La majorité métropolitaine verte-rouge, avec l’appui de celle de la Ville de Lyon, a lancé une modification du Plan local de l’urbanisme et de l’habitat (PLUH). Une enquête publique est en cours sur ce projet, avant son vote dans quelques mois.

Je me suis exprimé dans le cadre de cette enquête sur le point 365 qui vise à diminuer les exigences de réalisation de places de stationnement dans les constructions neuves dans une partie importante de Montchat et de Villette-Maisons neuves.

D’apparence très technique, et surtout très difficile d’accès (pour analyser les choses il faut jongler entre le projet de modification, des cartes et le règlement actuel du PLUH…), ce point 365 est en fait loin d’être mineur car il renvoie à la question d’avoir un véhicule en ville.

Les PLUH définissent en effet des exigences minimales de réalisation de places de stationnement dans les constructions neuves d’habitation ou de bureau avec la logique suivante : quand on est proche d’une ligne forte de transport en commun (métro, tram), les exigences sont moins importantes car il est de ce fait plus facile de trouver une alternative à l’usage de la voiture particulière. C’est notamment le cas dans l’hyper-centre. On comprend bien que quand on réalise un immeuble de bureau proche d’une station de métro, qui sera occupé par beaucoup de personnels, on peut limiter le nombre de stationnements de l’immeuble pour inciter à ce que les déplacements domicile-travail se fassent en métro.

Mais vouloir généraliser cette pratique à tous les quartiers peut devenir problématique. Et c’est, à mon avis, ce qui se produit avec cette modification proposée.

Au motif de la densité de la desserte en bus sur les avenues Félix Faure, Lacassagne et route de Genas, il est ainsi proposé pour l’Est de Villette, le secteur Feuillat et un vaste secteur central du quartier de Montchat (entre approximativement l’avenue des Acacias-cours Dr Long au Nord, l’Est de l’arrondissement, l’avenue Lacassagne au sud et la rue Feuillat à l’Ouest) les évolutions suivantes :

  • Pour les logements neufs : passage de 1 place de stationnement pour 65 m² de surface (avec au moins 1 place par logement) (PLUH en vigueur) à 1 place pour 75 m² (avec une moyenne d’au moins 0,9 place par logement) (PLUH proposé).
  • Pour les immeubles de bureaux : 1 place pour 120 m² de surface (PLUH actuel) à 1 place pour 160 m² (PLUH proposé).

Cette modification amène à se poser les questions suivantes.

Celle de l’alternative « transports en commun » pour les déplacements : dans ces secteurs, peut-on vraiment considérer que la desserte en bus est dense et performante, même à l’horizon de la réalisation du Bus à haut niveau de service sur la route de Genas ? Répond-elle à tous les besoins de déplacement des habitants des quartiers ? Pour ma part je pense que la réponse est non. Si la desserte de la Part-Dieu est bien fournie, ce n’est pas du tout le cas pour les déplacements directs vers la Presqu’île/Confluence ou en Nord-Sud. Par ailleurs cette mesure ne prend pas en compte le fait que des personnes font le choix d’habiter dans l’Est de la Ville (et du 3e) pour être proches du boulevard périphérique et de l’A40/A43 parce qu’ils ont besoin de se déplacer en voiture pour leur activité professionnelle.

Cette mesure ne va-t-elle pas avoir pour effet de simplement compliquer la situation du stationnement sur voirie qui est déjà très tendue dans ces secteurs ? Il y a en effet beaucoup d’immeubles anciens dans ces secteurs qui ne comportent pas de stationnement en sous-sol. Par ailleurs, les constructions neuves se font en général à la place de maisons individuelles ou de petits immeubles, ce qui se traduit par une densification de l’habitat et donc de la population en plus. Si on oblige demain à construire du neuf avec moins de places de stationnement, il y aura encore plus de véhicules stationnés sur la voirie dans ces secteurs au stationnement non payant… or il est déjà très difficile de se garer à Villette Est et à Montchat centre.

Bref, cette modification me semble d’abord être motivée par l’idéologie. C’est un exemple de l’approche anti-voiture, aveugle et excessive, des majorités métropolitaine et municipale. Oui il faut inciter à réduire l’usage de la voiture en ville mais cela doit se faire sans contraindre à ne plus avoir de voiture quand on habite en ville.

Vous pouvez donner votre avis dans le cadre de l’enquête publique jusqu’au 5 avril à 16H via ce lien.