Pierre Bérat

Engagé pour une droite ouverte, européenne, qui ne se désintéresse pas des Métropoles. Elu régional et municipal de Lyon jusqu'en 2020/2021.

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Des évidences pas si évidentes…

Universite

Lors de la dernière session du Conseil régional, j’étais chargé de défendre la position de notre groupe de l’Union de la Droite et du Centre sur le projet de Stratégie régionale de la recherche, de l’enseignement supérieur et de l’innovation. C’est une question importante tant la formation de la jeunesse et la recherche doivent être des atouts pour faire face aux défis sociaux et économiques de Rhône-Alpes.

Notre groupe politique est favorable à ce que la Région intervienne en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Même s’il s’agit d’une compétence optionnelle, cette intervention est opportune compte tenu des enjeux que j’ai évoqués. Nous sommes aussi favorables à l’adoption d’une stratégie par le Conseil régional, car il faut des objectifs clairs et des choix assumés pour que les 130 millions d’euros engagés chaque année sur cette politique soient bien utilisés.

Ceci dit, nous avons considéré que le texte proposé par la « Majorité » était largement perfectible, et qu’il fallait le rendre plus clair, plus ambitieux et plus cohérent (voir mon intervention complète ci-dessous). Nous avons donc proposé des amendements que j’ai défendus. Pour faire court, il s’agissait principalement :

  • d’affirmer dans la stratégie que si la Région s’engage, ce doit d’abord être pour viser le meilleur du Savoir et de la Connaissance, au profit des Rhônalpins, avant de viser d’autres objectifs ;
  • de proposer une approche territoriale de l’enseignement supérieur qui donne leur chance à tous les territoires de la région, et non seulement à certaines villes, à partir du moment où des initiatives peuvent répondre à des besoins économiques et sociaux locaux ;
  • d’amener la Majorité régionale à ne pas se perdre dans sa « traditionnelle » opposition à l’Etat, mais plutôt de faire en sorte de saisir toutes les opportunités de la politique gouvernementale, notamment celle des Investissements d’avenir (Grand emprunt) qui peuvent apporter beaucoup à Rhône-Alpes.

Lors du débat, Thierry PHILIP, conseiller à la recherche et à l’enseignement supérieur, a accepté une partie de ces amendements, semblant prétendre qu’ils ne faisaient qu’affirmer des évidences… (pour les lecteurs qui seraient étonnés de trouver des prolongements à la Région de nos joutes politiques du 3e, je précise que cela est dû au hasard des centres d’intérêt communs !). Mais en réalité, les évidences n’étaient pas si évidentes que cela, puisque si le PS a accepté certains amendements, Europe Ecologie Les Verts les a refusés. Deux exemples :

  • J’ai proposé que la politique régionale en faveur de l’enseignement supérieur vise d’abord à « Aider les établissements à mener leurs projets d’excellence et à développer leurs spécificités », mais cet objectif a été jugé non admissible par les Verts (sans doute trop élitiste) !
  • J’ai aussi proposé que la Région soutienne si nécessaire les projets retenus dans le cadre des Investissements d’avenir répondant aux orientations de la stratégie. Là encore cela n’a pas été jugé admissible par les Verts, qui excluent ainsi un soutien de la Région à ces projets.

Qu’est-ce que cela montre ? Que la stratégie proposée par l’exécutif régional est factice, et que le texte masque en fait des désaccords de fond entre les composantes de la majorité sur ces domaines stratégiques que constituent la Recherche et l’Enseignement supérieur. Quand on creuse, au-delà du verbiage, ça coince ! La fin du débat l’a confirmé avec le refus d’Europe Ecologie Les Verts de voter cette stratégie : par ce geste de défiance, cette composante importante de la Majorité a montré que cette « Majorité » elle-même est factice.

