Une fois passée la polémique du drapeau de l’Arc de triomphe, on ne peut pas dire que la présidence française de l’Union européenne (PFUE) occupe le devant de la scène médiatique. Faut-il s’en étonner alors que quelques sujets arrivent tout juste à surnager dans cette triste (pré)campagne présidentielle ? S’en étonner non mais s’en inquiéter oui… quelle frustration de voir le niveau du débat politique dans notre pays ! On en prend d’autant plus la mesure quand on prend connaissance de l’accord qui a été noué par les partenaires de la nouvelle coalition en Allemagne. Je ne partage pas les orientations politiques de cette coalition mais on ne peut que constater que cet accord a abordé avec précision tous les sujets à enjeux.
Dans ce contexte politique national, Les Echos et l’Institut Montaigne ont publié le 6 janvier un intéressant sondage sur « Les Français et la PFUE » qui donne en fait une photo de la perception de l’Europe par les Français.
1er enseignement marquant à mon avis, si le regard des Français sur l’Union européenne demeure mitigé, la tendance ne semble pas aller vers un approfondissement du divorce : 39 % pensent que l’appartenance à l’UE présente autant d’avantages que d’inconvénients, 27 % qu’elle a plus d’avantages que d’inconvénients et 33 % qu’elle a plus d’inconvénients que d’avantages (mais une part en baisse de 6 points par rapport à 2016). Il semble donc y avoir un espace pour construire quelque chose.
C’est d’autant plus le cas que ce qui devrait constituer la valeur ajoutée de l’Europe semble mieux identifié : ainsi, si 43 % des Français pensent que la France doit produire sur son territoire tout ce dont elle a besoin, presque autant (40 %, + 3) pensent que la France doit s’entendre avec les pays de l’UE pour produire ensemble ce dont ils ont besoin. Une vision qui semble plus en adéquation avec les réalités économiques, financières et technologiques, dans un monde où d’autres puissances sont à l’oeuvre.
De la même façon, on constate que des propositions françaises, qui traduisent bien les priorités de l’UE en termes de valeur ajoutée pour ses Etats membres, sont largement approuvées par les Français : davantage réguler les grandes entreprises du numérique (83 % de favorables), taxer les produits importés dans l’UE dont la production est considérée comme trop polluante (81 %), faire converger les bas salaires (75%).
Il semble donc y avoir une voie pour redonner un élan à l’Europe.
Mais pour ma part il reste une interrogation. Ce sondage montre que ce sont les 35-49 ans qui sont les plus nombreux à exprimer un « rejet » de l’UE. Ils sont 40 % à lui trouver plus d’inconvénients que d’avantages et 63 % à considérer que l’euro a été une mauvaise chose. Pourquoi les Français nés entre 1972 et 1986 sont-ils aussi sévères ou désabusés ? Ce sont les enfants de la crise économique des années 70-80, ceux aussi qui ont assisté jeunes au renforcement de l’intégration européenne, au lancement de l’euro, à l’élargissement de l’UE… cela semble bien le signe d’une attente de réponses plus efficaces à nos défis.
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