Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

Étiquette : Martine Aubry

Cocktail non pertinent

Ca y est, fin de la première étape du grand raout des primaires socialistes. 4  % des Français inscrits sur les listes électorales ont souhaité y participer (il faut quand même parler de la réalité des chiffres). On espère que les 96 % des Français non concernés, qui sont aussi des citoyens ( !), pourront accéder dans les médias à d’autres informations que la couverture de cette consultation.

Que nous apprennent les résultats ? Que la portion de l’électorat qui se reconnait dans les valeurs de gauche se répartit de la façon suivante :

  • 39 % pour la tendance « sociale-démocrate normale (?) des terroirs » façon François Hollande
  • 31 % pour la tendance « vieilles recettes assumées de 1981 et 1997 » façon Martine Aubry
  • 17 % pour le “socialisme alternatif protectionniste” façon Arnaud Montebourg
  • 7 % pour la tendance « avant-garde du Poitou » façon Ségolène Royal
  • 6 % pour la tendance « pieds sur terre » façon Manuel Valls
  • 1 % pour la tendance « témoignage hors PS » façon Baylet (cela va être difficile de négocier des places pour le PRG).

Bref, la conclusion de ce premier tour, c’est celle d’un éclatement de l’électorat aux valeurs de gauche. Et une force conséquente à gauche du PS.

Même si les postulants ne vont pas manquer de nous dire dans les jours qui viennent que maintenant c’est la synthèse dans l’unité, et que le 2e tour va créer une dynamique d’union, le constat est là : la gauche socialiste est plus que jamais écartelée entre des orientations politiques divergentes, voire incompatibles. Il ne faudra pas se demander dans les jours qui viennent qui est copain avec qui, mais quelles sont les lignes de force du projet du futur candidat PS à la présidentielle.

Quoi qu’il en soit, on voit mal comment ce cocktail de courants pourrait être bon pour la France.

Et encore, dans la perspective présidentielle, après le 2e tour des primaires partisanes, il va encore falloir au PS assimiler une liste complémentaire d’ingrédients : Verts, Front de gauche, extrême-gauche ( ?). Le cocktail va devenir franchement indigeste.

Gérard Collomb nous a invité cette semaine à avoir une autre lecture des résultats. Il a ainsi dit que le seul projet pertinent pour la France, c’est celui de François Hollande. La réalité est là : 60 % des Français aux valeurs de gauche ont fait le choix de projets non pertinents ! Le cocktail est donc aussi impertinent !!

C’est reparti !

Lyon depuis le Parc Chambovet
Lyon depuis le Parc Chambovet

Ca y est, l’activité politique locale a bien repris ; matinée de travail au Conseil régional. J’ai aussi lu sur le blog du Maire PS du 3e que « c’est reparti comme en 40 » : agressivité maximale contre le Président de la République et vision toute relative des promesses !

Matinée de travail donc au Conseil régional avec un groupe de travail chargé d’examiner les projets des universités et grandes écoles présentés à la Région pour financement dans le cadre des contrats avec ces établissements : près de 400 projets soumis et quelques questions auxquelles la pseudo stratégie régionale de l’enseignement supérieur et de la recherche apporte peu de réponses. Tu m’étonnes

Reprise du « débat politique » aussi avec les propos de Thierry Philip hier, sur son blog. Force est de constater que les vacances n’ont pas adouci les mœurs. Son seul commentaire sur l’actualité libyenne est d’attaquer le Président Sarkozy. Rien que de très classique de sa part. On notera qu’il n’aura pas eu l’attitude responsable de Martine Aubry qui a reconnu les mérites du Président sur le dossier libyen.

Le Maire du 3e nous annonce aussi une bonne nouvelle locale : le bail accordé par les HCL à la Ville pour le Parc Chambovet (oui Monsieur le Maire Chambovet ne s’écrit pas Champbovet) serait reconduit. C’est bien sûr une très bonne chose tant il est important de préserver cet écrin vert du 3e. Une remarque : on imagine que la négociation a dû être très dure entre Gérard Collomb, Maire de Lyon, et Gérard Collomb, Président des HCL !!!

Thierry Philip se réjouit d’avoir tenu une promesse électorale avec ce renouvellement de bail. Comme toujours avec le Maire du 3e, c’est très relatif. La promesse électorale était « nous achèterons le parc aux HCL ». Et c’est bien cela qu’il faut faire pour assurer définitivement le devenir du Parc et éviter d’éveiller certains appétits.