Face à ces constats, notre groupe politique a estimé qu’il n’était pas possible de cautionner l’engagement de la Région sur un document qui ne constituait en fait pas une feuille de route claire. Nous avons donc voté contre le texte, Françoise GROSSETETE précisant que cela ne nous empêcherait pas de soutenir et de « sauver » le cas échéant tous les projets de recherche et d’enseignement qui seraient menacés par la guerre des gauches.

Sur le reste de la session, je vous invite à lire la presse : les divergences et les affrontements entre PS et Verts se sont étalés au grand jour sur d’autres sujets comme le développement économique, la formation, le dialogue social… le tout vendredi dans une atmosphère de conflit social avec la manifestation des personnels du Conseil régional. Triste situation pour notre région. Vendredi dernier, le Conseil était plus que jamais un bateau ivre…

100_0151“Intervention de Pierre BERAT, groupe UDC-APP, lors du vote de la Stratégie régionale de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, par le Conseil régional Rhône-Alpes le 24 février 2011 

 Fidèles à nos positions depuis que la Région est une collectivité territoriale, nous sommes favorables à son engagement, au cours de ce mandat, en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Nous le sommes parce que nous pensons que la connaissance et l’innovation sont nos premiers atouts pour faire face à nos défis et pour assurer le développement économique et social de cette région. Nous le voulons, avec une véritable ambition, comme ont su l’initier et le réaliser, au sein de notre Assemblée, Xavier HAMELIN ou Alain MERIEUX.

Nous sommes également favorables à ce que cette intervention se fasse dans le cadre d’une stratégie régionale. Nous souscrivons à l’évolution affichée, le schéma laissant place à une stratégie : il faut effectivement des objectifs clairs, pour le moyen et le long terme, et des choix assumés sur les priorités.

Ceci étant dit, nous pensons que la stratégie régionale que vous soumettez à notre approbation n’est en l’état pas satisfaisante. Nous voulons, par nos amendements, donner une plus forte ambition et une meilleure cohérence à ce texte qui va constituer un cadre de référence.

Ces évolutions que nous préconisons, se basent non pas sur vos commentaires médiatisés, mais bien sur le texte, puisque c’est cela qui compte. Et nous encourageons l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’économie à faire de même. Le service avant-vente et les déclarations politiques se perdent, mais les écrits restent, et ce sont eux qui vont déterminer l’engagement de millions d’euros d’ici 2014.

1)    Affirmer un objectif fondamental : viser le meilleur de la connaissance

 L’engagement de la Région sur une compétence optionnelle, qui mobilise chaque année près de 30 millions d’euros, pour la contractualisation avec les établissements, ne peut se justifier que s’il vise en priorité, les objectifs premiers de l’enseignement supérieur et de la recherche : la production de connaissances et de savoirs, et ce au profit de la région et de ses habitants.

Force est de constater que cette dimension est un peu oubliée. Il est quand même frappant de constater que votre 2e objectif, c’est d’impulser un débat citoyen sur les concepts d’innovation et d’excellence !

 Quelle est votre vision ? On débat ici en Rhône-Alpes du concept d’innovation et d’excellence, pendant que cette innovation et cette excellence se concrétisent sur le plateau de Saclay, à Munich ou en Californie. Quelle est la perspective ? Un futur pôle de compétitivité rhônalpin en « glose scientifique », pendant que les opportunités d’emplois pour les chercheurs et ingénieurs en R&D se trouveront en Ile-de-France, en Allemagne ou en Corée.

Il est aussi frappant de constater que le premier objectif que vous vous donnez en matière d’enseignement supérieur, pour favoriser la réussite des étudiants, « ce sont des actions ambitieuses et structurées de réorientation ».

 Que sont d’abord en droit d’attendre les Rhônalpins d’une politique régionale d’enseignement supérieur ? C’est de contribuer à offrir à nos jeunes, des voies du savoir à succès. Il faut assurer les conditions pour que tout jeune Rhônalpin puisse accéder, en Rhône-Alpes, demain comme aujourd’hui, au meilleur du Savoir, comme c’est le cas à Cambridge, Berkeley ou Kyoto, et comme ce sera le cas demain à Pékin ou Bangalore.

