national, 19 % des Français citent l’insécurité (12 % en moyenne en Europe). Cela nous place au 2e rang européen en matière d’insécurité, derrière la Slovénie et ex aequo avec la Roumanie ! Dans ce contexte, c’est peu de dire que les querelles estivales médiatisées entre Madame Taubira et Monsieur Valls nous énervent un peu…

 

Parole, parole, parole

Le Progrès a publié dernièrement les statistiques sur les cambriolages dans l’agglomération lyonnaise. Ces derniers ont été en forte hausse en 2012 (+ 15 %) et la tendance s’est poursuivie en janvier. Ces chiffres montrent par ailleurs que le 3e arrondissement est en tête du “palmarès” de la Ville de Lyon pour le nombre de faits commis (près d’un cambriolage sur quatre à Lyon se produit dans notre arrondissement) et pour la progression en 2012 (+ 36 % soit près de trois fois plus que la progression moyenne de la ville), au même niveau que le 8e.

Ce n’est pas vraiment une surprise, les habitants du 3e m’en parlent régulièrement.

Cette situation locale nous montre toutes les limites de l’action du Ministre Manuel Valls ; les “coups de menton” médiatisés ne suffisent visiblement pas.

Cela m’amène aussi à poser la question des initiatives de notre Mairie d’arrondissement en matière de sécurité. Certes, il revient d’abord à l’Etat d’assurer la sécurité. Mais nous savons aussi le rôle que peuvent jouer les municipalités, en termes de prévention, de veille de proximité par la connaissance du terrain et de contribution à la lutte contre les délinquants avec la police municipale.

Face à de tels chiffres, force est de constater que sur ce point là également, le bilan du Maire est décevant. Il l’est d’autant plus qu’il avait fait de la sécurité une priorité de sa campagne. Rappelez-vous, Thierry Philip avait fait le choix en 2008 de garder personnellement, comme annoncé pendant la campagne, la délégation de la sécurité. L’objectif affirmé étant qu’en tant que chef d’orchestre, il puisse bien conduire les choses sur l’arrondissement en matière de sécurité. Visiblement, la partition n’est pas respectée…

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