Habile mais inadéquat

Je me suis plongé dans le programme du PS pour les échéances 2012, et notamment dans ses 30 priorités. Mon impression, c’est que la démarche du PS est habile puisqu’elle est construite sur des propositions parfois « concrètes » qui semblent répondre à un certain nombre de problèmes actuels. Il y a là une réelle habileté de Martine Aubry. Il est d’ailleurs assez drôle de voir comment certains de ses « camarades », y compris lyonnais, qui n’avaient pas de mots assez durs lors de son arrivée à la tête du PS, sont obligés aujourd’hui d’aller à Canossa…

Si la construction est habile, ce programme du PS pour les élections présidentielle et législatives, reposant sur ces 30 priorités, n’en est  pas moins inadéquat.

La première réflexion que l’on peut se faire, c’est l’absence de vision globale de la France à cinq ans, l’absence d’approche stratégique permettant au pays de faire face à ses défis. Nous sommes face à une liste de mesures ponctuelles, sans liant ou cohérence, et dont on voit mal les fondements « théoriques ». Deux exemples : si l’enjeu de la compétitivité du pays et de ses entreprises est bien cité, pour se prémunir de la critique, difficile de voir quelle orientation suivrait les socialistes pour continuer à regagner de la compétitivité. On voit bien par contre avec les promesses « sociales » qu’un supplément de « dépenses publiques » pèserait sur la société, et qu’il faudrait bien que quelqu’un les finance. Autre exemple, celui de l’entrée des jeunes dans la vie active : la mesure phare des 300 000 « emplois d’avenir », emplois jeunes à la sauce 2012, ne traite pas le problème de fond, et va même le renforcer en cantonnant trop de jeunes dans un « statut » parallèle.

Et on voit que cette approche est bien partagée par les élus du PS. Thierry Philip, Maire du 3e, nous en a offert un bel exemple la semaine dernière avec un post aussi populiste que laconique sur la cherté des prix. Peut-on quand on aspire à gouverner la France, s’en tenir à dénoncer la hausse des prix de l’énergie, des matières premières, du forfait  hospitalier, sans en analyser les causes,  pour tenter d’apporter des réponses à la mesure de problèmes qui dépassent largement le niveau national ? Ou bien le PS croît-il encore qu’il suffit d’instaurer le blocage des prix ?

L’habileté trouve cependant parfois ses limites, quand le naturel revient « au galop ». Car parmi ses mesures, on trouve quelques beaux exemples de la tentation du PS à encadrer la société. Il en va ainsi du mécanisme de plafonnement des loyers dont on sait pourtant les effets pervers qu’une telle mesure ne manquerait pas d’avoir. Idem pour la « punition » des jeunes médecins qui seraient tenus de combler les déserts médicaux. Il est d’ailleurs amusant de voir comment les socialistes qui connaissent bien ces sujets ne montrent qu’un soutien tout relatif à ces mesures.

Autre constat préoccupant : ce catalogue de mesures n’explique pas comment se feront les grands équilibres financiers. Comment le déficit budgétaire sera-t-il maîtrisé avec les promesses sociales à financer, que fait-on concrètement pour financer les retraites puisque les socialistes entendent revenir sur la réforme, « remettre l’hôpital au cœur du système » suffira-t-il pour maîtriser les dépenses de santé ?

L’impression de vision parcellaire, de court terme, n’en est que plus forte quand on constate que ce projet dit bien peu de choses sur la place de la France dans le monde. Est-ce parce que le PS vise un effacement international de la France, faire de notre pays un simple élément d’une Europe social-démocrate ?

Le débat va donc être riche dans les mois qui viennent, et pour nous, c’est un vrai défi compte tenu de l’habileté de la démarche et de son approche classiquement démagogique. Il nous faudra, comme en 2006/2007 face aux rêveries ségoléniennes, en appeler au sens de la responsabilité des Français.

Vous avez dit dérapage ?

Pour mon 2e post de rentrée, c’est à un communiqué de Najat Vallaud-Belkacem, adjointe au Maire de Lyon et conseillère générale de Montchat que je vais réagir. Ce communiqué de Mme Belkacem, signé en tant que secrétaire nationale du PS, se veut une réaction au discours de Grenoble du Président de la République, sur la Sécurité.

Ce communiqué, comme d’autres, est choquant. Et je le dis à « froid », un mois après sa parution. Ce n’est donc pas une réaction épidermique.

Son titre tout d’abord : « Si être Français se mérite, être Président des Français se mérite aussi ». D’évidence, il est nécessaire de rappeler à Mme Belkacem que ce mérite, ce sont les Français qui en jugent lors d’une élection présidentielle tout ce qu’il y a de plus démocratique. Pour le reste, nous sommes dans un Etat de droit, et l’action du Chef de l’Etat s’inscrit dans les règles de notre République. Il ne revient pas à des « consciences autoproclamées » d’apprécier la légitimité du Président de la République.