Rhône-Alpes peut-elle se passer d’une mobilisation générale sur le meilleur de la connaissance ? Nous ne le croyons pas, et visiblement nous ne sommes pas les seuls.

 Que nous dit le rapport d’évaluation des stratégies régionales d’innovation, réalisé pour la Commission européenne en juillet dernier : « les partenaires – rhônalpins – appréhendent depuis plusieurs années un risque de décrochage par rapport aux régions européennes les plus performantes. Dans ce contexte, les principaux enjeux de la région en termes d’innovation consistent tout d’abord à assurer la croissance de son économie en s’appuyant sur des domaines d’excellence. » ?

Que lit-on dans l’avis du CESER : « Le décrochage pourrait être très rapide sans une mise à niveau d’un certain nombre de fondamentaux tels que les compétences et savoir-faire » ?

Que lit-on enfin dans l’Initiative phare Europe 2020 : une Union de l’innovation ; « L’excellence doit plus que jamais être le mot d’ordre » ?

 Vous semblez craindre ce terme « Excellence ». Mais excellence, cela ne veut pas dire nécessairement élitisme, ce peut être viser le meilleur du Savoir pour tous. L’action volontariste que nous menons, en matière de mobilité internationale des étudiants, relève d’ailleurs de cette logique, dans la mesure où elle répond notamment aux besoins d’amélioration du niveau de pratique des langues étrangères.

 L’exposé du Président du PRES de Grenoble, lors de notre dernière commission n°3 a bien montré comment un projet scientifique et de vie étudiante pouvait donner toute sa place au meilleur de la connaissance, en se projetant sur les 15 ans à venir.

Je souscris aussi à l’avis du CESER qui suggère que la stratégie vienne renforcer l’excellence en veillant à ce qu’elle ait un rôle d’entrainement sur son environnement.

C’est très différent de votre approche qui vise à faire de l’intervention régionale en matière d’enseignement supérieur et de recherche, un supplétif des politiques d’aménagement du territoire, de la jeunesse ou de la coopération internationale. Tout cela nous conforte dans les craintes que nous pouvions avoir en début de mandature du fait de l’absence d’un Vice-Président de plein exercice à la recherche.

Nous vous proposons donc avec nos amendements, j’allais dire très logiquement, d’affirmer que le premier des objectifs de la stratégie régionale, c’est de contribuer à renforcer les performances de l’Enseignement supérieur et de recherche au profit des Rhônalpins.

2)    Une stratégie… plus stratégique

Vous avez accompli une évolution de dénomination, passant de schéma à stratégie. Mais le document que vous nous soumettez est-il réellement une stratégie ?

Le propre d’une stratégie, c’est de faire des choix. C’est ce que dit l’Initiative phare Europe 2020 : une Union de l’innovation ; « Le FEDER doit se fonder sur des stratégies de spécialisation régionale intelligente ».

En quoi la stratégie que vous nous proposez affirme-t-elle des choix ? Quels sont les principaux domaines de recherche, les technologies, les plus prometteurs, sur lesquels nous devons miser ?

Vous nous dites que la stratégie donnera à la Région les moyens d’affirmer des choix, en privilégiant des axes et des secteurs d’activités : cette stratégie ne devrait-elle pas elle-même tracer des perspectives ? Peut-on en la matière s’en remettre aux orientations données par l’Europe ? Peut-on raisonnablement penser que ces choix pourront s’opérer dans le cadre de la Conférence régionale que vous allez mettre en place ?

Le propre d’une stratégie c’est aussi de préparer l’avenir, le long terme. Le CESER le rappelle fort justement dans son avis : « Une réflexion stratégique nécessite de se placer dans un horizon temporel long, qui dépasse très largement les 5 ans, pour identifier les futurs possibles ».

Vous avez dit en Commission Monsieur PHILIP que la stratégie régionale, par définition, devait se donner comme horizon temporel 2015. Oui pour ce qui est de la programmation des moyens, mais les résultats à atteindre peuvent bien être prévus pour un horizon 2020. Cela demande du courage politique, une certaine abnégation. Mais il ne saurait y avoir de bonne stratégie calée uniquement sur des objectifs de moyen terme, fortement liés aux échéances électorales territoriales.

3) Ne pas se perdre dans une opposition stérile à l’action du Gouvernement

Les motifs de votre projet de stratégie régionale témoignent d’une posture anti-gouvernementale. Ce n’est bien sûr pas une surprise puisque nous avons pris l’habitude d’un tel discours.

Nous le regrettons parce que la posture « les régions contre l’Etat » est dommageable pour notre pays. Nous le dénonçons particulièrement en matière d’enseignement supérieur et de recherche car cette posture risque de nous faire perdre des opportunités.

En gros votre approche c’est « trouvons toutes les initiatives pour nous distinguer du soutien de l’Etat, même si cela doit nous amener à négliger l’excellence ». Notre approche est différente : nous pensons qu’il faut une mobilisation générale pour que Rhône-Alpes soit dans le top 10 des régions européennes.

Ainsi, la question, ce n’est pas que la région soit un co-financeur passif, comme vous le dénoncez concernant les relations avec l’Etat. La question c’est de savoir si nous sommes prêts à une fédération stratégique des financements.

A quoi cela sert-il de dénoncer les initiatives de l’Etat comme l’Opération Campus ou le Grand Emprunt ? Les 975 millions d’euros consacrés par l’Etat au plan Campus ne sont-ils pas une bonne chose pour Rhône-Alpes, pour améliorer les conditions d’études sur nos campus ?

Et pourquoi refuser de tirer parti des opportunités liées aux Investissements d’avenir ? Voilà une initiative majeure du Gouvernement, qui mobilise 23 milliards d’euros du Grand emprunt pour la recherche et l’enseignement supérieur.  Voilà une initiative qui va faire émerger des projets, et retenir les meilleurs sur la base des conclusions de jurys internationaux. C’est une formidable opportunité pour identifier des projets prioritaires et dégager des financements. Votre approche politicienne risque de nous en priver.

Vous souhaitez avec raison promouvoir les sciences humaines et sociales. Il y a un champ d’investigation qui pourrait être traité par nos écoles de sciences politiques. C’est celui de la schizophrénie institutionnelle qui frappe notre collectivité. On ne peut pas en même temps, dénoncer les initiatives politiques gouvernementales, comme vous le faites avec les Investissements d’avenir, et venir vous féliciter et vous attribuer les dynamiques impulsées et soutenues par ces initiatives de l’Etat, cf. le communiqué de presse enthousiaste que vous avez publié au lendemain de la sélection des équipements d’excellence.

Il faut une certaine cohérence de l’approche.

En matière de cohérence également, je ne résiste pas non plus à citer vos propos concernant la « métropolisation », que vous présentez comme « revendiquée par l’Etat » et dont il faudrait freiner les effets néfastes. Mais dite moi, le premier promoteur de cette métropolisation ne serait-il pas Monsieur Gérard COLLOMB dont vous être Monsieur PHILIP le Vice-Président au Grand Lyon ?

Vous dénoncez les effets inégalitaires de la métropolisation et vous en appelez à une Région régulatrice, ce à quoi je souscris. Mais dans ce cas, pourquoi avoir fait approuver la convention de fonctions d’agglomération avec le Grand Lyon, avant même d’avoir faire voter les stratégies de développement économique et de recherche. Est-ce la meilleure façon de défendre le fait régional ?

Nous vous proposons, avec nos amendements, une approche dépassionnée de la question, qui donne toutes ses chances à Rhône-Alpes de saisir les opportunités qui se présentent à elle. 