Deuxième élément particulièrement choquant, le commentaire de Mme Vallaud-Belkacem sur la question de la déchéance de nationalité, proposée par le Président, pour des personnes ayant acquis récemment la nationalité et qui commettent des crimes. Je cite Mme Vallaud-Belkacem : « ses propositions sur les citoyens « d’origine étrangère » nous ramènent aujourd’hui, n’ayons pas peur des mots, au régime de Vichy, le seul à être allé aussi loin en retirant la nationalité française à un certain nombre de citoyens de ce pays. »

De tels propos sont bien sûr outranciers, et on ne manque pas de les rapprocher du discours de Martine Aubry de ce week-end « sur la sécurité, la droite c’est le pugilat et la gauche le résultat »…  Mais ces propos sont aussi irresponsables et irrespectueux. Il est en effet irresponsable pour le représentant d’un parti politique qui aspire à l’alternance, de « jouer ainsi avec les références historiques ». Un tel responsable politique affaiblit ainsi la République.

Ils constituent aussi un grave manque de respect pour les personnes ayant subi les déchéances de nationalité du Régime de Vichy. Irrespect car cela revient à un amalgame entre la situation de délinquants « confirmés » et celle de personnes qui ont perdu la nationalité française sous le régime de Vichy, non pas pour des actes délictueux ou criminels, mais pour ce qu’elles étaient ou pour leur engagement patriotique.

En se référant avec abus aux faits historiques, ce sont la mémoire et la force des enseignements de l’histoire qui sont atteintes.

Mais que veulent-ils ?

Alors que Nicolas Sarkozy se démène, dans l’Union et en France, comme il l’avait fait fin 2008, pour trouver des solutions aux tensions financières et monétaires en Europe, c’est la cacophonie du côté du PS. Il est bien difficile de savoir quelle serait la politique d’un Gouvernement de gauche pour répondre aux enjeux économiques et sociaux du moment, au-delà de l’apologie du « Care ».

Nous avons d’abord assisté à l’échange d’amabilités entre Gérard Collomb et Martine Aubry sur le projet économique du PS. Le Maire de Lyon dénonce une vision trop protectionniste et déclare ainsi à propos de ce projet « on ne peut pas raconter n’importe quoi ». Réponse de la bergère au berger : « il n’a rien compris au projet » !

Même cacophonie fondamentale sur l’âge légal du départ en retraite. Aubry et Hamon refusent une solution au problème du financement des retraites consistant à repousser cet âge légal au-delà de 60 ans. On a compris, lors de son interview de jeudi soir, que Dominique Strauss-Kahn n’était pas bloqué sur cette question et qu’il était prêt à tenir compte de l’allongement de la durée de la vie.

Parenthèse : concernant DSK, on peut aussi se demander ce qu’il veut. Il s’investit dans une interview sur France 2 largement médiatisée, visant clairement l’opinion française, pour nous dire « laissez moi travailler au FMI »…

Divergences majeures donc. Et encore, nous n’en sommes qu’au débat interne au sein du PS. Qu’en sera-t-il quand ils devront s’entendre avec leurs « alliés » ?

Il y a au moins un axe clair, c’est celui du toujours plus de pression fiscale. Avec les propositions du PS pour financer les retraites, c’est effectivement un choc fiscal qui nous attendrait dans les années à venir si ce projet était mis en œuvre. J’entendais hier Michel Sapin, ancien Ministre PS, s’étonner que la France ait été le seul pays à baisser les impôts ces dernières années. D’abord, je ne suis pas sûr que nous soyons les seuls. Ensuite, il faut surtout avoir à l’esprit que notre pays est un de ceux qui connaît le plus haut niveau de prélèvements.

C’est avec le même réflexe de « fuite en avant fiscale » que Thierry Philip, en tant que Conseiller à la recherche et à l’enseignement supérieur de la Région, a exposé jeudi dernier en commission les orientations de la majorité régionale pour le mandat 2010-2014. Il a ouvert son exposé par une (nouvelle) dénonciation de la réforme de la taxe professionnelle, pour déplorer que les nouvelles recettes fiscales ne soient pas suffisamment « dynamiques » pour dégager des ressources nouvelles. Par dynamiques, il faut je pense comprendre qu’il ne sera plus possible d’accroître les taux d’imposition. Mais c’est oublier que l’assiette d’imposition reposant sur la valeur ajoutée des entreprises devrait elle-même croître. Mais surtout, cela dénote que la question de l’optimisation des dépenses n’est pas envisagée. Toujours la logique « fiscaliser + pour dépenser + ».

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