4) Une gouvernance régionale rapprochée

 Un mot enfin sur la gouvernance de cette politique régionale.

C’est un point important. L’évaluation du schéma 2005-2010 a pointé que cette gouvernance a jusqu’à maintenant manqué de transparence, reposant trop sur des relations bilatérales au « sommet » entre l’exécutif régional et les établissements d’enseignement supérieur et de recherche.

Vous proposez une Conférence régionale réunissant l’ensemble des acteurs. Cette approche participative est sans doute utile. Mais compte tenu des missions importantes que vous entendez confier à cette conférence, en matière de propositions d’orientation de cette politique régionale, il nous semble que la présence des élus régionaux, de l’ensemble des groupes, doit être plus forte, et qu’elle ne peut se limiter à un rapport annuel de la Conférence devant la commission n°3.

Nous regrettons par ailleurs certaines rigidités instituées par la stratégie en matière de dispositifs d’intervention.

Nous vous proposerons donc des amendements permettant une gouvernance régionale rapprochée, redonnant plus de marges de manœuvre à notre assemblée.

 Vous aurez compris notre position :

  • Oui à une intervention de la Région en matière d’enseignement supérieur et de la recherche, pour que notre région prenne en main son avenir,
  • Oui à la définition d’une stratégie régionale, mais une stratégie :

–          Qui se fixe clairement pour premier objectif le meilleur de la connaissance, au profit des Rhônalpins,

–          Et qui ne se prive pas, pour des raisons politiciennes, des opportunités suscitées par la politique gouvernementale.

  • Oui à la définition d’une stratégie, véritable cadre de référence pour la politique régionale, mais avec une gouvernance rapprochée, donnant toute leur place aux élus régionaux, garant de l’intérêt régional.

C’est le sens de nos amendements.”

2,4 milliards pour quoi faire ?

CS_Lacassagne

Importante session du Conseil régional cette semaine, avec l’adoption du budget 2011. D’un montant de 2,419 milliards d’euros, il est en recul de 1,2 %. Dans le cadre de cette discussion budgétaire, j’ai défendu, au nom de mon groupe politique,  des amendements sur les lycées publics et les lycées privés.

Cette session du Conseil régional a de nouveau été marquée par de fortes dissensions entre le PS et les Verts, y compris sur le budget ; un étonnant déballage en séance publique. Mais finalement, après sans doute une nuit de réflexion (!), les Verts ont voté le budget. Tout ça pour ça, serait-on tenté de dire. S’agit-il d’un jeu de rôles ? Pas seulement. Même si la coalition rouge-rose-verte a voté son budget, on voit bien que les divergences sont réelles. Nous l’avons encore constaté sur le soutien à la recherche en nanotechnologies ou aux JO 2018 Annecy Haute Savoie. Ces divergences expliquent l’absence de stratégie claire pour la Région et la lourdeur de son fonctionnement.

Notre groupe politique de l’Union de la Droite et du Centre n’a pas voté ce budget. Non pas du fait de sa baisse. Mais parce que l’absence de réelles priorités, qui se traduit par le saupoudrage des actions, fait que ce budget n’est pas adapté à une période de sortie de crise. Nous aurions souhaité d’autres choix en matière de dépenses. Le recul du budget n’est pas homogène. Certaines lignes budgétaires sont en hausse, alors que d’autres reculent de près de 10 %. Cela pose d’ailleurs question quand c’est le cas pour certaines lignes de la recherche ou de l’enseignement supérieur, domaines que je suis particulièrement. Nous aurions pour notre part souhaité des économies importantes en matière d’actions de communication ou de démocratie participative. De même nous plaidons plus que jamais pour un allégement du maquis des procédures contractuelles de la Région. Nos amendements en ce sens ont été écartés.

En termes de priorités, nous souhaitions par contre un maintien de l’effort en termes de construction/rénovation des lycées publics, l’exécutif proposant un recul de 17 % du budget. Il explique cette baisse par la nécessité de se donner le temps en 2011 d’établir un nouveau programme d’investissement, une illustration de la lourdeur de la machine régionale. J’étais chargé par mon groupe de défendre un amendement limitant la réduction des crédits. Les Verts souhaitaient aussi le maintien d’un effort plus conséquent. Dans ce contexte, la Vice-Présidente a proposé une rallonge que nous avons acceptée de soutenir, dans une attitude constructive, même si elle s’avère limitée.

J’ai aussi porté un amendement visant à maintenir l’aide régionale à l’investissement des lycées privés sous contrat. Les crédits pour 2011 sont en effet en baisse de 10 %, et le montant des autorisations de programme est divisé par trois pour les prochaines années. En clair, il y a menace d’une extinction de cette politique d’aide aux lycées privés que nous ne voulons pas cautionner, étant attachés à l’équité entre enseignement public et enseignement privé (pour des précisions, voir le texte de mon intervention ci-dessous). Cet amendement a été repoussé par la gauche…

Intervention de Pierre Bérat en session budgétaire du Conseil régional du 16 décembre 2010

« Monsieur le Président,

Mon amendement porte sur la ligne « Aide à l’investissement des lycées privés sous contrat ». Comme pour notre amendement relatif aux constructions de lycées publics, notre souci est d’assurer le développement du parc de lycées rhônalpins, de veiller à la qualité de l’accueil des lycéens et aux conditions d’exercice de l’activité des enseignants et des autres personnels. Notre approche est globale et respecte le pluralisme de l’enseignement.

La réduction de 73 % des autorisations de programme pour les aides à l’investissement privé nous préoccupe fortement. Plus que de réduction, sans doute faut-il parler d’extinction de cette ligne budgétaire, ce qui équivaudrait à l’abandon d’une politique.

Nous savons que des discussions sont en cours avec les représentants de l’enseignement privé. Nous avons cru comprendre, non pas grâce à votre rapport qui est plus que laconique, mais par les contacts que nous avons dans les lycées, que cette extinction de l’aide à l’investissement pourrait être une « compensation » à une hausse des subventions de fonctionnement versées par la Région.

Les choses sont sans doute un peu anticipées puisqu’il semble que les établissements d’enseignement privé n’aient pas reçu jusqu’à maintenant les dossiers pour déposer des demandes de financement. Il ne faudra donc pas en conclure en 2011 qu’il n’y a pas de projets en attente de financement !

Sur ce sujet, nous posons une question de principe. Est-il normal de placer dans la négociation, un élément, le niveau des subventions de fonctionnement, qui est déterminé légalement ? Il s’agit plus de se mettre en conformité avec les textes. Difficile, dans ces conditions, de demander une « compensation » aux lycées privés, sous forme d’arrêt ou de suspension des aides à l’investissement.

Nous faisons par ailleurs le constat que les besoins d’investissement dans l’enseignement privé sous contrat restent importants. Des demandes sont restées lettre morte. Un arrêt ou une suspension de l’aide à l’investissement tomberait particulièrement mal, alors que les exigences qui pèsent sur les établissements en termes de mise aux normes, d’accessibilité, d’efficacité énergétique sont particulièrement fortes.

Pour notre part, nous sommes toujours pour une équité réelle entre enseignement public et enseignement privé sous contrat. Et nous considérons que cette équité réelle passe aussi par le soutien à l’investissement.

Nous voulons donc poursuivre l’effort régional en 2011 en rétablissant le niveau des crédits de paiement à 15 millions d’euros, comme en 2010. Et face au « flou budgétaire » de votre rapport, nous proposons aussi de rétablir le niveau des autorisations de programme à leur niveau de 2010. Nous ne voulons pas, en approuvant la ligne budgétaire que vous proposez, cautionner l’abandon d’une politique importante. »

Crash test ?

Grenoble a été plusieurs fois dans son histoire un laboratoire politique. Mais la semaine dernière, la ville a plutôt été le cadre d’un crash test pour la coalition rose-rouge-verte du Conseil régional.

L’annonce de la destruction d’un lycée de la ville, à défaut de sa réhabilitation, a mis le feu aux poudres entre PS et Verts locaux. Il est vrai que l’on a parfois tendance à oublier, vu de Lyon, que les Verts sont dans l’opposition à la Municipalité PS de Grenoble. Mais cette affaire locale a rapidement pris une tournure régionale. Le Président du groupe PS à la Région s’en est pris « vertement », si j’ose dire, aux Verts, dénonçant leurs exigences et oppositions qui « écornent sérieusement la cohérence de notre majorité ». Bel aveu ! (rétrospective ).

Il est vrai que ces dernières semaines ont largement illustré la difficulté de cette majorité à s’entendre. Traductions concrètes, certaines délibérations de l’exécutif ont été retoquées par l’Assemblée régionale. Et le constat est le même dans les groupes de travail, avec d’un côté des Verts arc-boutés sur des positions de principe et des élus PS qui voudraient continuer à gérer les affaires comme avant… et des élus Front de gauche et PRG qui essayent de faire entendre leur petite musique. On voit bien aussi que l’extrême lenteur qui marque le début de cette mandature trouve une bonne part de son explication dans ces oppositions et rivalités, et les incontournables négociations qui en découlent.

Tout cela ne porte toutefois pas à sourire. Il apparaît que les Rhônalpins ont largement été trompés par une offre de coalition de circonstance. Pendant que cette « majorité » joue à se faire peur, le temps passe… alors que les enjeux du moment (en matière d’emploi, de sortie de crise, de grands événements, d’infrastructures…) exigent plutôt une politique régionale pointue, réactive et déterminée.

On peut avoir aussi une autre crainte, celle de voir la dépense régionale poursuivre dans la « non maîtrise » pour « arroser » à la fois ici et là, et contenter ainsi les différents soutiens politiques. C’est souvent une solution pour faire taire les oppositions les plus virulentes. Mais on est bien loin de la nécessaire recherche d’économies, pas plus que cela ne fait une politique régionale !

Grand principe et liste de courses

Avec mes collègues Joelle Sangouard et Nicole Vannier

Avec mes collègues Joelle Sangouard et Nicole Vannier

Session d’été la semaine dernière au Conseil régional : même si l’ordre du jour était moyennement fourni, les délibérations débattues par l’Assemblée régionale commencent à dessiner cette mandature qui débute.

Figurait notamment à l’ordre du jour, la décision budgétaire modificative, c’est-à-dire la délibération qui adapte le budget 2010, en fonction du résultat de l’année précédente et de l’ajustement du niveau des recettes : 32,5 millions d’euros de ressources « supplémentaires » ont ainsi trouvé une affectation avec cette délibération.

Plus de 40 % des nouveaux crédits de paiement votés par la coalition rose-rouge-verte vont être consacrés aux moyens généraux, dont une bonne part pour la réalisation du nouveau siège du Conseil régional. Sans revenir sur ce dossier du nouveau siège, on constate que cette décision modificative est impactée par le dérapage du coût de l’opération.

Le vote de cette délibération a de nouveau permis de mesurer la faiblesse de la politique régionale, du fait des incohérences de la coalition rose-rouge-verte. Les élus Europe Ecologie Verts ont en effet fait « leurs courses » dans les crédits supplémentaires, en demandant un vote par chapitre en matière de recherche, refusant de soutenir certaines attributions, dès lors qu’il était question de nanotechnologies ou de CEA… Rien que de très normal dans le cadre de délibérations ? En droit oui bien sûr, mais cela pose très clairement le problème de la stratégie régionale de cette “majorité” en matière de recherche, si certains des « pieds » de cette stratégie sont systématiquement « sciés ». Il va ainsi devenir difficile de parler de stratégie en la matière.

Même constat et confirmation sur le soutien au projet JO 2018 Annecy Haute Savoie. L’Assemblée régionale avait à se prononcer sur la constitution du Groupement d’Intérêt Public « Annecy 2018 », qui va dorénavant porter la candidature, et sur l’adhésion de la Région à cet organisme. Une fois de plus, les élus Verts ont affirmé leur opposition au projet. Le PS a bien essayé de mettre la « pression » en demandant un vote nominatif, mais force est de constater que cet « appel à responsabilité individuelle » n’a eu qu’un effet très marginal. Ce faisant, les Verts ont fait preuve d’un double « défaitisme » : affirmer qu’ils ne croient pas aux chances du dossier et refuser de croire que ce projet puisse être exemplaire en matière de développement durable.

Nous avons également délibéré sur un contrat d’objectifs et de moyens avec quatre chaînes de télévision locales de la région : TLM, TéléGrenoble, Télévision Loire 7 et TV8 Mont-Blanc. La Région veut développer un partenariat avec ces chaînes, pour renforcer l’information de proximité et la diffusion de programmes d’intérêt général. Dans le cadre de ce partenariat, elle accorde 480 000 euros de subventions à ces télévisions. Ce financement régional a posé question à notre groupe d’élus UDC (Union de la Droite et du Centre) : si nous sommes favorables à un soutien aux télévisions locales qui jouent un vrai rôle pour l’information de proximité, nous craignons que ces subventions permettent à la majorité régionale d’influencer le contenu. C’est la raison pour laquelle nous avons proposé la constitution d’un groupe pluraliste d’élus (avec des représentants de toutes les formations politiques) pour concevoir et suivre ce contrat, pour éviter tous risques d’ingérence de la sphère politique dans ces télévisions. Jean-Jack Queyranne a refusé notre amendement au motif qu’un tel comité pluraliste pourrait constituer une atteinte à la liberté de la presse ! En quelque sorte un appel aux grands principes pour écarter un opportun dispositif prudentiel. La meilleure défense c’est l’attaque…

Le 3e au coeur de la petite histoire !

PA020079Le 3e bien placé dans l’actualité pendant 36 H (35 H ?) ? C’est en effet dans son Palais de la mutualité que se sont déroulées les (âpres) négociations précédant la fusion des listes régionales rose, rouge et verte ! Je suis sûr que certains faisaient le rêve d’un nouveau Front populaire pour le 2e tour des régionales. Las, c’est surtout une ambiance IVe République qui a baigné cet agréable lieu de notre cher 3e arrondissement ! Comme dans les années cinquante, quand les journalistes attendaient de savoir si une combinaison des forces politiques allait enfin permettre de donner un Gouvernement à la France, chacun attendait aujourd’hui de savoir si nous aurions une liste rose-rouge-verte pour le 2e tour des élections.

Comme prévu, il a fallu batailler pour se partager les places sur la liste et les futurs postes de Vice-président. Assez logique, compte tenu du faible score de la liste PS : une 2e position (derrière l’UMP), avec 25 %, pour une liste conduite par le Président sortant du Conseil régional, qui a pourtant bénéficié d’une large médiatisation ! Pas terrible ! On comprend que les alliés aient fait monter les enchères. On attend maintenant de connaître l’addition, qui nous sera présentée avec le programme « patchwork » qui va résulter de la fusion : quels gages symboliques auront été donnés aux Verts et au Front de gauche, quels projets auront été sacrifiés ? Nous le saurons bientôt dans le magnifique document « arc-en-ciel » qui ne va pas manquer d’apparaître. Espérons que les Rhônalpins prendront le temps d’analyser les promesses et les non-dit.

Ce que nous connaissons par contre, c’est la composition de l’exécutif de la Région en cas de victoire de la gauche : 8 vice-présidents socialistes, 6 verts et 1 communiste. Cela promet ! Et les radicaux de gauche au juste ?

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